23 février 2024
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20 février 2024
19 février 2024
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17 février 2024
16 février 2024
15 février 2024
14 février 2024
13 février 2024
12 février 2024
11 février 2024
10 février 2024
9 février 2024
Notes tel
Me perdre
Et
Me sentir perdu
Et
Me perdre à nouveau
Pour finalement
Rester perdu
8 février 2024
7 février 2024
6 février 2024
5 février 2024
4 février 2024
3 février 2024
2 février 2024
Par les temps qui courent – 6
Vert.
Arqué.
De bois.
Vingt mètres après le virage à droite. Comme si le vent lui avait rapporté ma voix. Comme si ce pont n’attendait que moi. Un pont piéton vide d’usagers, gît dans une révérence inespérée.
Je ralentis jusqu’à son niveau pour m’arrêter et le considérer. Des fourmis dans mes veines me démangeant de l’emprunter donne à ma quiétude une aura sacrée. A son sommet, je retire le dernier élément faisant barrière avec l’extérieur. L’ouïe salue d’une écoute sincère la quiètude de la vue. Je me poste à la rambarde et laisse s’échapper une expiration véritable pleine de soulagement et d’admiration. Une allée endormie prolonge ce canal à l’infinie pour se perdre dans les songes de la nuit. Un sentiment étrange percute ma raison lorsque l’adrénaline de la détresse se soustrait à la contemplation. A quoi tient la rencontre entre l’assèchement de mon être et cette passerelle libératrice ? Dans l’incompréhension de cette situation, j’inculpe le hasard, cet être malicieux qui dans sa connaissance des choses, mit à l’épreuve mes nerfs en invoquant simultanément toutes mes ressources et ce léger pont de bois vert. Dans une quête vaine, j’interroge le rapport entre mon corps et le lieu. Serait- ce la distance idéale à l’effort physique que j’ai pu produire ? Mon corps aurait-il «senti» un franchissement possible à l’instant où mes membres manquent de me lâcher ?
Des questions qui flotteront autour de moi, délestées de toutes exactitudes, de toute inquiétude, de l’autre côté de la rive. Sur mon chemin retour, dans le noir, je reconnais le paysage qui défile. Un sourire complice sur mon visage se dessine aussi subtilement que les ponts dans l’opacité du soir. L’écho de la nature me parvient aussi facilement que ma vision est diminuée et dans l’élucubration de mes interrogations, je repense au nom d’Ille-et-Rance. Quel jeu de mot fantastique que de réunir ce pronom expérimental à une errance à l’orthographe douteuse. Face à cette pensée, le sourire est plus franc. Une marche nocturne agréable dans laquelle imagination et observation se remémore cette escapade. Comme me l’a toujours énoncé Maman: «Le retour est toujours plus rapide que l’aller». Étrange réalité quand je discerne l’image du pont initial qui éclot, son double scintillant plus bas.
Alors, dans une dernière inspiration, et sans musique cette fois-ci, pour l’amour de l’effort et de la sensation vigoureuse du corps qui me porte, je reprends de la vitesse, pour faire durer aussi longtemps que possible le temps qu’il me reste.
1 février 2024
Par les temps qui courent – 5
Trottinant d’une excitation neuve longeant toute la longueur de mon dos, je détends mes bras et m’étire une dernière fois. Dans l’adrénaline d’un drop imminent, je fixe pour ne plus le détacher du regard cette arrivée qui s’érige ouvertement et tel un coup de feu qui retentit, je sprinte. Mais l’air qui chatouille mes rétines maintenant humides ne parvient pas à masquer là-haut les phares des voitures qui apparaissent telle une déception et disparaissent en emportant avec eux tout espoir de traverser le canal. Le buste droit, mes membres ne sont plus que rotations synchronisées que ma conscience seule ne contrôle plus, fusant à tout allure. Il est trop tard pour décélérer et le pont s’approche avec le panache d’un titan bétonné et la frustration d’un désir volé. En dessous, je pénètre dans ce hall entièrement taggué, aux piles démesurées, où dans l’obscurité des recoins la nuit renaît. Franchir sa largeur me donne la distance nécessaire pour ralentir et une fois de l’autre côté, le cœur cogne à en faire résonner ma cage thoracique.
Lacs d’acharnement sous mes yeux, dans un équilibre incertain, je les jette en arrière pour réaliser l’épreuve accomplie. Sans réellement en prendre la décision, comme inconsciemment, je réalise que j’assigne à ce qui précède le pont à une étape résolue, et ce qui figure après à une nouvelle étape à accomplir. Attribuant à ce mastodonte la fonction de repère dans mon parcours errant, je peux dès lors situer un ensemble de symboles au tronçon parcouru.
