lover
je suis un petit lover
je love de la tête aux pieds
hihi <3
#3
Après le chaos de ces derniers jours, le calme des sentiers me fait le plus grand bien. Je redécouvre le soleil sur ma peau, l’odeur du matin et le bruit des insectes. Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti un tel apaisement. Hors de ma cellule, tout paraît plus beau, plus agréable. Même cette chaleur de plus en plus étouffante parait agréable. Ce n’est pas très compliqué de faire mieux qu’un mètre carré de moisi en même temps. Mais l’idée que tout cela ne soit plus qu’un lointain souvenir me ravi et je ne peux m’empêcher de sourire tout le long du chemin qui mène à Sogen.
Ma joie est de courte durée : devant moi vient d’apparaitre un personnage à l’allure douteuse et au regard inquiétant (il louche un peu). Il ne se présente pas, il ne dit pas un mot mais il ressemble à un magicien du temps. Ça ne m’inspire pas confiance, alors je décide de prendre la fuite.
À peine ai-je tourner les talons que le paysage autour de moi devient flou, et voilà que je me met à tanguer. Je l’entend ricaner derrière moi. Mes yeux se ferment pour se réouvrir immédiatement. Tout est net de nouveau. Je suis en train de courir.
Je cours et je trébuche. C’est trop tard, j’ai à peine le temps de me retourner qu’ils sont sur moi. Le poids de leurs armures m’écrase. J’ai beau me débattre mais rien n’y fait. On me passe des menottes, comme si le boulet ne suffisait pas. Et sans un mot, on prend le chemin du retour.
Je ne veut pas y retourner. Hors de question que j’y retourne.
Mais c’est comme si je ne pouvais pas exister en dehors de cette cellule.
Comme si quoi que je fasse, et peu importe l’effort que j’y met, c’était inévitable.
Comme si même mon prénom indiquait que ma place est en prison.
Rien ni personne ne pourra me sauver, pas même la fin du monde.
#2
Je cours. Je cours et je trébuche. Je n’ose pas me retourner, mais je sais qu’il faut que je me relève vite. Je suis rapide mais ils sont armés. J’ai mal aux pieds, mon boulet me frêne mais il faut que je me dépêche. Je ne veux pas y retourner. Hors de question que j’y retourne. Jamais plus. Je préfère l’air brûlant et le sol sec du dehors à ma cellule sombre et humide.
Soudain je ne cours plus.
Même si il le faut, je ne peux pas aller plus loin car devant moi dort un géant de pierre. En fait, je ne sais pas si il dort mais il est si grand et silencieux que c’est dur de savoir si il est vraiment conscient. Il me barre la route en tout cas. Je ne pense pas que ça soit volontaire mais je n’ai pas le temps de le découvrir. Je grimpe, creuse, frappe. Mais son corps semble fossilisé, et rien n’y fait : je ne passe pas. J’ai le souffle court à cause de l’effort et de la peur. Ils seront là d’un moment à l’autre. J’entends leurs armures cliqueter au rythme de leur pas. Un pas lourd et sûr de lui qui semble dire ‘’Pas la peine de courir, on te tiens’’.
Mais à travers ce bruit pesant, un son plus calme et plus doux se fait entendre. On dirait le battement d’un coeur si gros qu’on pourrait s’y cacher. Je me rapproche du géant et colle mon oreille contre sa poitrine. Il semble creux. Et comme pour me rassurer, le battement se fait plus fort. Mon coeur aussi accélère. Ça serait presque mélodieux si le bruit métallique des armures ne résonnait pas autant. Soudain, son pied se soulève avec une légèreté étonnante pour un être fait de pierre, et le chemin se retrouve dégagé. Je parviens enfin de l’autre côté, mais cette fois si je ne me dépêche plus. Je sais que mon nouvel ami ne les laissera pas passer.
#1
C’est la chaleur qui me réveille ce matin. Pas les cris des autres détenus, ni la faim qui me tiraille.
C’est que d’habitude il fait frais au fond de la cellule. La chaleur ici, on la trouve plutôt dans l’alcool et dans les draps des autres. Celle-ci semble venir de derrière les murs, c’est une chaleur du dehors. Elle me rappelle les doux rayons du soleil qui m’ont rendu si robuste et délicieux. De tout les potagers de Sogen, j’était le plus mûr.
Aujourd’hui, je ne suis plus que l’ombre de moi même mais je me souviens encore quand il venait nous rendre visite et que je pouvais voir de la fierté dans ses yeux. Son regard offrait toujours à qui le voulait des visions dont lui seul a le secret. On raconte que l’on y voit nos rêves les plus sincères. Je me souviens encore de l’océan à l’infini, et mes pieds qui touchent l’écume, et mes orteils qui disparaissent dans le bleu. J’étais son préféré. Mais ce sont toujours les plus grands rois qui sont les plus égoïste, le roi fantôme vert n’est pas une exception. Si on me l’avait dit plus tôt, je ne serais pas là en train de cuire dans cette cellule.
D’ailleurs ça commence à sentir la soupe. Il devient urgent de sortir d’ici, j’espère que mon plan marchera…
La dernière fois que je suis allé à Lorient, ma tête était pleine de sentiments. Hier, rien n’a changé. Une heure et demi d’anticipation.
Il fait bon dans de vivre dans le permanent. J’aimerais y habiter mais je n’ai pas encore le double des clés.
Coucou c’est
moi.je
viens d’avoir un bureau
Sous mon lit. Sa serait cool de se voir par webcam
Ça fait longtemps que j’ai pas pleuré. J’ai peur de déborder, comme la poubelle de ma salle de bain que je vide trois fois par an.
J’ai besoin de larmes rapidement sinon il y aura des déchets par tout par terre.
Au départ j’ai pensé à un rondin
parce qu’il restait immobile
ça l’a fait réagir :
vexé il est parti
le ragondin
(je reviens d’entre les morts avec cette anecdote dramatique de mon nouvel an)
En juin je n’aurais plus de seins
J’ai un peu l’impression que c’est le happy ending de ma vie
Arrêt sur image puis générique de fin
Demain n’a jamais paru aussi important mais pourtant ce sont les feux d’artifice qui m’empêchent de dormir.
Et mes voisines qui discutent dans le couloir :
« Demain je vais à Paris meuf je vais kiffer ma vie ça va envoyer ça va kiffer »
J’espère que moi aussi je vais kiffer demain.
Mon dentifrice fétiche a changé de packaging : avant on y voyait Pikachu souriant joyeusement à la vie, maintenant il a l’air terriblement énervé.
Je n’ose plus me brosser les dents.
(voir le post du 20/10/22 : Pikachu)
Est-ce qu’elle pense à moi autant que je pense à elle ? Est-ce qu’elle se souvient de mes mains ? Est-ce qu’elle aime le pain ?
Aujourd’hui j’ai pleuré par peur de faire les mauvais choix. Puis j’ai sauvé une grive, chanté avec des inconnu.e.s, mangé de la soupe au 10 légumes et vu un feu d’artifice.
Finalement, peut-être que je suis doué.e pour faire les bons choix
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