Il y a des moments comme ça où mon cœur déborde d’amour.
ça déborde littéralement, si bien que je me mets à courir dans tous les sens, cherchant de quoi éclabousser.
Alors je dresse la liste des récipients que j’ai à ma disposition et je cours rapidement vers eux.
Mais aujourd’hui je me suis rendue compte que j’avais une tasse en main.
Je suis restée là immobile,
à savourer ce que tantôt j’avais fait couler.
Le tuyau vert sert de débarras. Il est flexible, sa peau grasse tient bon les chocs.
Transportable et circulaire, c’est un parfait habillage pour des petits jardins.
On dirait un sac sans fond, un mystère.
ça tourne.
ça tourne vite et sans virage.
Juste ça tourne.
ça calme. Les eaux vertes éclatent en mille petits bouts de verre tout tranchants.
Rien ne pèse. Ici on dort silencieusement.
Chaque pas est bruyant,
L’éveil torture.
Demain le jour sera court.
Tout ce qu’il voyait c’était le noir profond et infini du lieu dans lequel il se trouvait. Il avait toujours eu peur du vide.
je me sens si lourde
que j'ai peur
que mes pieds se brisent
des fois je demande
comment mon corps a trouvé l'équilibre,
comment il fait pour me tenir debout,
alors même que j'en ai pas envie ?
parfois je me sens si lourde
que je voudrais me cacher dans mes pieds.
ils sont stables eux,
et ils décident.
parfois mon corps est si fatigué que
mes genoux rejoignent mes pieds
sans me prévenir
mes genoux ont fracassé le sol
mes pieds ont bien ri
Karl trébuche
et s’égratine le front.
Il chancelle,
puis se reprend.
Les pierres roulent sur la moraine.
Des impactes secs résonnent.
La glaces à fondu,
des larges trainées noir s’étirent au sommet des éboulis.
Assis sur un bloc, il ferme les yeux
et passe la langue sur ses lèvres.
le ciel est bleu
la peau est chaude
les larmes sont liquides
ma voix est rouge
et les chats sont gris
l'herbe est verte
mais parfois le soleil est froid
le cri est silencieux
mon cœur est froid
et les chats sont toujours gris
ça pousse des grands doigts pour chatouiller les petites prunes
ça marche à pas feuilletés
ça rougit à mon crayonné
Danser
On attendait que ça
Danser comme si
Plus rien ne comptait
Que nos corps
Qui s’élancent
Qui vibrent
Qui brûlent
Ne plus être qu’un corps
Un corps vivant
Puissant
Incisif
Butal
Présent
Un corps qui nous appartient
Enfin
S’autoriser le désir
En faire un espace
De liberté
De courage
De passion
Etre là
Etre une
Devenir une arme
Sécher les larmes
Laisser éclater le vacarme
Déclencher l’alarme
Repartir au combat
Décider d’exister
Enfin
Quelques secondes plus tard il était en vie. Encore une fois.
j’ai bu toute l’eau du robinet
Les gouttes gouttent un instant sur la gommette, puis s’écoulent sans un bruit
Sur le sol
mais je les entend
Tambouriner dans ma tête
Et plus ça tambourine, plus y il a de gouttes qui gouttent
Sur la gommette
Trempée
Et elle ne colle plus
Pique là
Pour habiller tes doux bras
Mange ici
Pour que brille la nuit.
Il ne me reste que peu de riz jusqu’à ce soir. Faisons semblant en riant doucement.
Le vent soufflait très fort. Quand on y prêtait attention, c’était agréable, parce qu’on entendait rien d’autre.
il ne faut pas
répondre aux questions
tu pourrais les faire
mourir
Il est encore parti sans moi
Je me suis sentie abandonné
J'aurai aimé pouvoir crier
L'étouffer
L'aimer
Le manger
Le secouer
C’est pas clair
C’est pas clair
C’est
c’est
C’est pas clair
C’est vraiment pas clair
J’essaie d’oublier ma question
De la laisser sur le bas côté
Je lui ai donné des cours de méditation, des séances de natation.
Je la souhaite libre
Rien n’y fait, sans sa sacrée réponse même fatiguée, floue, à court de mots, elle ne veut pas bouger.
Je la cache comme je peux avec des cartons et du mauvais scotch. Ça tombe toujours.
Doucement on entend le léger bruit du scotch qui après tant d’heures arrive enfin à quitter son adhérent.
On se demande pour qui est la délivrance.
Alors ça redevient pas clair.
Pas clair.
C’est pas clair.
Il fait froid, elle ramène ses pieds sur la peaux de moutons.
Il fait plus chaud.
J'ai le bout des doigts qui piquent.