maurice
minuit sonne
l’heure du crous
Oh non oh non la première tristesse insensée mais on est qu’en octobre, je garde mon calme c’est peut-être juste mes hormones de femme folle, c’est pas déjà l’hiver, c’est l’automne et tout va bien. Pas envie d’avoir à gérer des fuites d’eau dans le cœur, toujours des infiltrations dans cette baraque, la tuyauterie est déglinguée, c’est pas ma faute vraiment je suis née comme ça, et j’ai pas envie de finir mes phrases aujourd’hui, alors tu te démerdes avec la ponctuation
J’ai envie de mettre une culotte de rechange et ma brosse à dent dans mon sac à main, et de partir, n’importe où et pas trop loin, une autre ville, un autre air. Aujourd’hui je me sens vulnérable, trop exposée. Comme un lapin dans un champ, quand il y a des rapaces dans le coin. Les regards me troublent j’aimerais qu’on ne me regarde pas, mais je veux être perçue quand même, exister très fort. J’aimerais être juste ces textes et rien de plus, être un feuilleton, , je suis trop fatiguée d’être une personne entière aujourd’hui, quitte à tomber dans la caricature je voudrais être moins
J’ai trouvé deux traductions pour errance en russe :
Après je suis tombée sur l’étymologie de bloujdanie et le personnage du Bloud de la mythologie slave, qui m’avait complètement échappé, merci wikipédia:
« Le bloud, est présent dans la mythologie ukrainienne, russe et polonaise, c’est un mauvais esprit qui provoque la désorientation dans l’espace et conduit les personnes à tourner en rond à la recherche de leur chemin. La désorientation peut survenir aussi bien dans un endroit inconnu que familier, de jour comme de nuit. » Peut s’apparenter aussi au Liéchi (esprit de la forêt) dans la mythologie russe. « Sa peau est bleue comme son sang, sa barbe et ses cheveux sont faits de mousse, et ses vêtements de fourrure. Il est capable de se transformer en n’importe quel animal ou n’importe quelle plante de la forêt et peut apparaître et disparaître à sa guise. Tous les animaux lui obéissent. Le Liéchi aime égarer les voyageurs et les chasseurs dans la forêt. Chaque , il entre dans une sorte d’hibernation, disparaissant de la forêt jusqu’au printemps suivant. »
?????
aujourd’hui je suis en stage
je pense « c’est fou », c’est fou comme même dans les endroits les moins standardisés
on y trouve toujours un peu de corpo un peu de startup
j’ai deux collègues — on a chacun.e notre ordinateur
il y a un mot ou deux qui parfois remplit le bureau d’un petit écho
les plus bavards restent quand même les claviers
franchement ils parlent beaucoup, ils font du bruit
on tapote vite, clic clac clac clac clac toum clac clac clic clac
le toum c’est la barre d’espace
moi je souris derrière mon écran
j’écoute le concerto du clavier azerty
mon lit est un vortex qui aspire les lèvres brûlantes, les boucles brunes et les corps à la peau des plus épaisses
il pleut des torrents violents de pluie, soudain dans le train toute trempée toute entière je plonge et je me mets à l’abri, essoufflée je sens mon visage tout liquide se déverser lentement sur l’épaule d’A., je me tourne vers la vitre je ne vois pas le paysage seulement les gouttes qui font la course, j’essaie alors comme les enfants de dessiner le tien trait pour trait mais je le sais jamais plus nous ne ferons ce voyage, je ne suis plus triste maintenant que j’ai sauté de ce wagon où tu étais monté pour ne plus jamais en descendre.
il est 07:40 et je ne veux pas me lever.
j’ai peur que ça fasse comme l’année dernière où je restais confiné chez moi pendant des jours à croire que la dépression c’est contagieux. alors j’essaie de me demander le minimum, juste m’habiller et y aller mais ça semble insurmontable donc je reste figé par terre sans bien comprendre ce qui m’arrive à part que ça ressemble à pleins d’autres fois.
Quand je fais mon ménage du dimanche je fais un peu n’importe quoi
Le dimanche en particulier.
