Prenez garde, frères Monténégrins,
celui qui trahira qui commença,
que tout se change en pierre sous son bras !
Puisse Dieu par sa toute-puissance,
dans ses sillons empierrer ses semences,
et dans sa femme empierrer ses enfants !
Qu’il engendre une race de lépreux,
que le peuple du doigt désignera !
Que sa trace infâme soit effacée
comme celle des chevaux mouchetés !
Qu’aucun fusil ne pende sous son toit,
qu’aucun fils ne vive pour en porter,
que son foyer soupire après un mâle !
Qui trahira, frères, ces fiers héros
lancés contre nos sanglants ennemis,
que la honte des Branković le couvre,
que sa tombe sombre dans l’autre monde !
Qui trahira, frères, ces fiers héros,
qu’il n’offre plus ni vin ni pain béni,
mais épouse une religion de chiens,
que le sang noie sa bûche de Noël,
que le sang baigne son nom de baptême,
qu’il mange à sa Slava ses fils rôtis,
qu’il se perde dans un vent de folie,
que son âme devienne ombre démente !
Qui trahira, frères, ces fiers héros,
que la rouille du mal ronge son âtre,
que les pleureuses, après son trépas,
à jamais mentent, à jamais se lamentent.