Mardi j’ai imprimé 35 lithographies pour l’édition collectives des portes ouvertes. La litho c’est assez physique, je ressens encore les séquelles de la presse dans mon auriculaire. On peut se blesser un doigt ?
J’ai l’impression que janvier dure janvier + février. J’ai été absente longtemps, je suis occupée je n’ai pas d’espace dans ma tête pour le travail. Je pense à mon papi qui est très malade et je m’inquiète. J’aime bien aider les étudiant.es en monitorat, je me sens utile et je sais ce que je dois faire. Mais je n’aime pas respirer l’essence de terebenthine dans l’atelier ça me fait tousser. Dans mon travail personnel je ne sais pas ce que je dois faire, je fais machinalement ce que l’on attend de moi car je n’ai pas de place pour de nouvelles choses.
J’ai tellement de pensées dans ma tête à la minute que j’ai le sentiment que ma tête est sous pression comme un pot-au-feu dans un auto-cuiseur.
Mon appartement moisi comme moi en ce moment. J’en ai marre je me suis levée en constatant des nouveaux champignons sur mon meuble en bois ce matin. On a tout le temps de la buée sur les fenêtres, alors Jonas a dessiné un renne de noël.
Je me souviens de la pluie battante et de la pesenteur venant du ciel gris mais sombre parce que la nuit s’installe. Je me souviens de longs immeubles aux murs parcourus de fenêtres étroites ponctuées et alignées. Je me souviens de l’assenceur puis je ne me souviens plus d’images car je ne vois plus. Ce matin je me souviens de ce rêve.
J’ai pris mon premier repas de la journée à 20h, ça fait super du bien de manger. Je déteste ces journées ou il y a la temps de rien, j’ai même pas trouver de temps pour manger.
J’ai trouvé avec ma maman de la laine à repriser que l’on va offrir à V. V est la maman de mon copain et c’est une personne d’amour. Elle est artiste, créatrice à la Réunion et je ne l’ai jamais rencontrée en vrai. Dernièrement, elle raccommodait des pulls avec des fils de laine à repriser Saint Pierre qui est une marque qu’elle utilisait quand elle était plus jeune mais qu’elle ne trouve pas ou elle habite.
Le grenier de mon immeuble est un long couloir sombre dans lequel on peut entendre des petits bruit de pas sur les poutres en bois, probablement de rats ou autres petits rongeurs. Il y a une odeur forte de bois et de poussière qui est davantage présente en été. Ma valise pour rentrer en vacances ou le weekend dans ma famille est rangée dans le grenier. Je déteste aller la chercher, je finis toujours par courir dans l’escalier sans réelle raison apparente ?
Je vais reprendre les cours de danse classique. Ça fait 8 ans que je n’ai pas pratiqué mais je crois que j’ai besoin de danser.
En ce moment je suis un peu perdue dans mon travail et je n’arrive à rien avancer. Je peux rester plusieurs heures à réfléchir au fait que je n’arrive pas à avancer alors je cherche des livres dans ma bibliothèque pour espérer trouver un message. Tout à l’heure j’ai pris l’infra ordinaire de Goerges Perec et dans l’intro il nous questionne sur ce que l’on trouve dans sa rue. Alors j’avais envi de parler de ma rue. Dans ma rue il y a une laverie automatique devant laquelle je passe chaque matin, à peu près au milieu de celle-ci. La laverie fume quand il fait froid. Dans ma rue il y a une porte secrète qui mène dans une cours qui elle même mène sur une autre rue adjacente. Dans ma rue il y a une potière céramiste, un peintre, un atelier de dessin, un studio d’architecture, un institut de massage, une prothésiste ongulaire, une librairie anarchiste, un café clandestin, une pharmacie, deux bars et un centre de yoga. Ma rue est a sens unique pour les voitures mais pas les vélos ni les piétons. Les piétons peuvent marchés dans n’importe quelle direction. Dans ma rue il y a un passage piéton qui la coupe en deux et relie une ruelle et le porche de mon immeuble.