Je mets tout par terre et je commence à rassembler mes petites piles dont je suis la seule à saisir l’utilité
1 pile dessins en cours
1 pour ceux à ramener à l’école
1 pour ceux que je peux mettre dans mon carnet
1 avec papiers brouillons/trucs un peu utiles à ranger
1 avec dessins quasi finis mais flemme de finir alors je les glisse juste dans la pochette
Je les déplace et les échange un peu partout dans la pièce, ça peu prendre une heure pour trouver une place à tout le monde. Je prends des photos car les objets bougés offrent un nouveau point de vue intéressant. Je fais 2 ou 3 piles de poussière au balais pendant plusieurs jours. Comme je les alimente souvent je ne les ramasse pas tout de suite, il vaut mieux être sûre que « là c’est bon, ça devient nécessaire ».
Le dimanche, les petites piles de poussières disparaissent pour laisser la place à celles de dessins.
beware, children, beware
soon you’ll be someone else
falling out of you
and falling out of faith
Привет ! Опять давно не писала вам. простите! Как у вас дела? Уже осень?
Здесь потихоньку холодает и запах желтых листьев разлетается по улицам. Хотя сегодня почему-то жарко – 25 градусов, и солнце, как летом.
Забываю, куда ставить запятые в предложениях. надо бы повспоминать несколько правил.
Начался новый учебный год
возвращение в школу к знакомым местам и лицам
очень приятно вернутся к обычному ритму –получаются очень полные и длинные дни.
На этой неделе был « воркшоп ». Работали по группам на одном проекте и закончили его к концу недели. Сделали большой типа шкаф с разными полками, для общей мастерской. Пришлю потом фотку :)
Еще на этой неделе продолжила уроки вождения! Очень сложно! Буду так постепенно учится. В этот раз ездила по шоссе. Без педалей пока. Но быстро!! Очень понравилось чувство скорости по широкой дороге!
Попала в группу проекта – « Cтранствия» или «блуждания», которым занимается один учитель школы.
Принцип этого занятия заключается в ежедневной публикации на сайте группы рисунка или текста. Нужно обязательно каждый день что-то туда загружать. А во втором семестре будем придумывать смыслы ко всему этому и собирать сборники/книгу. Вот, так-что теперь буду пытаться регулярнее писать. Может в формате писем, может стихи. Пока не знаю.Скучаю по вам.
Целую
Зоя
Aujourd’hui je suis retourné bosser à l’ephad et j’ai trouvé un trèfle à quatre feuilles par terre. Et en plus on a regardé Ponyo sur la falaise avec les résidents.
Bonne-Maman tricotait, comme toutes les femmes de sa génération. A l’école ou à la maison, quand on était née fille, c’était obligatoire. Mais elle, je crois, aimait vraiment ça. Quand elle tricotait dans le fauteuil (en velour vert sapin de Bon-Papa, tout près de la fenêtre donnant sur la véranda), ses mains travaillaient si vite qu’on aurait dit qu’elles étaient liquides. Peut-être avait-elle trouvé dans la répétition de ces gestes souples un espace ample et extensible. J’imagine se déployer sous ses aiguilles les champs de son enfance, à perte de vue. Partout autour, les chevaux qu’elle aurait élevé si elle avait eu le choix. Parce qu’elle me l’avait dit une fois, au détour d’une conversation : “si je pouvais recommencer, je travaillerai avec les chevaux”.
Le premier fil c’est en 2018 à l’hôpital, je lis un article à voix haute à Bonne-Maman, je me souviens, c’est un article sur Léonard de Vinci. Je sais plus vraiment pourquoi je lui lisais ça et pourquoi elle était à l’hôpital. Je crois qu’elle s’était cassé la jambe à l’hôpital à Saint-Malo, où elle était parce qu’elle était tombée chez elle je crois. Jme souviens plus trop. Elle avait été transférée à Nantes pour guérir plus près de nous. On le savait pas encore, mais elle avait des métastases dans sa tête, et ça allait pas aller en s’améliorant. Des métastases ça veut dire qu’un premier cancer avait pondu des petits bouts de cancers ailleurs, alors qu’on croyait que y’avait plus de cancer. Elle était à l’hôpital et je sentais que parfois elle se perdait dans des bouts de passé qui étaient restés dans sa tête. Elle demandait à voir son papa qui était parti depuis un bon demi-siècle. Je l’avais toujours connue très vieille, et j’avais cru un sacré nombre de fois que ça y est, c’était son tour, elle allait mourir. Mais jamais elle avait perdu la tête. Ça m’a fait un choc. Sa tête, elle la gardait toujours bien droite sur ses épaules, beaucoup plus droite que moi qui avait tout pile 80 ans de moins qu’elle. Fière. Je me rappelle qu’à l’enterrement de la grand-tante Marie-Madelaine, ou Marie-Mad (que je connaissais pas trop mais dont j’ai gardé le fauteuil crapaud), elle s’était pris la tête avec une autre vieille au sujet de qui était la plus vieille. Je l’adorais. Comme elle s’intéressait à un tas de choses et que moi aussi, je lui avais ramené cette revue. La lecture finie, elle a eu l’air soudain très lucide et m’a dit d’un air très sérieux : « t’es une chercheuse, faut que tu continues à chercher ».
