On a un arbre au milieu du jardin.
Il est beau et c’est un pommier.
Il est vieux et surplombe le terrain.
Mon frère vas s’y réfugier pour bouder.
Moi j’y vais pour me cacher pendant nos parties de cache-cache les soirs d’été.
Au printemps, il est fleurit.
Les bourgeons sur les branches sont en fleurs.
Il est blanc, et au grès du vent, les pétales se décrochent et virevoltent dans l’air avant d’atterir sur la pelouse fraichement tondue.
Les feuilles sont vertes, les corolles ouvertes et les abeilles butinent le coeur des fleurs.
Les fourmis, elles serpentent sur son tronc, reliant le sol à la cime dans un va et viens incessible.
En été, c’est un repère géographique tel le X rouge sur une carte au trésor brulée.
C’est l’arbre de la Guinguette de ma soeur.
L’arbre qui nous protège du soleil, quand le sucre se répand sur la crêpe.
L’arbre qui donne de l’ombre quand le nutella dégoulinent sur la tartine et que le couteau bleu de la dinette découpe dans le vide la frite en plastique jaune qui se trouve dans l’assiette verte.
C’est l’arbre dans lequel les pinces à linge viennent s’accrocher pour retenir les draps qui forment nos cabanes.
C’est l’arbre maudit, où les branches accueillent les campements éphémères des playmobiles les plus aguerries.
En automne les bourgeons deviennes des pommes.
Les branches s’inclinent à terre sous le poids des fruits.
On va cueillir le dessert à même les branches de l’arbre.
On choisit la plus grosse, la plus rouge et la plus haute.
On prend du plaisir à aller la chercher.
On prend du plaisir à la manger.
Chaque année le pommier permet à ma grand-mère de complimenter l’arbre sur sa générosité.
« Oh c’est incroyable ça ! Vous avez encore des belles pommes cette année ! Hein Magali, je disais qu’est ce que vous avez de belles pommes encore cette année ! Il est beau hein votre pommier. Non mais vous avez un beau jardin ! »
En hiver, les feuilles tombent et le pommier déshabillé exhibe son squelette gris et rachitique au milieu du terrain.
Les pommes tardives s’écrasent sur la pelouse.
Nous devons les ramasser pour éviter que mon père durant son inattention ne les broient avec sa tondeuse, et abime ainsi le mécanisme de sa bécame.
Les oiseaux viennent s’y poser pour picorer les boules de graisses qui pendent à ses maigres branches.
On avait un arbre au milieu du jardin.
Il était beau et c’etait un pommier.
Il était vieux et surplombait le terrain.
Mon frère allait s’y réfugier pour bouder.
Moi j’y allais pour me cacher pendant nos parties de cache-cache les soirs d’été.
Aujourd’hui l’arbre au milieu du jardin n’existe plus.
Le pommier est partit, et tout ce qu’il apportait aussi.