Errances

Elle a toujours eu tout mon respect, elle a même suscité mon admiration, par son intelligence, son humanité et sa foie. Elle est la sœur de ma grand-mère paternelle, décédée si tôt. Pour moi, elle l’a presque remplacée, du moins durant quelques temps. Cette grande dame de 1 mètre 55 à tout casser, toujours bien apprêtée, était professeur de lettres agrégé à Paris.
Mais depuis qu’elle n’a plus toute sa tête, elle n’est plus la même…
Le verdict est tombé il y a environ 3 ans… Alzeihmer…
Elle ne lit plus, n’écrit plus, ne parle plus. Son corps même ne semble plus vouloir communiquer. Elle est comme emmurée dans sa maladie, et heureusement, en perd conscience.
Visage figé, gonflée par les médicaments, son regard est vide et dépourvu d’expression. La joie ou la peine, rien ne les distingue.
… De l’admiration à la compassion, 3 années de destruction…

Une fois grand, j’aurai une moustache.
Tellement longue, travaillée qu’elle occupera tout mon visage.
Elle sera le centre de gravité de ma façade en démolition.
Les rides auront creusé leurs sillons dans ma peau flasque,
mes yeux devenus creux ne seront que des trous béants,
mes cheveux tombés voilà plusieurs années n’auront laissé
qu’un crâne reluisant.
Mais ma moustache elle, m’accompagnera
dans mes repas gourmands, elle taquinera la bouche suave de ma
tendre et douce, elle sera signe de virilité, de connaissances…
Alors j’en oublierai mon antipathie profonde, je ne serai plus
qu’une moustache souriante, affable, distinguée, offrant sourire à qui
le devinera…

« Aujourd’hui, aucune nation n’est autosuffisante pour quoi que ce soit. L’erreur la plus grave que le pays pourrait faire serait de s’isoler ».
John Lay. (extrait de Courrier international)

le pédoël
le pénoël …
le père noël

J’ inspire à fond, bloque, et souffle…
Quelques espoirs reposent sur moi.
Je ne dois pas les décevoir… mais pourtant, il me semble déjà connaître l’issue de cette histoire.
Il ne faut a priori que quelques instants pour connaître le verdict… Mais les secondes écoulées paraissent être des heures.
Attention, la canule est mise en place! Le verdict va tomber d’un moment à l’autre…
Je ne suis pas rassurée, et l’inquiétude se lit aussi sur les visages de ceux qui comptent sur moi…
Pression sur le réceptacle, la canule se remplie d’air.
Elle se colore… du jaune au vert… tout d’abord lentement…
Puis la machine s’emballe, le vert gagne sur le jaune, dépassant en une fraction de seconde la limite noire que chacun devrait se fixer! Elle pulvérise le jaune qui ne peut lutter, et capitule… se laissant envahir!
C’est mort! Ma canule est verte!
Tous éclatent de rire!
« Heureusement que tu nous avais prévenus! »
Allez, ce soir c’est confirmé… Je conduis pas!

_ « Vous en aurez 3 litres à boire en 4 heures… 2 litres les 2 premières heures, sous forme d’une prise cul-sec toutes les 10 minutes (l’équivalent d’un verre d’eau)…
_ Ouaih! sauf que s’en est pas…
_ Et en plus, c’est pas franchement le top gustativement parlant….
_ J’ai hâte!
_ Vous pouvez vous boucher le nez ceci-dit…
_ Oui, enfin, ça m’enchante pas beaucoup plus….
_ En général, après chaque prise, il est conseillé de se rincer la bouche… Ca atténue le goût…
_ Oui, jusqu’à la prochaine prise…
_ C’est çà!
_ Vous en ressentirez les premiers effets au bout d’une demi-heure.
_ Je sens que ça va me plaire…
_ Quand le résultat sera clair, ce sera bon…
_ Et si c’est au bout de 2 litres, je suis pas obligée de m’avaler le troisième, rassurez moi…
_ Non, vous pourrez vous arrêter!
_ En voilà une bonne nouvelle! (Pour être honnête, maigre consolation…)
_ Allez, courage… C’est pas la mer à boire! Huhuhu!
_ (C’est çà, rigole!)… »

