la saison des oranges
c’est de nouveau la saison des oranges, tout à l’heure j’en ai mangé une tout à l’heure assis sur un tronc d’arbre dans le parc, elle était bonne. elle avait goût de vivant.
c’est de nouveau la saison des oranges, tout à l’heure j’en ai mangé une tout à l’heure assis sur un tronc d’arbre dans le parc, elle était bonne. elle avait goût de vivant.
(tw mention corps mort)
Cette nuit-là j’ai eu du mal à trouver le sommeil, minuscule dans le minuscule lit du grand salon de la grande maison qui craque la nuit. Il est facile de se faire peur la nuit dans cette vieille bâtisse en pierre dont le moindre recoin est recouvert de tapisserie fleuries : minis-jésus cloués sur des minis-croix au dessus de chaque porte, vieilles poupées au longs cils et yeux vitreux sur le prie-dieu, miroirs partout, cadres photos des aînées de la famille sur plusieurs générations au dessus du petit lit en bois dans le salon, tête-à-chapeau maquillée dans la véranda et dentelle en veux-tu en voilà. Mais cette nuit-là, cachée sous la couette, du haut de mes 17 ans, je suis terrifiée. J’arrête pas de me dire qu’il y a un cadavre juste en dessous. Ça arrive pas souvent d’être si proche d’un corps mort. J’entends le vent dehors comme s’il s’engouffrait dans les escaliers que je suis persuadée entendre craquer sous ses pas. Des cris stridents résonnent dans la rue. En tout cas c’est comme ça que je m’en rappelle, je sais même plus si c’est vrai ou si c’est une histoire que je raconte à la petite fille en moi qui croit encore aux esprits. A cet instant là, j’ai une vision très nette d’elle, qui remonte les escaliers en robe de chambre, une lanterne à la main, tel un vrai fantôme. Tout d’un coup je n’ai plus peur, j’imagine ses yeux pétillants, son sourire mutin, sa bouche qui glousse, fière de sa connerie. Je crois que je me suis endormie juste après.
(tw mention mort, cadavre)
La nuit après les photos, la nuit avant le cimetière, je dors dans le salon. J’ai pas l’habitude. D’habitude, je dors en haut, soit dans la chambre bleue, vue sur les framboisiers, soit dans la chambre rose, vue sur un fragment de la baie. Ce soir dans les chambres sont entassés les invités. Je sais pas trop si on peut parler d’invités pour un enterrement. Personne dort en bas, à part Bonne-Maman, qui se lèvera pas demain. Alors je dors dans le petit lit en bois du salon (celui dans lequel elle dormait quand Bon-Papa était malade), coincée entre l’étage et le rez-de-chaussée. Coincée entre les vivants et la morte. Plus tôt dans la soirée, j’avais été la voir. J’avais tenu sa main douce et froide et dure dans la mienne. Je lui avais parlé. Je sais plus ce que je lui avais dit. Elle était toute pomponnée, joues roses, habits du dimanche, croix dorée autour du cou. Mais quelque chose clochait : elle était morte. L’aspect de sa peau marquée par 98 automnes formait quelque chose entre le drapé de marbre ou de terre cuite. Détail marquant : malgré le travail d’orfèvre des thanatopracteurices, sa mâchoire penchait dangereusement vers la gauche.
Je tire un autre fil trois mois après la scène à l’hôpital, juste avant son enterrement. On était dans la grande maison de Cancale. Elle reposait dans la cuisine du bas, où il fait toujours froid. Pendant que tout le monde s’affairait aux derniers préparatifs de la cérémonie, j’ai entrepris de photographier méticuleusement avec mon téléphone chaque détail de la maison. Je crois que j’ai eu très peur qu’on la vende cette maison, et que tous mes souvenirs d’enfance s’effacent avec. Je range tout ça dans un dossier « défragmentation ». Je sais pas pourquoi je l’ai appelé comme ça. La défragmentation selon Wikipédia c’est : “en informatique, le processus d’élimination de la fragmentation du système de fichier. Il réorganise physiquement le contenu du disque pour mettre chaque morceau de fichier ensemble et dans l’ordre, dans le but d’augmenter la vitesse de lecture. Il essaye également de créer une grande région d’espace libre pour retarder la fragmentation.” C’est ça, j’ai tout le temps peur que mon monde se fragmente, que mon disque-dur plante et que ces fragments soient stockés si loin de mon maintenant que je perde le chemin pour les retrouver. (J’ai peur de tout oublier). Alors je glane, je prélève, je garde, je range, j’archive, je défragmente.
