Il faisait beau aujourd’hui. Je suis allée dans le jardin, je me suis assise sur la chaise, au soleil, j’ai levé la tête, fermé les yeux et attendu.
Quand je les ai rouverts tout était flou, il m’a fallu un moment d’adaptation pour reprendre mes repères. J’ai regardé autour de moi. Tout est vert, tout a tellement poussé depuis la dernière fois.
Je n’aperçois plus les parterres de potagers, la rhubarbe n’en peut plus de pousser, les ronces ont commencées à reprendre le pouvoir sur le poulailler.
Un bruit, je me retourne, mais c’est une maison vide ou il n’y a personne.
30 septembre 2023
la maison
généralités (4)
Je crois que Tinder finalement c’est ni de la chasse ni de la pêche, c’est de la cueillette. Savoir distinguer les types sympas des framboises moisies.
J’avais les yeux humides dans le train, j’ai une larme qui a coulé sur ma joue. J’ai pas compris pourquoi, j’ai eu beau chercher j’étais pas triste. Peut-être que c’est que Emma a pleuré des torrents de larmes, et on a trop parlé au téléphone cette semaine : ça a créé un fil rouge entre nos cœurs, ça m’a fait pleurer aussi. (J’ai pas d’autre théorie pour l’instant.)
La bonne chair
Boire du vin rouge et manger du fromage c’est très Ezra quand j’y pense. Mes amours aussi.
Extrait de carnet n°1
« Je voulais parler d’Ezra mais des choses drôles se sont alignées en sortant ce carnet de mon sac.
D’abord en rentrant du marché je me suis retrouvée à une vraie table de merde en terrasse. Coincé entre le trottoir et l’arbre qui gâche la vue, les chaises en équilibre sur la grille d’égout. Jamais je n’aurai choisi une ignominie pareille si je n’étais pas au téléphone avec mon père pendant que j’essayais d’effectuer mon rituel saturdien.
Mince, j’ai regardé mon téléphone, ma main a changé de position sur mon stylo et… l’idée est partie… Foutue mémoire délétère. Je t’ai entraîné pendant plus d’une décennie et il a suffit de quatre années post-bac pour que non seulement tu me laches mais que tu m’humilies. C’est humiliant de ne pas pouvoir se souvenir. Quel est le rat qui vient grignoter mes archives ? J’ai l’impression d’avoir vécu l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie quand je compare ma mémoire du lycée à celle de maintenant.
Donc, je voulais parler d’Ezra… Ezra c’est ma peinture, mon dessin, ma photo, mon écriture, mes yeux, ma main […] non, enfin, juste tout ce que je fais. Mais c’est aussi la petite beauté du sticker tombé du carnet, dont le deuil a été effectué, qui réapparaît miraculeusement un samedi matin, après avoir finalement trouvé une super table, les bulles de savons dans les rayons du soleil, 11h11 à la montre. Ezra c’est la beauté de l’alignement et l’équilibre. L’accomplissement miraculeux d’une peinture mal partie, un coup de fil qui nous donne le smile après un début de journée compliqué.