– Putain de noël !
– Ça m’aurait étonné de ta part que tu sois satisfait !
– Putain ! Putain ! De putain !
– Qu’est-ce que tu as ?
– Je déteste la Noël et ses repas à la con !
– Pourquoi ?
– Je sais pas, de voir tout ce beau monde heureux j’ai envie d’être con !
– Tu est pas clair toi !
– Tout le monde se tiens la jambe et gnagnagna et gnagnagna…
– Rien ne t’oblige à y mettre les pieds !
– Rien à foutre, j’emmerde l’hiver et ses fêtes à la con !
– … !

« 08h00! Le compte à rebours est lancé depuis un moment déjà, mais nous ne saisissons l’action que maintenant…
Nous sommes à quelques minutes du dénouement! »
Ici! non… Là!
… Bon sang, mais où est-il? Impossible de remettre la main dessus…
Ca y est, je l’ai… Ok, on devrait pouvoir s’en sortir…
On est dans la course… Mais rien n’est encore gagné!
Merde, il nous en manque!
Encore quelques tours, ne rien laisser!
Etre consciencieux, et rapide à la fois, c’est là toute la difficulté de l’opération. « Efficacité » est le maître mot!
Ca là… le truc là-bas, par ici… et ça, là-bas…
L’heure tourne, la pression monte, la tension est palpable.
« Prends ça et revérifies », surtout, ne rien lâcher! « Quand c’est fait, tu valides et passes à l’étape suivante »
Le temps presse et vient à manquer. L’inquiétude se lit désormais sur les visages…
Reste encore quelques éléments à rassembler.
Là, faut envoyer ferme!
…
Ok, tout est prêt, et validé… plus qu’à charger…
Trois sur le coup! L’opération demande précision et savoir-faire.
…
C’est ok!
Dernière ligne droite!
Un message vocal nous annonce l’approche de la fin.
La cible est en vue; l’objectif à atteindre, à notre portée!
Un dernier effort… peut-être le plus bref, mais le plus intense!
5, 4, 3, 2, 1…
Le gong retentit, les portes se ferment dans un claquement mécanique.
Un moment de flottement, les regards sont figés.
La pression retombe…
Mission accomplie!
Les grands-parents sont dans le train! Destination Paris…
Grand soupir de soulagement…
Les visages se détendent…
Allez, à l’année prochaine!

Dan Carter, demi d’ouverture (de l’équipe nationale de Nouvelle-Zélande, puis de Perpignan) était lui aussi de la soirée…

Oui j’ai un corps plutôt important… mais n’ai-je pas un beau cul??
Mon merveilleux plumage recouvre celui de certaines danseuses de cabaret…et ouais!!

Par un besoin de liberté qui ne s’explique pas,
l’appel de la nature la rend farouche.
Il ne se risque certes pas, à broncher à la déranger,
elle pourrait le blesser, et la solitude l’emporterait
comme la volupté imprudente de « la mouche à la pêche »,
frôlée par un désir toujours plus fragile.

j’ai ôté mes bottes, mon ciré et ma lingerie trempée,
je suis en plein camping avec M. Contantin-Weyer,
suivant les bords de la Loire, nous flirtons avec les courants,
mais au fond de la tente je vois l’ombre pesante,
de cette pantoufle mâchonnée.
il ne lâchera pas son jouet de ses dents acérées,
pourvue qu’il ne s’attaque pas à mon Maurice, mon bien aimé.

Bah quoi? Y a un problème??!!
Tu mets bien ton casque de mp3 sur les oreilles pour t’isoler du monde toi!

esprit vagabond
sans un rond,
esprit libre
sans un livre,
pensée maussade
sans balade,
pensée malheureuse
bien que rieuse…