La gigantesque vague au bout crochus menacent Simone et toutes les autres. Mais leurs grasses feuilles ne s’agitent pas. Aucune peur. Aucun tracas. Elles s’en moquent. Même que l’une d’entre-elles lui caresse l’écume. Tandis qu’une autre me toisent du bout de ses deux étoiles de travers. Elle a compris mon jeu, je ne pense pas qu’elle apprécie. Alors mes yeux glissent le long de la table et se lèvent pour arriver devant cette liane molle qui tente, en vain, d’atteindre le haut. Un brin d’espoir de la taille de son corps pousse encore quelques centimètres à la verticale. Mais ses gigantesque larmes luisantes, boulet de beauté, lui fléchissent le dos. Ça lui donne un air de marcheur au fardeau trop lourd. Une courbure qu’elle emprunte à la gigantesque vague au bout crochus qui menacent Simone et toutes les autres. Mais leurs grasses feuilles ne s’agitent pas. Aucune peur. Aucun tracas. Elles s’en moquent. Même que l’une d’entre-elles lui caresse l’écume. Tandis qu’une autre me toisent du bout de ses deux étoiles de travers. Elle a compris mon jeu, je ne sais pas si elle apprécie. Alors mes yeux glissent le long de la table et se lèvent pour arriver devant cette liane molle qui tente, en vain, d’atteindre le haut. Un brin d’espoir de la taille de son corps pousse encore quelques centimètres à la verticale. Mais ses gigantesque larmes luisantes, boulet de beauté, lui fléchissent le dos. Ça lui donne un air de marcheur au fardeau trop lourd. Une courbure qu’elle emprunte à la gigantesque vague au bout crochus qui menacent Simone et toutes les autres. Mais leurs grasses feuilles ne s’agitent pas. Aucune peur. Aucun tracas. Elles s’en moquent. Même que l’une d’entre-elles lui caresse l’écume. Tandis qu’une autre me toisent du bout de ses deux étoiles de travers. Elle a compris mon jeu, je ne sais pas si elle apprécie. Alors mes yeux glissent le long de la table et se lèvent pour arriver devant cette liane molle qui tente, en vain, d’atteindre le haut. Un brin d’espoir de la taille de son corps pousse encore quelques centimètres à la verticale. Mais ses gigantesque larmes luisantes, boulet de beauté, lui fléchissent le dos. Ça lui donne un air de marcheur au fardeau trop lourd. Une courbure qu’elle emprunte à la gigantesque vague au bout crochus qui menacent Simone et toutes les autres. Mais leurs grasses feuilles ne s’agitent pas. Aucune peur. Aucun tracas. Elles s’en moquent. Même que l’une d’entre-elles lui caresse l’écume. Tandis qu’une autre me toisent du bout de ses deux étoiles de travers. Elle a compris mon jeu, je ne sais pas si elle apprécie. Alors mes yeux glissent le long de la table et se lèvent pour arriver devant cette liane molle qui tente, en vain, d’atteindre le haut. Un brin d’espoir de la taille de son corps pousse encore quelques centimètres à la verticale. Mais ses gigantesque larmes luisantes, boulet de beauté, lui fléchissent le dos. Ça lui donne un air de marcheur au fardeau trop lourd. Une courbure qu’elle emprunte à la gigantesque vague au bout crochus qui menacent Simone et toutes les autres. La gigantesque vague au bout crochus menacent Simone et toutes les autres. Mais leurs grasses feuilles ne s’agitent pas. Aucune peur. Aucun tracas. Elles s’en moquent. Même que l’une d’entre-elles lui caresse l’écume. Est-ce que quelqu’un à lu l’histoire cinq fois ? Tandis qu’une autre me toisent du bout de ses deux étoiles de travers. Elle a compris mon jeu, je ne sais pas si elle apprécie. Alors mes yeux glissent le long de la table et se lèvent pour arriver devant cette liane molle qui tente, en vain, d’atteindre le haut. Un brin d’espoir de la taille de son corps pousse encore quelques centimètres à la verticale. Mais ses gigantesque larmes luisantes, boulet de beauté, lui fléchissent le dos. Ça lui donne un air de marcheur au fardeau trop lourd. Une courbure qu’elle emprunte à la gigantesque vague au bout crochus qui menacent Simone et toutes les autres.