Dans ce temps de réflexion, mes jambes me portent toujours. Mes muscles chauds sont anesthésiés de toutes douleurs. J’inspire avec un regain de vitalité sonnant aussi doucement que le lead berçant à nouveau mon ouïe d’une douce et céleste mélodie. Revenu à une cadence de course modérée, seul mon tee-shirt porte en zones humides le témoignage de ce passage harassant. La vibration de mes foulées se rapprochant, un groupe de poules d’eau se jette de la rive pour prendre la fuite en diagonal sur le canal. Dans un flegme elle le traversent tout en me toisant. Ce courant qui à l’origine m’accompagnait devient dès lors l’obstacle à passer. Un compagnon arborant maintenant les traits d’un concurrent.
Mon attention ne quitte plus ces oiseaux dont les contours se troublent et se dérobent par la disparition lente du Soleil. L’heure dorée cède à l’heure bleue. L’ondulation émise par le trajet de ces volatiles fait danser le reflet de la Lune. Distrait par ce mirage, je lève la tête à la recherche de cet astre. Quand déjà de nouveau, je distingue en plissant mes paupières, un mince trait bleu inattendu et traversant, qui me redonne le sourire. Si proche de la surface de l’eau, des canards débouchent d’en dessous et semblent devoir baisser la tête pour ne pas se cogner au plafond. Un flux d’énergie se propage jusque dans mes extrémités et dans une énième montée musicale, j’accélère avec plus de vigueur. Cette plateforme basse s’offre rapidement à moi et saluant ma détermination, je sonde le moyen d’y accéder. L’œil s’inquiète à mesure que la distance se réduit et manque d’abandonner une larme quand une signalétique trahit cette voie réservée au transport ferroviaire. Ma gorge se sert de plus belle et je cours aussi lourdement déçu que l’illusion des proportions m’a bernée. Jamais je n’avais autant fantasmé une traversée.
Comment retrouver le goût initial à l’errance quand de celle-ci je ne peux plus me dérober ? Quel sens accorder à la course lorsque mes pieds endoloris ne cherchent qu’une ligne d’arrivée fictive ? Dans un épuisement physique et mental ayant atteint son paroxysme, dans quelle source ma détermination meurtrie peut-elle puiser ?
31 janvier 2024
Par les temps qui courent – 4
Le sourire aux lèvres, j’expire. Je la fais naître par de tièdes vapeurs séquencées. Les rougeurs en couronne sur mon visage, il s’en extrait quelques gouttes qui ruissellent le long de ma nuque et meurent lors d’un grand saut. D’un trop plein de textures dans l’exercice de respiration, j’éructe un amas de postillons droit vers le canal. Liquide rencontre liquide. Mon liquide que des bulles éphémères ne permettent déjà plus de distinguer, s’est fondu dans une entité qui la dépasse. Cette part entière de moi-même qui a toujours été présente dans le cadre. Elément inconscient indispensable au décor de ma dépense. Toujours silencieuse.
Aujourd’hui seulement, je réalise la nécessité de cette pluie qui née de tous mes pores, dans sa rencontre avec l’eau du canal. L’onde de l’eau comme courant avec moi. Ode à l’eau qui a toujours su apaiser mes nerfs, pour trouver en elles de grands soulagements.
30 janvier 2024
Par les temps qui courent – 3
Telle une ficelle qui se déploie dans mon intérieur, cette errance me chatouille de frissons internes et séduit mes jambes qui déjà empruntent son chemin.
Impulsion d’une fuite, recherche d’une quête qui me conduit vers cette inconnue. Une folle histoire née dans le lancement d’un regard éperdu. Un parcours encore caché se languit derrière sa courbe accueillante qui me séduit en me faisant oublier les douleurs des premiers efforts.
Une rencontre.
Elle a longtemps été là, comme si elle m’attendait.
Ce n’est que tardivement que je me risque à lui céder.
Errer serait parcourir aux côtés de cette inconnue en acceptant de se laisser parcourir par elle également. Se serait prendre le risque de cette étrangère lorsque l’on a le besoin de se sentir étranger avec soi. Être acteur d’un corps se mouvant dans un espace inexploré en l’appréhendant comme un nouveau-né. Être spectateur de ce mouvement, observateur de l’instant, ingérer et absorber les moindres interactions qui viennent façonner cet autre soi. En soi. Un dialogue initié avec son entre-soi. Y pénétrer et se faire pénétrer. Se perdre l’âme ouverte et dévouée devant l’immensité vulnérable que ce choix d’errer implique.
