Il est des informations trop lourdes pour l’instantané. Elles nous dépassent toujours quand elle se dévoilent.
Des léviathans cachés par l’opacité du réel. Des formes infinies que l’on doit imaginer pour les constater.
Je n’ai pas de mots pour ces réalisations, cette rencontre avec l’évidence de la fragilité de l’existence.
Ce monde nous ignore. Autant que nous sommes, il ne s’arrêtera pas à nous anéantir. A saigner nos familles, à anéantir notre avenir, à interrompre les vies.
Certaines réalités nous empêchent d’ignorer la fragilité de notre époque, de notre paix, de notre contrat social, de notre vie.
La mort nous attends collectivement. Elle nous attendait avant la naissance de nos ancêtres.
Hier, à contempler les infinies et définitive implications de cette fin, j’ai oublié mes addictions, mes désirs, mes regrets, mon nom, mes hésitations. J’ai voulu voire cell.eux qu’il me fallait serrer dans mes bras une dernière fois. Que mon corps ne puisse douter de leur présence.
I.elles n’étaient pas sous mes yeux, je ne les retrouvait que dans les souvenirs de leur proximité.
J’en ai appelé certain.es, parfois, je rencontrai pas leur répondeurs.
J’en ai écrit à d’autres, vous compris.
Rien d’autre n’a compté. Ni la faim, ni le froid, ni les épuisements. Il ne restait qu’un léger chagrin, et la gratitude de le reconnaître.
A mon réveil j’ai observé mes responsabilités, j’ai remis le masque social, j’ai agis sans fatigue ni regret.
J’ignore si c’est de la lucidité ou de la folie. Le quotidien est résolument absurde, arbitraire, fragile et inespéré. Le soleil a chauffé ma peau, un chat m’as reconnu, des visages m’on souris et je n’ai pas eu peur. La colère s’est enfuit, elle est devenue un frein inutile entre moi et le monde que je veux ressentir.
J’ai fait le choix de vivre, aujourd’hui.
Aussi longtemps que je pourrais me souvenir cette poignée d’êtres que je voulais serrer contre moi.
Je reconnais ce sentiment, je l’ai découvert dans des pages de livres, je l’avait déjà eu en rêve, je l’ai toujours attendu. Je suis allé le chercher dans l’art et c’est dans les journaux que je l’ai trouvé. D’abord par échappées, et puis hier, 5 mots dans la dépêche:
La malette nucléaire est décachetée.
La fin que l’on m’annonçait en fiction, je l’ai ressenti en silence en attendant qu’elle s’efface. Elle est restée suffisamment longtemps pour faire voler en éclats, les constructions de mes acquis. Je ne sais pas si je l’ai invoquée en me préparant à la percevoir, par mes obsessions sensibles. Ressentir ce que l’on attends ne devrait pas me surprendre et pourtant je suis choqué.
Des pans entiers de mon identité ont disparus. Il ne reste que des évidences que je ressens enfin. Cela rend le réel plus digeste, et le souvenir plus beau.
Je retrouve le sommeil.