ça a commencé je t’ai demandé si je pouvais marcher avec toi sur la ligne blanche
tu m’as dit oui pour échapper aux grands
et j’ai été ton amie
dix huit ans passés p’tit reel insta pour rigoler
y’a pas de photo de nous nulle photo de nous aucune de photo de nous jamais nous deux sur aucune photo le monde trouve ça fou
posée dans le premier métro
j’ai le t shirt a l’envers
et le coeur qui dort
sur les restes de la cabane au fond du lit
j’garderai les yeux bien ouverts
même si je te verrai en monstre dégoutant
les p’tits rats couinent sur les pavé au lever du jour
rue des saints pères, pourvu que le mien se taille
en enfer en mode aller retour
parfois j’essaye de biper son badge sur mon interphone
ou d’ouvrir avec ma clé la serrure de sa porte
et quand ma langue fourche il n’en tient pas rigueur
ça fait une semi-mémoire pour deux, comme les grées et leur oeil unique
Besoin de nouveauté : besoin de feu. Ma dernière aventure remonte à deux semaines et j’ai l’impatience en travers de la gorge.
C’est du bovarysme aigu, ou alors c’est la société de consommation, ou alors c’est ma nature profonde, ou alors c’est les 3, mais je suis jamais rassasiée, j’ai besoin d’un événement de manière régulière, ou alors je trépigne, je dépérit.
C’est aussi que j’ai décidé de faire un mois de sobriété. Sans rien consommer j’ai pas accès au laisser aller complet, je réfléchis trop, et parole incessante, ça m’allait très bien il y a juste un moment mais là j’ai besoin de physique, j’ai besoin d’être secouée.
l’image de fond provient du film Morgane et ses nymphes (1971) dir. Bruno Gantillon
s’éclaire le soir uniquement à la bougie, a d’ailleurs déjà brûlé ainsi son tapis, collectionne livres et vinyles usés, utilise les idées des autres quand il n’en a pas, apprécie qu’on le jalouse mais pas qu’on s’identifie à lui, confie qu’il va mal lorsqu’il va très bien, parle peu pour jouer au mec mystérieux, estime pouvoir être possessif mais pas qu’on le soit avec lui, trompe son mec avec à peu près n’importe qui, prétend avoir fait l’école de la vie mais n’a jamais manqué de quoi que ce soit, a une vie plutôt banale alors s’en invente mille (fait genre d’avoir très mal vécu le divorce de ses parents, se vante d’avoir échappé à la mort mais n’en a aucune preuve, soutient qu’il pourrait arrêter la cigarette ce soir s’il le voulait alors qu’il est clairement dépendant)
trop plein
parfois ça lui arrive. lorsqu’il fait revenir ses aubergines. sur le chemin de l’école. ou lorsqu’il tape sur son clavier. le plus souvent, il vient de le relever, c’est lorsqu’il s’apprête à aller se doucher. j’imagine que c’est parce qu’il y est tout seul. qu’il est face à son reflet. tout d’un coup, ça va popper. une boule de ses souvenirs dans la gorge qui reste coincée. il est encore en train de se cacher dans la voiture de Mary, jouant le jeu de la surprise jusqu’au bout. des mois durant lesquels il ne rêvait que de cet instant. sursaut dans le temps. il est maintenant dans cette queue, devant la porte 23. ses yeux fixes et injectés se percutent contre le sol « mais qu’est ce que je fous ? ». en pleine réalisation. et pourtant ça ne l’a pas encore frapper de plein fouet. il se retourne. il le voit assis sur les bancs à droite, juste à quelques