Johnny va mal…
Allez, Johnny, tiens le coup, encore un dernier cancert s’il te plaît…
(Merci à Valérie)
Allez, Johnny, tiens le coup, encore un dernier cancert s’il te plaît…
(Merci à Valérie)
Ses petites culottes raccommodées,
j’en possédais un bon gros paquet.
De toutes formes, de toutes couleurs,
j’étais émerveillé par leur harmonie.
C’est cette constance, cette continuité
qui me bouleversait.
Un garçon qui garde si précieusement
les emballages de ses sucettes bariolées.
Un petit garçon qui en moi se brisa,
le jour où je reçu cette sucette,
que l’on ne pris plus la peine d’emballer.
Je n’ai pas pu y aller dimanche dernier, trop de boulot. Une de nos amies un peu folle m’a fait passer cette image avec, au dos, un mot qui veut rien dire, même quand on connaît l’ukrainien.
Ce qui me manque, c’est une « vision » des choses, se disait-il; car il en avait l’intuition. Une conception globale des choses, une vision bien à lui. Cela viendra, se répétait-il, comme s’il s’entraînait pour la saison de lutte à venir_ le saut à la corde, les tours de piste sur le petit stade, les poids et haltères, des choses presque machinales, mais indispensables.
{…}
Mais, il le savait, ce n’était qu’une question de temps pour qu’il parvienne à son tour à imaginer un monde bien à lui_ avec un peu d’aide de la part du monde réel. Le monde réel ne tarderait pas à coopérer.
« Le monde selon Garp », John Irving
Manifeste de la meuf épuisée.
A force d’errances je me suis perdue et je commence à peine à trouver un chemin. Je voulais poster ici des dessins canons et des photos ratées mais quand même réussies sur la plage en Espagne, parler d’actu, de graphisme, d’éditions et d’illus : mais il n’y a que moi. Un grand moi qui résonne au fond des cerceaux vides.
Les cerceaux sont à terre, la danseuse un peu nue les regarde à ses pieds et voit bien dans sa tête comment les faire danser : les couleurs s’y mélangent et en se forçant un peu elle sentirait bientôt la brûlure de son ventre à leur passage. Mais elle reste immobile. Elle sait bien qu’elle devrait se pencher un petit peu, se déhancher peut être, chercher le déséquilibre qui conduit au mouvement, mais elle ne bouge pas. Tout son corps est un marbre qui rêve à l’intérieur et qui ne peut dormir tant les cerceaux habiles au-dedans de son crâne font de bruits et de couleurs. Et elle ne bouge pas. Elle sait qu’elle le devrait, au moins pour que l’effort de la danse fatigue son grand corps pâle et la laisse tranquille à la prochaine nuit : l’épuisement physique est un bon somnifère. Non, décidément, elle ne fait rien d’autre que fixer, hébétée, les cerceaux sur le sol.
Alors un soir elle se dit avec l’aide d’un ami, que commencer par prendre un seul cerceau par couleur serait peut être plus facile que de faire tourner autour d’elle, en passant par les pieds, les genoux et les cuisses, et ce jusqu’à la taille, une centaine de cerceaux impossibles à soulever. Du bout des pieds elle écarte donc un à un et dans un grand silence plein de tristesse amère, un cerceau puis un autre, pour n’en garder au sol qu’une petite dizaine. Non, moins qu’une dizaine, puisqu’il le faut… un frisson la saisit. Regret de renoncer au reste de l’arc-en-ciel, peur d’enfin se lancer dans la ronde du réel.
Au sol près du pied droit, il y eut donc le bleu de mes nuits d’insomnies – ça, vous l’aurez compris. Ici certains racontent leurs cauchemars de la veille, moi je n’en fais jamais quand j’ai les yeux fermés. Il y eut le jaune de l’Ukraine où je suis venue chercher de quoi me fatiguer – j’y ai trouvé du rouge : un beau coup du hasard m’a fouttue en coloc avec trois étrangères qui font de l’humanitaire. Avec elle je vais tous les dimanches à Don Prestarelli visiter les grands-mères de l’ex URSS, ce qui explique pourquoi certains visages âgés s’invitent sur vos écrans. Non, je ne sais pas ce que je fous avec les vieux, ils me poursuivent, c’est tout – mais à la base je ne les aime pas, surtout pour leur odeur, et puis petit à petit… Je ne suis pas une photographe mais une fille obsédée par l’envie de partager un peu de leur amitié, alors j’emmène de temps en temps mon appareil photo et je l’espère bientôt, une petite caméra.
Au sol toujours, il y eut aussi le noir de la terre collante et chaude, qui crie entre mes doigts et commence peu à peu à se laisser modeler. Il y a sous ce noir sombre, les incompréhensions d’un sculpteur soviétique, qui aimerait me rentrer au marteau dans la tête son idée de la sculpture. Je ne suis pas très docile mais je cherche à apprendre cette technique fascinante qui consiste à sortir des entrailles de la terre la matière vivante pour en faire une sculpture. Les « silhouettes de l’invisible » ce sont les carcasses qui restent seules et frêles une fois que nous avons détruit nos sculptures – ici on ne garde rien, ce ne sont que des exercices – chacune a le charme étonnant d’une ombre qui se souvient.
Bleu, jaune, rouge et noir. Je voudrais m’y tenir, comme un nouveau départ pour ce voyage incertain de nos errances communes.
Demain rendez-vous à 7am pour la visite du dôme abandonné
surplombé d’une grande verrière dont il ne reste plus que la structure.
La zone semble ouverte, on escalade malgré tout une barrière.
Quelques structures en tôles, puis cet immense gazomètre datant
du début du 20ème siècle, en briques rouges, témoin d’une aire industrielle
que nous n’avons pas connu.
La mousse envahit le sol en pierre.
Je me hisse sur une fenêtre,
Le sol de cet immense cylindre est rempli d’eau,
elle tourne infiniment le long de la paroi, comme un gué
qui n’aurait plus rien à protéger.
Le soleil s’infiltre à travers toutes ces trouées faisant scintiller
ce bâtiment démis de ses fonctions.
« Ce que je peux nommer ne peut réellement me poindre. »
Roland Barthes
Aussi sûr qu’ils furent présent ce jour là, maintenant ce sont les Autres.
( et un mea culpa sur cette longue absence )
« Ainsi les pinsons de Darwin du genre Geospiza possèdent jusqu’à 5% d’hybrides et forment un complexe de trois espèces distinctes où hybrides et parents spécifiques se repartissent les ressources. Car ce qui a fait diverger les pinsons, c’est l’exploitation de ressources différentes, accusant ainsi la nécessité d’une adaptation singulière.LES HYBRIDES NATURELS NE SE RESTREIGNENT PLUS A UNE FANTAISIE EXCENTRIQUE. La stratégie hybride s’installe au milieu des espèces, détournant les règles au profit de la vie. »
« La guerre des sexes chez les animaux »
Thierry Lodé
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