Il y a trois ans, j’ai vécu une séparation difficile, et comme j’étais à l’origine de cette séparation je ne me sentais pas légitime de ressentir de la peine face à la peine que j’avais pu causer. J’ai beaucoup refoulé ma tristesse et culpabilisé de mal me sentir. Depuis peu de temps, je m’autorise à être triste et ça fait du bien de s’écouter.
Je suis un peu déçue car je n’ai pas pu finir ma semaine de travail au Leclerc car j’ai eu un malaise. Le docteur m’a dit qu’il étant tant de prendre du repos. C’est donc fatiguée que j’attaque la rentrée.
J’avais lu un jour qu’un.e caissier.ère déplace 1 tonne de produits par heure. Aujourd’hui j’ai travaillé 8h45 ce qui veut dire que j’ai déplacé 9 tonnes en une journée, je vais être méga musclée. 9 tonnes c’est le poids de cette mini pelleteuse, je pensais pas avoir autant de force.
Au début du mois de septembre avant la rentrée, j’étais en vacances à Lille chez ma soeur. Elle vient de déménager à Bailleul dans une ancienne ferme de 1870. Avant d’emménager dans cette ville, elle avait un appartement en Banlieue de Lille que j’aimais beaucoup. Il était au 6ème étage d’un immeuble avec des grandes fenêtres de chaque côtés de la grande salle. Le soir, j’aimais m’endormir sous les lumières et l’agitation de la ville. Ça me donnait l’impression de ne pas être seule et remplissait mon coeur de sérénité.
Un soir alors que nous finissions de vider l’appartement, je suis sortie dans le park qui entoure l’immeuble avec Jonas. Il me fait remarquer qu’il lui a semblé voir quelqu’un du coin de l’oeil en contournant le bâtiment. Il me dit que c’était un monsieur âgé un pull bleu lui semble-t-il mais qu’ensuite, après un vif coup d’oeil, la personne avait disparu derrière les arches. En arrivant devant l’entrée du hall commun, on aperçoit une voiture garée avec des personnes en combinaisons blanches, équipée de la tête au pied, rangeant des valises et instruments dans le coffre. Je fais la remarque à Jonas qu’on dirait une société de nettoyage mortuaire et que c’est glauque et que ça me fait peur. En retrouvant le copain de ma soeur dans l’appartement, on apprend qu’un monsieur âgé vient de mourir dans le bâtiment B et qu’il a été retrouvé après plusieurs semaines dans son appartement.
Brrrr, ce soir là je crois qu’on a vu un fantôme.
La vue depuis l’appartement Avenue de Mormal.
Ça y est je commence à travailler au Leclerc pour les vacances et ça ne m’avait pas manqué. Je déteste les lumières éblouissantes et blanches des super-marchés, le bruit ambiant constant mélangé à la musique française de la radio. Parfois, j’entends une pub Leclerc à la radio et j’ai envi de vomir.
Ce soir je me sens tellement fatiguée que je n’arrive même pas à aller faire à manger. Je crois que je vais juste aller dormir. Demain je vois une psychologue pour la première fois depuis 3 ans.
J’ai écris cette note sur le graphisme que j’ai trouvé dans le livre qui retrace le parcours de Frederic Teschner : Le graphisme doit être comme une aventure plastique, et les mots qui l’entourent sont essentiels : ils le positionnent, le questionnent et le poétisent. Je trouve que c’est une belle définition.
On nous raconte qu’il faut avoir des buts et objectifs pour se construire en tant que personne mais ce que je voudrais croire, c’est que j’ai le droit d’être personne, j’ai le droit de ne plus être cette personne d’il y a quelques mois. Parfois les gens que tu as connu ne peuvent plus faire parti de ta vie parce que cette version de toi que tu étais n’existe plus. C’est un concept qui évolue constamment, certaines connexions peuvent entrer en dissonance avec ce que tu as construit aujourd’hui. Mais être quelqu’un c’est donné avec la vie, il n’y a pas besoin de preuves.
Vivre loin de tout pendant trois jours engendre un difficile retour à la réalité. On dirait que les falaises sont comme des murs sensoriels. Ceux de mon appartement s’effritent d’avantage, j’espère qu’un jour je trouverai ma place.
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