Ezra ne devrait pas être encore complètement définit car […] Les dents du fond qui baignent pourtant Ezra est là. »
casquette
aujourd’hui je pense à ce mec que j’aimais bien mais avec qui ça a pas duré
la première nuit qu’on a passé ensemble c’est un peu marrant c’était ni chez lui, ni chez moi
c’était chez un type avec un nom bizarre, j’ai dormi chez ce type
il a dormi avec moi
dans le lit de ce type
qui lui n’était pas là
je m’en souviens bien car chez ce type, comme son nom, c’était un peu bizarre
c’était un appart avec un salon tout en long
et puis des escaliers lugubres en colimaçon
y’avait la chambre en haut, en mode tour de château
on s’est endormis vite, mi-contents mi-gênés
un peu timides
on s’est revus plusieurs fois
jamais chez lui, une fois chez moi
un jour avec des bébé chats, un jour au bord d’un vieux matelas
il aimait, comme moi, beaucoup le cinéma
beaucoup la musique aussi, je me souviens que j’ouvrais grand les yeux
quand un peu bourré il se mettait à sauter sur du gabber hardcore techno remix 90s
j’avoue j’étais impressionnée, je trouvais ça trop stylé
aujourd’hui je pense à ce mec que j’aimais bien
mais avec qui ça a pas duré
pour vous la faire courte, en fait
il portait toujours une casquette…
je le trouvais vraiment sex un peu comme requin dans foot2rue
corbeau
hier je suis parti en laissant ma fenêtre du haut ouverte, un corbeau est rentré et en a fait sa maison. il a mis le bazar partout comme un oiseau, il a retourné toutes mes affaires, il a pas fait sa vaisselle, il a laissé des trucs moisir dans le frigo et je sais qu’il descendra pas ses poubelles. il est horrible. mais là il s’est endormi dans un coin du bureau, juste à côté de l’imprimante et je ne lui en veut plus d’être un corbeau.
danse agitée
en rythme avec la musique quelques pas répétitifs
face à son reflet lever les bras
direction poterie direction kennedy
bousculade du métro
la fin d’une longue journée
carte bleue bloquée eau chaude coupée toilettes bouchées
nuit lumière jaune
danse agitée
29 septembre 2023
Sur le lit
Prévoir d’écrire sur quelque chose, c’est quelque chose qui m’emmerde, j’avoue.
J’aime pourtant l’idée du jeu et des contraintes que s’impose l’Oulipo. Mais je ne me suis jamais retrouvé dans ce que Raymond Queneau peut dénoncer chez les surréalistes. Cette fausse liberté, une liberté asservie, réponses pulsatrices commandées par un inconscient qui restreindrait le pouvoir d’écriture.
Il écrit: « Une autre bien fausse idée qui a […] cours actuellement, c’est l’équivalence que l’on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libération, entre hasard, automatisme et liberté. Or, cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu’il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l’esclave d’autres règles qu’il ignore »
Mais vas-y, elle ne se fait pas n’importe comment cette danse. Elle se laisse guider par la main en caressant, grattant, frottant ce jet d’encre sur cette feuille si vierge, si blanche. Elle ricoche de haut en bas, tout en régulièrement sniffant l’horizontale. Elle se balade, elle se dirige, telle une flâneuse au pas rapide. Ecrire un petit texte sans connaître le bout de la fin. Même si ça va vite. Ca me permet de prendre mon temps en savourant sa vitesse.
Et puis surtout, j’aime faire confiance à ce que je ne peux expliquer.
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2012-1-page-79.htm
généralités (3)
Tinder ça mord pas aujourd’hui, c’est mystérieux un peu comme la pêche, des courants incompréhensibles d’algorithmes et de hasard. De toute façon qu’est ce que j’y cherche ? Une nouveauté, une aventure, une rencontre, un événement … Heureusement on va danser ce soir, j’ai peur de trop espérer, comme chaque soirée, de trop regarder autour de moi. Trop chasseur quoi (finis la pêche). Plus précisément j’aimerai un garçon un peu silencieux, un faux timide comme à chaque fois, ceux qui font les vierges effarouchées mais qui me traitent le mieux.
Peut être que je suis trop à l’aise à étaler ma vie privée sur internet, comme quand je me déshabille trop vite à la plage. J’aime pas l’idée d’une vie privée, j’aime vivre publiquement, j’aime le nudisme intellectuel, j’aime vous offrir mes pensées sans pudeur, des petites tartines de cerveau en fin de journée. Est ce que mes phrases sont trop longues, est ce que j’abuse de la virgule ? Style d’écriture / excès de bavardages / on se comprend quoi
on est vendredi
Ça fait maintenant un moment que je suis arrivée, on est dans la cuisine, personne ne parle.
L’horloge en papier comble le silence et le bruit sourd du frigidaire m’enveloppe de ses bras.
