Copier une forme par symétrie, donner son identique par l’axe porte quelque chose de rassurant.
Qu’importe la forme et aussi molle soit-elle, la voilà si ferme aux cotés de son double.
Ce geste, il s’agit de rendre le trait légitime, comme l’adouber, l’affirmer par dessus tout.
« C’est affligeant d’être minimaliste, je trouve ça extrêmement pauvre. C’est l’ultime vision commerciale de l’architecture. Une version pornographique de la globalisation de l’esthétique. Tout est lissé. Il n’y a pas de figure, pas de récit, pas de signe. »
Libérer une énergie potentielle
De la pérégrination encyclopédique résulte tout un corpus de données hétéroclites
Un geste guidé
Ou la répétition comme motif structurant
L’acte de créer entre dans un double rapport entre voir et faire
Cela offre une audience à l’œuvre car le faire se donne à voir
Selon lui, chaque style n’est pas le témoin d’une évolution culturelle (« on ne trouve pas d’enfance dans les styles »), mais synthétise plutôt des techniques soumises à l’évolution et certaines formes mentales que toute représentation suppose. Semper veut associer les aspects techniques et constructifs à l’aspect artistique, tentant de rendre l’art et la technique indissociables. Il considère en outre la « parure » ou l’habillage comme nécessaire, car la forme doit se manifester comme un symbole signifiant et comme une création humaine autonome. Il souligne ainsi deux aspects de la forme architecturale que sont la forme constructive et la forme symbolique, lesquelles sont pour lui indissociables et doivent s’exprimer à travers la façade.
Comme prisonnier d’une époque inerte
Mon époque est celle d’une liberté totale de créativité (opulence, paix, appui technique, histoire de l’art débridée)
D’où la nécessité de se créer ses propres contraintes
Et de rester cohérent dans le choix de ces contraintes.
Détecter les prémices d’un raisonnement fallacieux, avant que celui-ci n’ai pris trop d’ampleur pour être ignoré
La vérité est qu’absolument tout le monde aime l’art
Les aspirations humaines resteront identiques, et ce, qu’importe l’époque.
C’est aussi par l’art qu’elles peuvent se matérialiser
Les plus tenaces nous sont d’ailleurs parvenues
Et témoignent de l’immensité des gestes opérés par le passé
Seul un fou serait tenté de les ignorer
Car il s’ignorerait lui même en reproduisant inconsciemment ces mêmes gestes
Pourquoi sortir telle ou telle forme de l’oubli ?
Que signifie d’en user aujourd’hui ?
Ce choix ne peut être pris à la légère.
« L’immémorial sanctuaire de Neptune, tombé en ruine, était si vénérable que l’entrée en était interdite à quiconque : des mystères plus anciens que la race humaine s’y perpétuaient derrière des portes continuellement closes. »
De la nécessité de lier son aventure personnelle à celle du monde.
Car si l’acte créateur est hautement égoïste en soi (dans le sens ou le plaisir qui en résulte est premier), son achèvement lui, offre des formes qui peuvent (doivent) être partagées.
La charge insufflée par la main en l’objet est ainsi disponible à quiconque s’en souciera, et elle vivra en d’autres porteurs et sous diférentes facettes.
Tout ceci n’est qu’une gigantesque circulation défiant l’espace et le temps.
« Décrire un quelconque matériau, c’est se confronter à une énigme dont la clé ne peut être découverte qu’à travers l’observation et la relation active avec ce qui est là. […]
Faire consiste alors en un processus de mise en correspondance : non pas imposer une forme préconçue à une substance matérielle brute, mais dessiner ou délivrer les potentialités immanentes d’un monde en devenir, il ouvre un chemin ou une trajectoire dans un dédale de trajectoires. […]
Lorsqu’il fait, l’artisan associe ses propres gestes et mouvements, sa vie même, au devenir des matériaux, s’alliant aux forces et aux flux qu’il s’applique à suivre et qui lui permettent de réaliser son œuvre. C’est le propre du désir de l’artisan que de voir ce que les matériaux peuvent faire, à la différence du désir des scientifiques qui visent à savoir ce qu’ils sont. »
Tim Ingold, Faire. Anthropologie, archéologie, art et architecture, 2017
« Se fixer, se concrétiser, devenir cohérent, sensible »
enchainement
déroulement
prolongement
suite logique
transformations, opérations successives
évolution d’une série de phénomènes
ou partir d’un motif, le développer pas à pas, sans déterminisme mais avec une intention, une logique de construction
comprendre les propriétés émergentes d’un système dynamique
un jeu morphologique
un bricolage mécanique
une combinaison
« Mêlant science et art en un imaginaire à la fois sarcastique et ludique, Panamarenko explore les limites de l’innovation qu’elle soit savante ou artistique.
