Errances

« _ Hé!
_ Oui?
_ Ca fait depuis combien de temps que tu travailles ici?
_ Euh, je dirais… environ 6 mois peut-être…
_ Ah oui, quand-même…
Hé, t’as vu ma bague?
_ Ouah! elle est sacrément jolie!
_ Oui, et on peut l’enlever pour l’école, quand on met de l’eau dessus!
Alex, il est où papou? Faut que je parte?
_ Nan Adrien, ta maman m’a dit de te garder pour manger ce midi.
Qu’est-ce qui te dirait?
_ Je peux appeler Maman pour lui parler de ma bague?
_ Elle t’appellera ce soir maman…
Pour l’instant, tu dois manger quelque-chose.
Ca te tente des knakis avec des frites?
_ Mais papou, il arrive quand?
Euh oui, des frites!
Tu crois qu’il est allé se promener Papou? Le médecin lui a dit qu’il fallait!
_ Ne t’inquiète pas, il ne va pas t’oublier…
(…)
_ Je vais dehors!
_ Ne va pas trop loin…
(…)
_ C’est un sacré numéro ce garçon!
_ Oui, il est autiste… dans son monde quoi.
_ Oui, je connais un peu…
(…)
_ Tu viens Adrien? Tu vas finir par manger froid!
_ Oui!
Et je reste là jusqu’à quand?
_ Je ne sais pas, demande plutôt à Alex…
Je te sers un verre de limonade?
_ Oh oui!
(…)
_ Je m’en vais?
_ Tu devrais peut-être attendre…
_ Oui, sinon, Papou il va être perdu… « 

Dans cette boîte je crie.
elle est blanche, affreuse, mélancolique,
détestable.
je voudrais m’échapper,
ouvrir ses petites dents acérées,
qui me retiennent à l’intérieur,
rien ne pousse ici, rien ne vie.

Pour m’échapper je pense à cette jolie boîte
un parallélépipède de 30 cm sur 25 sur 40,
elle n’est pas rigide. Elle est en textile plastique
qui lui permet une bonne isolation thermique,
pourvu d’une glissière elle est très ergonomique.
Elle ressemble à un bonbon acidulé qui fait sourire une fois en bouche,
une friandise rose fuchsia, parsemée de petits poids orange vif.

Mais une fois ouverte la mâchoire se referme sur moi
ce doux bonbon n’était que mon trou coi.

j’ai des pâquerettes dans ma chaussure,
elles y poussent à l’abri du vent,
elles grimpent et s’épanouissent
jusqu’à ce que j’enfile ma chaussure
pour décamper, pour découcher.

Dans mon soutif pousse une glycine,
qui s’entortille et le fleurit,
de grappes bleues mauves.
Elle me condamne à me tenir droite
jusqu’à l’automne prochain,
où les branches pourront céder
où je pourrai me dégager.

_ » Quoi, le patron n’est pas là aujourd’hui?
_ Non, il est parti ce matin à 3h00… Pour dix jours de vacances au ski.
Depuis le temps qu’il en parlait…
Entre cinq et six fois par jour, je ne sais pas comment vous avez pu rater l’info!
_ Ah, oui, peut-être…
Vous allez vous en sortir sans lui?
_ Pas de soucis, on va gérer!
(…)
_ On risque même de mieux s’en sortir, oui!
Toutes les fois où il passe une commande et l’oublie sur le bar, disant qu’il n’a jamais demandé çà…
_ Oui, où quand il envoie deux fois sa commande en cuisine, et que du cou on remonte avec les plats en double!
(…)
_ Ce que je préfère, c’est encore quand il se sent un brin débordé, et qu’il s’installe au bar pour nous demander en urgence un Gascogne sec… histoire de se détendre…
_ Ca c’est fort!
_ Et ça me manquerait presque…
(…)
_ Ouh… Attention!
Tous dans les Starting-block!
_ Quoi? Un gros arrivage?
_ Nan… Mickael et son humeur massacrante s’apprêtent à franchir le pas de la porte…
_ Ouah, je sens qu’on va rigoler aujourd’hui!
(…)
Dans 5, 4, 3, 2, 1… »

Leben
To exist
جد
在
Existir (Esp. Port.)
לקיים
Esistere
在る
Cуществовть

_ » Bonjour M.
_ Ouaih.
_ Qu’est-ce-que je peux vous servir?
_ zyusthptzz
_ Pardon?
_ Ouaih, t’as très bien compris, te fous pas de ma gueule!
_ Oulah! Euh…
Je regrette, mais j’ai pas entendu.
_ C’est ça!
_ Bon, si vous voulez que je vous serve, va falloir me répéter ce que vous voulez…
_ Une 16 je t’ai dis!
_ Ok…
_ Et me regarde pas comme ça!
(…)
_ Et souris pas!
_ Je ne vous regarde pas…
_ Si, et bizarrement d’ailleurs!
T’as vu toi? Tu vois bien qu’elle me regarde bizarre!
_ …
_ Putain, ça m’soule, je t’ai dis d’arrêter!
_ Très franchement, je bosse là!
Et je dois avouer que j’ai mieux à faire que vous regarder bizarrement…
_ Tu me regardes pas, mais tu souries… »
(Oui, et d’ailleurs je ne sais pas comment je fais pour le garder…. le sourire).

« _ Mais c’est qu’elle va nous lâcher!
_ Quoi donc?
_ Ben toi!
_ Comment ça?
_ C’est qu’on t’aurait bien gardée pour faire la saison.
_ Mais il n’ a jamais été question de ça…
_ Qu’est-ce que t’en sais?
_ C’est vrai que si vous ne m’en parlez pas, difficile pour moi de deviner.
_ Oui et puis, il est évident qu’en été, avec une terrasse pleine, on aura certainement pas besoin de quelqu’un d’efficace et qui connaisse la maison…
_ Et qui vous supporte surtout!
_ Bourrique!
_ J’adore!
(…)
_ Oui, oh, ça va!
Fais pas ta maligne!
On sait que tu préfères le sud…
_ Roh oui! Et vous êtes loin du compte…
_ Tssssss… »