J’ai l’impression que la même minute se répète, rien ne change.
Tout est figé.
La fenêtre éclaire la pièce.
Dehors quelqu’un lave sa voiture.
le chemin est vivant
un bébé tout mou, tenu sur des genoux
il croit qu’il est sa mère
il croit qu’il est son père
un chat qui envisage l’écart minuscule sous une porte, il sait qu’il peut passer il s’écrase et il passe
le bus arrive en même temps que moi
l’écran digital dit bon voyage aux gens pourvu d’un titre de transport
deux hommes débattent des relations amoureuses
« les filles c’est des galères »
« surtout les filles de maintenant »
leur fiole de whisky sent fort
j’arrive à destination
troc pie
en sortant du métro j’ai vu une pie, elle était au milieu du chemin goudronné en train de retourner quelque chose avec son bec. j’ai vu que c’était un sachet rouge.
« tu vas pas manger ça! c’est pas bon pour toi! »
la pie s’envole et je ramasse son repas. c’est un sachet de ketchup macdo tout nul.je me dis qu’en fait elle a aimé l’emballage qui brillait sur le côté.
j’ai vraiment l’impression de lui avoir volé son trésor, la prochaine fois que je passerai prendre le métro je lui laisserai une pièce bien brillante en échange.
trop chouette
en mode trop chouette aujourd’hui
petites larmes
petite pluie
auréoles salines sur ticket de caisse
j’ai aussi appris que mon crush était un peu le crush de tout le monde mais bon c’est ok
je partage petite zik parce que askip le blog d’errances peut aussi faire office de playlist
et moi j’aime bien la zik
Wonder ings
Aujourd’hui j’apprends à poster sur Errances
Demain je partirai peut être à la conquête de l’espace
abeille du matin, chagrin
j’aime bien prendre le bus de 23 le matin, que ce sois à 8heures ou 9heures 23, il est toujours très bien, j’arrive avant 40 à l’école et ça me laisse le temps de me poser.
je voulais mettre mon bonnet breton aujourd’hui en cas de pluie, sauf qu’au creux à l’intérieur de mon chapeau il y avait une petite abeille recroquevillée. j’ai essayé de la chasser en lui faisant peur avant de me rendre compte que si elle n’était pas encore morte elle était au moins mourante. alors je suis allé sur mon balcon pour lui proposer une autre sépulture que mon chapeau et au moins une meilleure vue. j’avais prévu de prendre un petit moment de recueillement pour elle avant de partir. j’avais peur que des fourmis la mange pendant la journée si je ne faisais rien.
il était déjà 20 donc j’ai dû partir comme un voleur, sans lui dire au-revoir.
mon bus était en retard de 3 minutes.
j’ai laissé une abeille mourir toute seule pour ça.
28 septembre 2023
en cachette
ce soir je vais écrire dans mon journal intime en papier,
j’ai l’impression de tromper errances. comme si en écriture le polyamour était interdit.
généralités (2)
Toujours d’humeur docile. Je suis apprivoisée par l’école, j’ai rangé mes joies sauvages de l’été. Je jubile pourtant encore, encore, encore, dans mes moments seules ou j’abime mes tympans.
Hier soir j’ai demandé d’avoir moins un regard de chien triste en me réveillant. C’est un vrai problème mon visage qui se retourne pendant la nuit, et je sais jamais si je vais me réveiller jolie ou pas. Ça va un peu mieux ce matin, l’angle de mes yeux est mieux calé.
Je me suis remise sur tinder. J’ai hésité, j’ai un peu honte d’être addicté, de toute façon c’est amour-haine cette histoire, ça m’amuse un instant puis ça me met dans une colère noire, alors je supprime, puis juste un moment et ça reprend.
J’ai la tête vide c’est reposant, ni tourment ni engagement, le cerveau en cristal : tu vois au travers, tu le tapes du bout des ongles ça fait ding ding ding.