Au delà de ces deux domaines, il s’agit d’une « poésie d’attitude » dont l’objet reste l’homme confronté à sa condition moderne. »
PANAMARENKO la rétrospective, Frederik Leen et Francisca Vandepitte, 2006
« La contrebasse pose une assise rythmique »
Pour Heidegger, l’œuvre d’art est une puissance qui ouvre et « installe un monde ». L’artiste n’a pas une claire conscience de ce qu’il veut faire, seul le « tout fera l’œuvre ». L’œuvre d’art n’est pas un outil, elle n’est pas une simple représentation mais la manifestation de la vérité profonde d’une chose : « ainsi du temple grec qui met en place un monde et révèle une terre, le matériau qui la constitue, un lieu où elle s’impose (la colline pour le temple), et le fondement secret, voilé et oublié de toute chose »
Depuis toujours l’« œuvre d’art » est perçue comme une chose qui possède la particularité de renvoyer à autre chose qu’elle-même, elle est allégorie, symbole, ce que l’on a coutume de résumer en disant que l’« œuvre d’art » « représente de manière sensible ce qui est insensible (à savoir) l’idée, l’idéal, l’esprit absolu les valeurs etc. »
« L’œuvre d’art ne présente jamais rien, et cela pour cette simple raison qu’elle n’a rien à présenter, étant elle-même ce qui crée tout d’abord ce qui entre pour la première fois grâce à elle dans l’ouvert. »
« J’ai tenu à vivre le plus possible au milieu de ces mélodies de formes. J’encourageais les expériences avec le passé, un archaïsme savant qui retrouve le sens d’intentions et de techniques perdues. »
.L’art peut aller au-delà de la simple représentation des choses.
.Constituer un moyen d’explorer les tréfonds de l’âme humaine qui ne peuvent être décrits à l’aide d’un langage ordinaire.
.Un miroir permettant de révéler la vérité.
.Créer une photographie qui possède une vie en soi, qui parle pour elle-même et qui n’exige aucune explication.
.Révéler une imagerie, des incarnations visuelles inconscientes du subconscient.
.Les images doivent défier et provoquer mon subconscient avec des questions énigmatiques auxquelles je mettrai peut-être des années à répondre. Si je comprend implicitement les significations
sous-jacentes de mon imagerie, le travail à très peu d’intérêt pour moi. En d’autres mots, mes meilleurs images sont celles que je ne comprend pas.
.Aller de l’ordre vers le chaos, de la routine vers la rupture.
.Pénétrer ma propre psyché, localiser mon moi primitif.
.Un espace mental archétypal qui nous relie à un monde brumeux, nébuleux.
.Un lieu sombre, étrange et ambigu tout en étant comique, un lieu que chacun pourrait identifier même s’il ne serait pas en mesure de le définir clairement.
.Convoquer souvenirs, réflexions, pensées, rêves et émotions.
Křížek était un créateur original et un penseur atypique. Il fondait ses théorie sur la lecture de divers traités spécialisés ou philosophique, sur l’étude en autodidacte des cultures anciennes ou dites primitives, ainsi que sur ses propres observations. Il notait ses réflexions sur des carnets, aujourd’hui conservés à la Galerie Benedikt Rejt, à Louny, et dans lesquels le présent livre à régulièrement puisé. Nous pourrions qualifier ces réflexions de « bricolage intellectuel », dans le meilleur sens du terme, celui qu’en à donné Claude Lévi-Strauss dans La Pensée Sauvage : « Le propre de la pensée mythique est de s’exprimer à l’aide d’un répertoire dont la composition est hétéroclite […]. Elle apparaît ainsi comme une sorte de bricolage intellectuel […]. Comme le bricolage sur le plan technique, la réflexion mythique peut atteindre, sur le plan intellectuel, des résultats brillants et imprévus ».
Jan Křížek, Chez moi l’homme ne doit jamais disparaître, Anna Pravdova & Bertrand Schmitt, 2015
Vouloir s’échapper admet toujours une forme de menace.
Le plus pernicieux reste quand cette menace n’est pas identifiée et plane comme une nébuleuse abstraite.
Comment différencier ce qui ne se montre pas de ce qui n’existe pas ?
La paranoïa joue précisément sur cette ambiguïté : en rejetant son immonde présence sur l’invisible la voilà soigneusement impossible à déceler.
Les cibles les plus enterrées demeureront ainsi les plus ardues à supprimer.
« Tenter de figurer l’activité de la pensée, la structure du sujet pensant
Proposer une métaphore de l’activité mentale
Trouver des manières de représenter de telles abstractions
Rendre sensibles, modéliser les structures dynamiques de la pensée, les circuits du raisonnement, les raccourcis de l’intuition
Sentir les différents mouvements de la pensée »
Norbert Godon Formes élémentaires, mouvements et géométries de la pensée
L’expérimentation donne des formes
D’où viennent-elles ?
Où est-ce que je les emmène dés lors
Projeter les projets pour aller plus loin
Ne pas rester dans l’inconscient
L’inconscient peut (doit) être structuré
Faire, puis analyser, puis mettre les mots
Trouver
Ce qui s’offre à la vue
la représentation mentale d’une réalité
surgit dans l’immensité de l’espace imaginaire
une image
une idée
intuition
voir sans ses yeux ?
une hallucination ?
est-ce bien réel ?
« Il y a entre l’archaïque et le moderne un rendez-vous secret. »
Giorgio Agamben
L’existence terrestre n’est qu’une succession de coïncidences
Entre autres
Est-ce que le hasard existe ?