Coucou Errances,
J’espère que tu vas bien.
Me revoilà cet automne sous un autre nom !
Antide c’est mon prénom transmasc que je garde pour les jeux vidéo et les blogs.
C’est mon coloc qui l’a trouvé.
Cette année je vais écrire un « mémoire ».
Je t’enverrai quand même de mes nouvelles, et puis des bribes de tout ça.
Écris moi.
Signé Antide
ce matin je croise des chasseurs en marchant entre deux champs j’aimerais bien qu’ils fassent moins de bruit avec leur fusil et qu’ils se perdent dans la forêt et n’en reviennent jamais pourtant je suis plus en paix avec les gens qui font des choses que j’aime pas comme tuer des animaux parce qu’en ce moment j’ai décidé de mettre mes idées au congélo puis moi aussi je chasse mais j’ai pas de fusil seulement un petit poignard je le coince près de ma cuisse et parfois la liane est tellement serrée qu’il me fait une marque bleue
ces derniers jours tous mes postes c’est: je suis allé prendre le métro, j’ai pensé à un truc, le voilà sur errances.
ah et aussi j’ai pensé à un animal un peu longtemps et j’ai des émotions.
je me trouve drôle.
la sève de pin chauffe sous le soleil d’octobre trop chaud pour que ce soit normal. ça sent l’enfance l’été le sud alors que c’est la vie adulte l’automne la Bretagne.
peut-être que le temps n’est pas une ligne droite et que dans une boucle je suis encore chez ma grand-mère à qui je ne parle plus maintenant tout en allant au métro encore.
J’ai dansé avec cette fille, incroyable, et je l’ai perdue dans la foule juste après, j’aurais dû demander son instagram.
Elle m’a attrapé par la nuque à un moment, quelle femme, elle danse si bien je regrette vraiment j’aurais dû prendre son insta, j’étais un peu triste en y pensant quand on est sorti de la boîte, mais c’est vite passé, parceque j’étais épuisée par le reggaeton. Peut-être qu’on se recroisera d’une manière ou d’une autre, de toute façon c’était un moment de grâce, je sais pas si on aurait eu beaucoup de choses à se dire autour d’un café. J’aurais aimé savoir son prénom au moins, on a dansé longtemps, et si proche ensemble.
On suait toutes les deux l’une contre l’autre, il fait chaud dans la foule, j’aurais aimé danser juste encore un peu avec elle.
(À un moment il y a quelqu’un à côté qui a dit «mais elle est en couple non» mais je sais pas si elle parlait de la fille avec qui je dansais. J’aurais participé à un adultère ! Scandale…)
quand vient la nuit
j’escorte un $ugar daddy
il me donne de la moula $$$$$$
j’achète un avion pour mon dragon
Quelques paroles meurtrières virevoltent encore dans un vent d’automne. Il reste bouche bée devant ce miroir sombre au mouvement imperceptible. Soit ça va beaucoup trop vite pour qu’il saisisse quelque chose, soit il n’y à véritablement plus rien à saisir. Sa peau lui tire par trainées sèches et verticales, juste sous ses cernes. Explosé de partout. Rien n’a été épargné. Silence après bombardement. Un doux flottement sous ses paupières fait germer une étincelle d’été. Pourquoi s’est-il infligé ça ?
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