Le Temps parallèle
Le Temps parallèle from Baé on Vimeo.
Ce soir-là, Papi a vraiment tenu à m’expliquer le contenu d’un rapport rédigé il y a plus de 40 ans sur la diffusivité thermique à haute température (de 1000 à 2300°, au dessus c’était un peu trop chaud à l’époque), la méthode impulsionnelle et son application au fer armco et au graphite. Pour la rédaction de mon mémoire, ça pourra me servir m’a-t-il dit. Je l’ai écouté. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris mais en tout cas, le député morbihannais, le maréchal et le ministre étaient tous très fiers de lui !
Il était une fois une jeune fille, qui vivait dans un tout petit donjon tout en haut d’un très grand château, dans un quartier avec beaucoup d’autres très grands châteaux, dans une grande seigneurie de Bretagne.
Un matin, elle du quitter son petit donjon, pour aller prendre une leçon dans la très grande école des Arts, du royaume de Bretagne. Elle se leva et pris son petit-déjeuner qu’elle avait préparé elle-même (la pauvrette vivait seule et devait penser à tout, n’ayant aucun serviteur sous ses ordres).
Et c’est ainsi qu’elle quitta, chantant et sautillant, sa petite habitation, heureuse de pouvoir profiter des surprises et petits bonheurs imprévus que lui offrirai certainement cette magnifique journée d’hiver.
La leçon d’arts se passa admirablement bien. Elle se rendit alors aux écuries, paisible et confiante, pour une une leçon de conduite de carrosse. A cette époque-là, il était déjà très courant que les jeunes filles, tout comme les jeunes hommes, apprennent à conduire ce genre d’attelage. La leçon se passa admirablement médiocrement. Mais la jeune fille savait que le bonheur était constitué de petits plaisirs, et que rien ne pouvait gâcher une journée venant à peine de commencer. La jeune fille repris alors le chemin de son donjon, cherchant ses clés dans sa besace. Ne les trouvant pas, elle les chercha dans le carrosse, sous le carrosse, aux écuries, à l’entrée de l’académie, dans la grand-salle de l’académie, dans les ateliers des peintres de l’académie, dans les escaliers de l’académie, sur le chemin menant à l’académie, sur la route menant jusqu’à sa bourgade, dans les ruelles menant jusqu’à sa maison. Elle songea alors à prendre un anxiolytique pour ne pas s’évanouir avant d’arriver chez elle mais elle n’en avait pas. Elle se dit alors qu’un petit joint serait bien agréable mais elle n’en avait pas non plus. Elle se remémora avec envie l’injection de morphine qu’elle avait reçu quelques années plus tôt, mais là encore, ce n’était pas possible. Il ne lui restait que quelques dizaines de mètres avant d’arriver à sa porte. Son coeur était lourd. Il battait très fort, comme jamais il n’avait battu auparavant, ou peut-être seulement lorsqu’elle voyait son bien-aimé, un week-end sur deux et pendant les vacances scolaires. Elle s’empara alors de tout le courage nécessaire et gravit les 60 marches du donjon, toute tremblotante. Et là enfin, elle aperçu sa porte.
C’est alors qu’elle vit les clés, qui pendaient à la serrure. Elle ouvrit, entra, referma derrière elle, vécu heureuse, et n’eut pas encore d’enfant.
J’aime lire « au-dessus des épaules des gens ». En pratique c’est plus sur le côté. Discrètement, en m’assurant que les barres de mes lunettes sont placées de sorte que la personne ne voit pas mes yeux bouger, et en espérant ne pas être trahie par la personne d’en face par un regard ou un hochement de tête. Des fois, c’est carrément la tête tournée vers le livre ou le journal. Mais dans ce cas, c’est parce que la personne m’a repérée et qu’elle essaye de m’empêcher de lire. J’observe les subterfuges utilisés et c’est assez amusant. Ca m’occupe le temps que le train arrive. Je ne risque rien. Madame n’osera pas me faire une remarque oralement.
Je vous en prie, rendez moi mes oreille(r)s! D’accord je suis partie, certes mon lit est vide, mais reprenez vos copeaux de mousse et remettez la fermeté à sa place! Vous voulez me jeter (hors de (chez) moi) ? La bas je (suis) chau(v)(m)e et ici je do(r)s mal. Ou alors laissez-moi dormir (de)hors, donnez moi une (vraie) raison de ne plus bouger. D’ailleurs regardez sous le lit, vous me verrez peut-être demain…
Être hors de chez soi,
et pourtant se sentir partout chez soi ;
voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde,
tels sont quelques‑uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants,
passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir.
Charles Baudelaire, Le peintre de la Vie moderne
travail de Michael Wesely, trouve sur le site http://kaiak.tw/?p=56019
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