Roulé en boule je rumine et grogne, frustré aussi.
Femurix dit que je suis celui qui doit brandir l’épée légendaire contre la bête flottante. Je lui ai parlé, moi, du noir… des ténèbres. J’aime pas ça. Il est venu me chercher comme une fleur, sans s’excuser du coup sur la tête, rien, pas un mot de sa part sauf ça : « battre la bête flottante tu devras ». Il sait dire que ça l’os à ronger.
J’ai pas envie moi. En plus, j’ai faim. Mon ventre est rempli de vide et d’angoisse. Je sors de ma boule, il fait beau c’est déjà ça. Blaireau dit qu’avec le soleil tout va mieux.
Les pattes en casquette au-dessus des yeux, j’avance face à la lumière du jour. Pétard je vois rien. Je m’arrête et lève les yeux vers le ciel. La fatigue et la faim mélangées doivent me faire dérailler, le soleil, on dirait, avance vers moi.
Ah oui, non, non, c’est pas la dalle. Ça sera jamais fini tout ce que cauchemar ? je rêve, c’est sûr je dois être en train de dormir. Je me pince, ça va aller je vais me réveiller dans mon terrier, au chaud. Mais le soleil continue de venir sur moi. Cours ! Me hurlent mes tripes, mes petites pattes me porte aussi vite que le vent, derrière moi, la lumière me suit, elle accélère aussi.
Je ne regarde plus devant moi, je guette cette chose par-dessus mon épaule. Elle gagne du terrain. Je me prends dans une racine et m’étale, la face contre le sol sans plus aucune dignité. Ma fierté déjà bien entamée je ferme les yeux, je les plisse si fort que j’en ai mal aux sourcils.
Il y a un vrombissement régulier au-dessus de moi. J’ai les pattes sur la tête quand je me relève. Je me trouve nez à nez avec un globe de métal doré. C’est bizarre j’ai envie de le toucher. Le monde c’est arrêté autour. On entend que le ronronnement de la sphère, ça brille j’adore !
Ça ne valait peut-être pas la peine de flipper finalement ! Je suis à une griffe de distance avant de le toucher.
J’y suis presque ! ça m’attire je sens que ce n’est pas méchant, enfin Blaireau dirait « c’est ce que tu croyais les fois d’avant aussi ! » moi je crois qu’il a l’air sympa.
C’était avant qu’un œil rouge sang, s’ouvre et me fixe. Là du froid plus glacial que dans les stepses du fond du monde m’envahissent. Une fraîcheur mordante me fait rugir.
Un flash blanc lumineux et je ne suis plus nulle part, je suis dans le vide mais aussi dans le plein, sur la terre et dans les airs… je sens plus mon corps.
une sorte de murmure me dit : « regarde » et répète « regarde »
« voix ton destin renard feu, voit »
Je hurle, sans un bruit, mes cris sont muets, étouffés. la voix reprend doucement presque apaisante : « je suis le sceau hiératique du seigneur dragon soleil, laisse-moi te montrer »
Je n’ai plus peur… je suis terrifiée si je pouvais je tremblerais, je pleurerais surement aussi.
C’est cet orbe d’or qui me fait ça. Qu’est-ce que je dois voir ! hurle mon âme.
Je n’ai pas de réponse à la place, je plonge je tombe dans le noir. J’atterris brutalement sur de la terre, je penche à gauche, j’ai mal entre les côtes quelque chose me caresse entre les 2 oreilles. J’adore qu’on me caresse entre les 2 oreilles. Les bruits autour me paraissent lointains mais très violents. On dirait qu’ils sont absorbés il fait noir pas comme la nuit mais plutôt comme de l’encre renversée sur le monde.Je ne le connais pas, pas déjà mais je sais que c’est Garçon Excentrique qui me tient dans ses bras. Il ne parle pas. Je ne sais pas pourquoi, pas encore, mais ça me surprend. Une plante, très douce me tient la pâte et me tend mon épée.Je comprends pas qu’est-ce que je fais ici, tout ce que je sais c’est que la nuit n’est pas vaincue et j’ai froid.
Plus rien.Un éclair me frappe, je suis allongé sur le sol face contre la terre. La sphere n’est plus là.Ça y est je sais, c’est limpide, c’est clair, je suis foutu !
Je ne sais pas qui ils sont mais je sais que c’est important. Dragon-truc me l’a montré pour une raison et la vérité c’est que j’en veux pas moi, de ça.
C’est pas brillant comme futur.