l’homme prétend savoir maintes choses, mais voilà qu’elles se sont envolées, les arts et les sciences, et milles applications ; le vent qui souffle, voilà tout ce que nous savons.
henry david thoreau, walden.
henry david thoreau, walden.
frapper sur ton ami
musique de bois dans un territoire abandonné
il y a bien longtemps que la brise a volé le souffle
le grain ne saute pas aux yeux
avant je n’avais rien
le vagin est sous terrain
le col en bas de la montagne
maintenant l’invité calcule les chantiers qui restent à faire
les malheurs de janvier sont arrivés parmi les cent kilos
ton rire me fait avaler plus vite
déglutir en silence
boule de pu dans l’aine
l’âne broute le déshérité
l’étiquette a été collé
sur le flanc de l’animal
l’animal feule quand tu t’essuie l’anus
le brouillon enregistré oublie la majuscule du début.
Une grosse bite m’a giflée
Essayée de rentrer dans mon nez
Elle me glissait entre les doigts
J’ai fini par la serrer entre mes cuisses
Je l’ai coincée
Et la je l’ai découpée
en petits dés que j’ai rangé
dans des sachets
ça sera mon goûter.
Sur le roseau
Le plexus c’est brisé
ça n’a pas fait de bruit quand c’est tombé
Ma moustache dégouline
Une flaque de colle
s’est formé sous mes pieds.
Je croise un homme sur un banc. Il a les traits tirés, des cernes en poches noires sous des yeux fatigués. Il crie à plein poumon, un formidable cri qui n’en finit pas et que j’avais entendu depuis l’arrêt de bus duquel j’étais descendu. Un fou me dis-je.
Quand je passe devant lui il se tait et me dit bonjour. Je lui réponds en pressant le pas. Il me demande si je veux bien crier pour lui. Je m’arrête par politesse et décline sa demande mais il insiste. Pour ne pas le froissé, je pousse un « Ah » timide et éraillé.
Il crie à son tour en m’imitant. Le sien est plus fort et ferme. J’en pousse un autre, plus réussi. Il remet ça encore plus tonitruant. Il me montre son ventre, simule le passage de l’oxygène dans sa gorge. Je m’applique, pris au jeu.
Bientôt je hurle avec lui de toutes mes forces. Je finis par tousser et cracher, à bout de souffle. Lui continu encore sur la même note comme si son souffle était infini. J’ai la tête qui tourne, je m’assoie à côté de lui.
Il se tait. Il me demande de crier une nouvelle fois, juste pour voir. J’essaye mais à ma grande surprise rien ne sort. Je n’étouffe pas, je me sens même léger, pourtant je n’arrive à sortir qu’un petit ah comme un miaulement à peine audible.
Il me dit : voilà, vous avez déballé votre sac et maintenant il ne vous reste plus rien en travers de la gorge.
Il me salue tandis que je reprenais ma route. Derrière moi je l’entends reprendre son crie immense et sans fin.
Il fait froid et piquant
Le bruit du moteur s’est arrêté
Il était parti amener des flocons à la fourrière
Le sol est vide
Les choux ne seront pas récoltés cette année.
:(
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La bétise quoi
J’ai cassé mon collier
En plus il était sympas.
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C’est bon
Il est reparé.
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:)
Je rentre dans une pièce où l’on a jeté deux bureaux, quatre chaises et un meuble de rangements. L’agencement est du type temporairement permanent, du genre on s’y sent mal mais on ne touchera jamais à rien, de peur de casser la routine sans doute.
Je m’installe à gauche en face de la poupée en uniforme qui m’a servi de guide. Elle a une bouche énorme, tirée comme un élastique d’une joue à l’autre. Elle a des petits yeux bleus maquillés et une énorme touffe de cheveu crêpé qui lui donne un air de barbie usée. Son ton est professoral et désobligeant.
Je me dis que j’ai quand même de la chance car l’employée à côté me semble pire : elle répond au téléphone d’un ton traînant en faisant des blagues gênantes. Acerbe et acariâtre, taclant et gueulant la première quand le choses s’envenime. Au moins je sais qu’en faisant profil bas devant miss leçon-de-vie cela filera sans histoire.
La procédure prend quand même du temps. Je la regarde marteler son clavier touche par touche comme si s’était une vieille machine à écrire. Elle a des tics impressionnant quand elle se concentre, passant du citron acide à la redescente de LSD.
Je remarque le lino avec un imprimé de marbre rose. Je me dis qu’il ressemble beaucoup à des tranches de jambons. Des gens vont et viennent dans ce cagibi. Le classique poste radio susurre de vieux titres pops, juste assez bas pour qu’on y fasse plus attention à l’instant où on a reconnu l’air du tube.
L’attente s’allonge. Je commence à être à court de divertissement visuel. À côté, la dame au ton traînant se fait aider par une collègue pour apprendre à remplir un formulaire. « Ha oui, je suis très rapide moi ! » Dit-elle en s’embrouillant dans ses papiers. Sur l’imprimante, collé au hasard sur le plastique gris, des étiquettes de pommes consommés au fil des pauses-goûtés.
Le dossier est enfin complété. Je me lève, elle me sourit, crispée à faire en faire sauter ses zygomatiques. La suivante sur la liste, une femme et sa poussette, s’affale sur le siège. Elle est en pleure et parle déjà d’une voix étranglée mais je n’écoute pas, je suis déjà hors du bâtiment.
j’ai toqué à la porte. derrière il calculait les lunes et les soleils avec son oeil fixé sur la petite machine qui grince.
c’est quoi c’est une radio?
c’est une machine.
je comprend pas.
tu fais du bruit.
il ne m’a plus rien dit et j’ai compris que c’était un secret la façon dont il parle à la lune.
il m’a appelé hier soir pour dire un poème. j’ai rarement vu des mots comme ça. ça finissait par un truc comme « il est déjà minuit ».
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