mètres derrière lui, la tête dans ses mains. je crois que c’est cette image, bien qu’elle soit quelque peu flou, qui fait masse dans la bassine de ses émotions. il est juste là, quelques mètres le sépare d’une nouvelle tendresse, d’un nouveau battement de cil qui remontera en sourire jusque dans le coin de ses yeux. chaque détail de cette dernière image pousse un peu plus cette boule vers le fond. le niveau monte. l’écho de sa voix lui lance une nouvelle convulsion, un poing à rapide et sourd dans les tripes. tout les traits s’épaississent. se mélangent. tout est poreux. juste une dernière caresse dans ses cheveux. ses mains accrochées au lavabo, il n’a plus qu’à attendre que son visage s’évapore dans ses sanglots. tout lâcher. tenter d’en extraire le maximum. il enjambe la baignoire et met la tête sous l’eau. surement qu’il ne veut plus discerner ses larmes, qu’il a besoin de se laver.
Pourquoi quand un mec cis joue de la grosse musique de merde on se force à lui dire que c’est super bien +++
Joli bébé m’adoucit, j’te donnerai mon cœur sans soucis
Joli bébé m’adoucit, j’te donnerai mon cœur sans soucis J’te l’donnerai de toute façon, il n’y a que toi dans mes penséesJ’te donnerai mon cœur, mon cœur, mon cœur
J’te donnerai mon cœur, mon cœur, mon cœur
Je suis brutale, alors je cherche des gens solides à mettre dans ma vie. Pas des vases en cristal qui vont se casser si je les attrape trop fort.
J’aime les odeurs de cuir et les plats en sauce. Je sais pas bricoler j’ai peur des scies sauteuses et des perceuses, mais j’ai appris à accepter les manquements dans ma virilité. Je suis sincère mais pas forcément honnête.
Plus tard je veux une femme, deux enfants et un gros chien. Je suis un mec comme les autres, quand je vois un chevreuil par la fenêtre dans le train je me retiens de crier de joie, normal.
Je sais qui je suis je sais où je vais. La ligne Paris-Bretagne je l’ai poncé, et j’ai quelques Paris-Marseille à mon actif.
« Manger et boire comme des adultes. Aimer comme des adultes aussi. Je suis toujours un peu gêné de ces sentiment poisseux et pleins de bonnes volontés, alors je leur tends les deux mains en avant. Bien sûr comme iels sont des gens biens, iels l’acceptent avec de grands sourires. Mais je ne suis jamais sûr que le message soit bien passé.
Quand on essaye les filtres sur nos téléphones, je rigole un peu plus fort que les autres parce que j’ai hâte d’être vieux avec eux. Je vois à travers l’écran tout le potentiel de plénitude que l’âge nous apportera, la tranquillité d’esprit et ( j’espère ) l’aisance financière.
Pitié génétique familiale, ne laisse pas Alzheimer m’avoir avant mes 70 ans. »
parfois quand dans ma tête c’est bizarre j’aime faire comme en primaire des frises qui se répètent à l’infini. là où avant je cherchais la précision maintenant je cherche à me retrouver dans ces formes. je suis qui au fait?
je pose machinalement mes yeux sur le quignon du pain et j’ai a peine le temps de réaliser que la lame ripe et glisse sur la surface toute dure, le doigts saigne au bout près de l’ongle, j’ai enveloppé doucement la plaie dans une grosse poupée caché la seule partie de mon corps bien ouverte et réveillée ce matin i guess
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