Béatrice
« – Bas enfin Béa, tu viens de sortir du lit ?
– Ton style a posé un Rtt ? »
« J’ai la delicatesse de n’exhaler aucun parfum, pour mieux offrir aux femmes la liberté de choisir le leur. Elle m’a toujours préféré blanc, comme un bouquet de lumière partout où l’on me pose. »
Je m’en doutais.
Il se tenait là.
Il était assis parmis les autres.
Il avait relevés ses cheveux vers l’arrière.
Il était attablé là.
Il était beau.
Le sourire au lèvre à la terrasse du Loup.
On s’est croisé en s’ignorant.
Il a descendu les escaliers.
Il est venu.
Il a vu.
Et j’ai perdu.
Je suis juste de dos, je suis parti et je ne reviendrai plus.
Ce matin j’ai pris du Quart-Quart.
J’en ai coupé deux tranches.
J’ai repensé à Séné.
À cette table ronde au milieu de la salle à manger, sur laquelle il y a pas si longtemps une nappe verte était dressée.
Où certains midis un petit morceau de papier était posé sur la commode de l’entrée, signe qu’il fallait venir me chercher.
On regardait Elise Lucet avant de zapper sur Arte.
Le plateau de fromage en bois tournait et le café coulait dans les mazagrans bleus.
Ce matin j’ai voyagé.
Je me suis retrouvé chez eux le temps du petit-déjeuner.
Le regard perdu au loin, encore endormi dans l’épais brouillard des marais.
Enivré par l’odeur du miel, du thé et des tartines grillés.
J’étais assis là à regarder les ilots de cacao couler dans mon bol de lait.
J’aurai bien voulu rester.
J’aurai préféré de ne pas m’en aller.
Rester encore un peu, attablé avec eux deux.
Ce matin j’ai pris du Quart-Quart et j’ai pensé très fort à Séné.
Nous démarrâmes en direction de la maison.
Nous primes la vague en sortant du port.
Nous rangeâmes les pare-battes alors qu’au loin le petit phare blanc rétrécissait.
Nous tirions des bords par un vent au près et fûmes surpris par les dauphins.
Le cheveux gras et la peau salée, une partie de l’été s’en était allé.
Elle était seule, assise sur un banc.
Le parc était plein, la pelouse était bondée.
Le vacarme assourdissant des enfants venus s’amuser un samedi après-midi ensoleillé nous entourait.
Elle était face à nous.
Elle était belle.
Elle avait sortie un carnet sombre aux feuilles épaisses et portait ses lunettes noires.
Elle décrocha son téléphone.
Elle était seule, assise sur un banc.
Le parc était plein et la pelouse était bondée.
Nous assistâmes désarmé à la scène qui se déroulait face à nous.
« Demain je vais prendre du temps pour moi ».
Elle raccrocha son téléphone et chassa de sa main les dernières larmes sur sa joue ridée.
Elle farfouilla dans son sac, désemparée.
Elle était seule, assise sur un banc.
La parc était plein, et la pelouse était bondée.
Je me suis levé et j’ai marché.
« Excusez moi, vous voulez un mouchoir ? »
Elle leva les yeux, ses bras son tombés.
Son visage s’est illuminé, elle m’a gentiment remercié.
Elle était seule, assise sur un banc.
Le parc était plein, et la pelouse était bondée.
Ils ont klaxonné.
Je me suis retourné.
J’ai levé mon bras pour les salué en dissimulant fièrement la tristesse qui m’avait envahie.
J’aurai voulu courir pour les rattraper.
J’aurai preferer ne pas les laisser s’en aller.
Et puis ils sont partis.
Les vitres baissées et les bras levés en guise d’aurevoir.
Ils ont disparu.
Happés par le temps sous l’arche de la porte du Louvre.
Je suis rentré à pied.
Je n’ai même pas réussi à pleurer.
Je suis juste retourné au bureau.
Il faisait beau.
Sans doute trop chaud.
Assis à l’arrière de la voiture qui traversait le sud, mes larmes coulaient le long de mes joues, camouflées clandestinement par mes lunettes de soleil noir. Il me restait 2 jours de vacances et mon enfance était finie.
Assis à la place 85 côté couloir, je faisais mine que tout allait bien pour ne pas donner un macabre spectacle aux voyageurs du wagon 20 du TGV 8796.
La vitrine du magasins était intacte, l’arrière boutique était foutue, victime d’un sérieux dégât des eaux.
On avait enfilé nos chaussures à la hâte, ma mère encore en pyjama conduisait adroitement la voiture jusqu’au lieu de rendez-vous. Nous descendîmes au milieu des touristes. Nous entrames dans la boulangerie. Nous achetâmes quelques pâtisseries.
Et puis nous sommes partis.
Il était assis sur son lit. Il défaisait sa valise vêtement par vêtement, tel un oiseau branche par branche confectionne son nid. Entre 2 tee-shirts il tomba sur l’enveloppe blanche fermée d’une petite gommette en or.
Prise par surprise la petite tour n’avait semble t-il pas résistée à la vague sournoise et fourbe qui était venu s’écraser sur ses paroies de sable fin.
Les larmes s’écrasèrent avec violence sur le parquet froid de l’appartement. Suicidèrent elles s’élancèrent en vitesse sur la joue avant de se projeter dans le vide et de s’écraser avec fracas sur le sol en bois.
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