Nous nous parcourons en cet automne 2022. Lorsque les couleurs encore torrides d’un été sans scrupules s’adoucissent dans la réflection d’un courant chatoyant. Lorsque ses lignes se détendent pour qu’une impression de feu de cheminée ondule et danse au rythme d’une course lente. Prenant son temps, ce canal pourtant étroit remplit mes yeux de fabuleux vitraux étincelants. Le regard qu’une peinture romantique hypnotise, l’esprit divague quand le corps reste statique. Les premières sueurs se sont dissipées et la caresse d’une brise effacent les perles de ma peau.
29 janvier 2024
Par les temps qui courent – 2
Echapper à son quotidien. Dans son quotidien. Il ne s’agit pas de le changer, de l’inverser, de lui ajouter ou de le supprimer. Il s’agit de le mettre de côté. Se créer une habitude dans cette routine ou celle-ci n’est pas envisagée. S’autoriser une crevasse dans ce nuage. Comme le besoin d’une inspiration nouvelle pour mieux retrouver ce cocon moelleux si menaçant quand le temps se tend trop longtemps. Comme une couette bien chaude qui nécessite le passage d’un vent frais pour en extraire toutes les impuretés logées. Car ce n’est pas ici que le corps à besoin d’être. Ce n’est pas ici que les pensées se dissiperont. Ce n’est pas ici que mon brouillard se lèvera.
Il est pour certains parfois nécessaire de se réfugier à l’extérieur de leurs limites quant au sein même de leur confort, la tête se projette ailleurs. Ailleurs, quand il se manifeste, il n’est pas nécessaire de lutter, de s’opposer, de parer contre lui. Ailleurs, il faut le visualiser. Ailleurs, il faut aller le chercher. Un moment de pause à s’accorder qui viendra faire naître l’impulsion d’un corps en demande, de membres à tirailler, de muscles à chauffer, de peau à suer, dans la soif d’une fuite ou d’une quête nécessaire.
28 janvier 2024
Par les temps qui courent – 1
Parfois, le corps est à l’arrêt, le regard plongé dans le vide. Les deux globes immobiles ne cherchent rien. Envouté, un bruit sourd et aigu projettent toutes sortes d’images, de mots sur la pupille. La ligne de chaque volume s’épaissit, se trouble et renforce la clarté incisive du flux interne. De la main statufiée, un doigt se décroche nerveusement, pulsion d’une énième vision ensevelissant les pensées.
Les paupières clignent presque dans un craquement, balayant vainement les résidus hypnotiques. Le brouillard épais ne se dissipent pas. La machine s’actionne, engendrant un effet sur chaque engrenage, partant du cœur seul jusqu’aux extrémités froides. Somnambule ensorcelé par ses démons quotidiens, au sein de son foyer les bras s’activent, ramassent, aspirent, astiquent et s’emmêlent. Les pieds picotent jusque dans le derrière des mollets, et par secousse, en équilibre sur une jambe, l’autre tente de s’en débarrasser. Les déplacements se muent en de futiles allers-retours et telle une bête en cage, les démangeaisons ajoutent un agacement aux gestes automatiques.
Stop.
Je m’arrête.
Irrité jusqu’au flanc de mon cou, je secoue la tête pour créer une brèche dans cette fumée obscure. Un ciel.
27 janvier 2024
Canapé bleu
Il est 21h37, samedi soir et je viens de finir Les Choses de la vie. Cela fait maintenant 3h qu’il fait nuit et je n’ai pas d’amis à voir ce soir. Ni demain d’ailleurs. Parfois, mes poils se relèvent dans une sensation de chatouille par-ci par-là. J’ai le corps et l’esprit embrumé et j’aimerai y voir plus clair. Je voudrais dire que j’erre, mais ça me semble moins relaxant que ça. Non, là à l’intérieur il fait toujours jour, j’ai encore plein de réserve. Sauf que je ne les utilise pas, à la place je les gâche. J’ai peur de tout gâcher. Rien que de penser que je me triture encore tout seul, je me gâche l’instant. De quoi sont fait Tommy et Wendy pour paraître si distant de tout ça ? Est-ce que je peux ne plus avoir d’amis un jour ? Comment parler / montrer son quotidien ? Comment apprendre de quelque chose dont je ne me suis jamais senti proche ?
26 janvier 2024
25 janvier 2024
Gaillac – Août 2017
Pause
Besoin de câlins affreux fructueux amoureux haineux d’une douceur absolue m’entends tu d’avoir envie d’une douche ensoleillé près des chaussées environnantes abritant une clairière cachée superbement animé par le théâtre de la douleur installée aux cieux des ricochés à l’encontre où les chamois bègues.
Besoin d’une coupure à vif te recentrer sur ton sang ciment de la frayeur sentier battu et tête de mort aimé par hors patriote à souhait je t’aime carrément.