28 février 2013
27 février 2013
« Max Lampin est bien petit par rapport à ma haine. c’est un sale type, d’accord, mais pas exceptionnel. D’ailleurs, cela ne changerait rien s’il était un petit saint. Alors pourquoi m’en prendre à lui avec une telle violence, une telle hargne ?
Je vais vous le dire.
Lorsque, comme moi on est vieux, pauvre, malade, humilié, bafoué, on n’a plus l’orgueil de ses ennemis. Le premier venu suffit. Il permet de soulager sa bile, c’est le principal. Quand celui là aura servi, on en prendra un autre. l’important c’est de ne pas crever de rage. »
Roland Topor
26 février 2013
25 février 2013
Mon bras.
Je laisse mon réveil sonner, une fois, deux fois. Trois fois. Je ne tends pas le bras. Il me casse la tête mais je ne l’éteindrai pas. Je n’ai pas la force de ça. Je ne tendrai pas le bras. Il va sonner. Encore une fois. Non. Je ne me lèverai pas. Je n’en ai pas envie. Ni moi, ni mon bras.
Mes oreilles hurlent, d’étouffer ce bruit. Mes yeux m’ordonne de chercher ce réveil qui ne s’arrête pas.
Moi, je ne les écoute pas. Je préfère attendre qu’un autre le fasse pour moi. Moi je ne bouge pas. Le temps, lui, le fera. Alors on l’attend, moi et mon bras.
De la dangerosité du quotidien
« Il ne faut pas douter de l’essence dangereuse du quotidien, ni de ce malaise qui nous en saisit, chaque fois que, par un saut imprévisible, nous nous en écartons et, nous tenant en face de lui, découvrons que rien précisément ne nous fait face : « Comment ? C’est cela, ma vie quotidienne ? » Non seulement, il n’en faut pas douter, mais il ne faut pas la redouter, il faudrait bien plutôt chercher à ressaisir la secrète capacité destructrice qui est là en jeu, la force corrosive de l’anonymat humain, l’usure infinie. Le héros, pourtant homme de courage, est celui qui a peur du quotidien et qui en a peur, non pas parce qu’il craint d’y avoir trop à son aise, mais parce qu’il redoute d’y rencontrer le plus redoutable : une puissance de dissolution. Le quotidien récuse les valeurs héroïques, mais c’est qu’il récuse bien davantage, toutes les valeurs et l’idée même de valeur, ruinant toujours à nouveau la différence abusive entre authenticité et inauthenticité. L’indifférence journalière se situe à un niveau où la question de valeur ne se pose pas : il y a du quotidien (sans sujet, sans objet), et tandis qu’il y en a, le « il » quotidien n’a pas à valoir et, si la valeur prétend cependant intervenir, alors « il » ne vaut « rien » et « rien » ne vaut à son contact. Faire l’expérience de la quotidienneté, c’est se mettre à l’épreuve du nihilisme radical qui est comme son essence et par lequel, dans le vide qui l’anime, elle ne cesse de détenir le principe de sa propre critique. »
Maurice Blanchot.
24 février 2013
23 février 2013
le retour
Je travaille, tous les jours et je travaillerais tous les jours de ma vie, car je suis un homme libre.
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Ces ruines n’en finiront pas de me surprendre. Je remonte, passe la tête à travers une crevasse, un rayon de soleil vient me frapper l’épaule et le bas du visage. C’est une ancienne demeure, interdite d’accès depuis des lustres. J’y vient depuis l’enfance. J’ai récupéré des bribes de ce lieu et je lui en ai apporté d’autres ; des gribouillis sur un bout de tapisserie restant, une vieille poupée cachée dans un coin… La plupart de mes histoires y sont implantées. C’est chez moi.
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Elle me fixait depuis déjà un bon moment. Je voyais que c’était mes boucles d’oreilles qu’elle regardait. Mais qu’est-ce qu’elle croit cette conne ? Elles ne lui iraient pas du tout !
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Je me suis retourné, il était tapie dans l’ombre, au milieu de mes bêtes. Je le sentais. Un picotement nerveux remonta le long de mon échine. Je refermais la porte.
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Tu encombres la nuit. Tu fais beaucoup de bruit, pensant qu’on te remarque. Ton pas lourd et irrégulier, tes nerfs tendus, tes muscles gonflés de fatigue ne t’empêchent pas de continuer. Tu extirpes du sol ce dont tu as besoin. Tu portes. Tu plantes. Tu n’arrêteras pas tant que ça ne sera pas achevé.