Imagine une espèce parasite. Des individus qui naissent dans le but de vivre sur la vie d’autres individus. Ajoute a ça qu’ils naisse aveugles, et qu’en réflexe de survie, premier éveil première lutte de la vie sur la mort, ils s’attachent avidement à leurs frères nouveaux-nés. Eux même s’attachant à leur maternelle et pompent les dernières forces qui l’animent. Une chaine de petits parasites se dévorant.
« Je m’souviens lorsque j’secouais mon hochet, J’avais pas tout ces besoins d’phacochère »
On t’apprend à réduire ton espace pour ne pas empiéter sur l’espace des autres. Pas de partage d’espace.
Maintenant, mon espace est réduit au maximum, bien fermé, bien verrouillé. L’enfant curieux et sociable, sera dégouté par sa curiosité. J’ai trop gouté la sournoiserie humaine, l’odeur de périmé. Tout se gâte avec le temps. Nous en premier.
La trinité se trouve sur les trois roues d’un tricycles.
Nique toute forme d’autorité. Je pisse sur ces lois faites pour ceux qui les écrivent. Justice factice, le bandeau qui couvre ses yeux n’a jamais été si opaque. Alors tant que les institutions ne se tournerons pas vers l’ensemble des hommes, leur illégitimité restera assise sur le trône de leur crédibilité. Je ne m’assiérais plus sur mes principes sous prétexte qu’il ne collent pas à ceux que vous véhiculez. J’ai serré les dents à m’en briser la mâchoire.
Je ne prône pas la violence, ce serait traiter l’abject par l’abject. Mais les nerfs sont trop à vif pour que ce soit moi qui brise le cercle de la haine.
Alors brulez les voitures bleues, bruler l’image c’est bruler un bout de l’essence.
Le pronostic vital est enclenché. Asphyxie quasi-complète. Il me reste juste de quoi respirer pour ne pas succomber. La noyade est longue et, comme lesté au fond de l’étang l’homme se met dans tout ses états. Il se tue pour ne pas mourrir. Dans le réflexe de vie, ouvre sa bouche grand pour inonder jusqu’au fond de ses alvéoles pulmonaires.
On est comme des patients cancéreux, aux poumons suppurants et nécrosés, qui entre deux toux fume un paquet entier de cigarettes au pétrole. On repousse inexorablement une fin inéluctable. Toute une population hospitalisée. Ironie d’une civilisation suffocante. Incapable de faire face à ses propres réactions médiocres.
On manque de respirateurs, accusez qui vous voulez, trouvez le bouc émissaire de votre pauvre conscience. Ce manque est le symptôme des additions de nos choix.
Je vous invite dans une paroisse de granite et de vitraux, éclairée par la blafarde de néons clignotants car rarement le jour ne passe ses verrières . Chapelle scintillante de son revêtement de verre pilé. On y entre par la porte principale, sans compter sur les raccourcis. Il vous faudra peut être un temps si vous le prenez pour vous acclimater à la pénombre qui règne ici. L’atmosphère, opaque, épaisse, peut paraitre impénétrable mais en réalité, elle se laisse percer par le regard ce celui qui entend le calme derrière l’écaille lézardée des fresques sanglantes. Au delà des sens, la sérénité prend racine. Il faut alors couler dans ses veines, sève épaisse et lente à la recherche du coeur chaud, strate après strate derrière les sédimentations. L’architecture que vous pénétrez est l’organisme qui pousse de cet enchevêtrement de racines. Un exutoire pour l’âme.
Monde en chantier. Monde de puta. Monde avide, de chiens prêts à mordre pour la liasse. Monde bruyant en chantier ou chacun enfile son uniforme pour creuser son pécule. Chaque bifton en cache un autre. Alors creuses, creusons. Creusons chacun dans notre coin en oubliant le boucan général. Forrons le sol de la Terre, minons chaque ressource monétisante, labourons pour transfigurer l’humus en petites coupures.
On creuse une fosse commune en croyant déterrer nos rêves.
Rico Triple-Fromage est le plus grand déchireur de tickets de cinéma que ce monde ait connu. Il a même reçu une médaille pour ça. Tous les cinémas de la Terre tentent de le recruter via d’aléchants contrats. Argent, hélicoptère, villa, abonnement à vie à Picsou Magazine, tous les moyens sont bons pour compter le garçon prodige dans le leurs rangs. Mais Rico a juré fidélité à son cinéma de toujours: le Gaumont-Pathé de Calcutta. Son score en carrière s’élève à 16987 tickets déchirés, du jamais-vu dans l’Histoire.
À titre de comparaison, le second au classement est James McMalbac avec 9824 tickets déchirés en carrière. Autant dire qu’il n’y a aucun humain dans ce monde capable de faire de l’ombre au champion.
Ce soir est un soir spécial. En effet, durant son service de 19 à 23h, Rico Triple-Fromage pourrait passer la symbolique barre des 17000 tickets. Beyoncé, Elon Musk, Enrico Iglesias, Lls plus grandes stars de l’univers ont fait le déplacement afin d’assister à l’évènement majeur du siècle. La soirée sera même retransmise en direct sur W9. Les rumeurs disent que Rico pourrait recevoir une nouvelle médaille. Cela lui ferait 2 médailles en tout, bluffant. Le dernier Fast & Furious fait des ravages au box-office. Rico Triple-Fromage en transpire des yeux, c’est sa saga préférée et il est très honoré que son 17000 ticket pourrait être pour ce chef-d’oeuvre.
Cela risque d’’être une soirée sous le signe du super.
Comme un envol de nuit dans le silence chargé d’orage. Se tait un temps la rumeur des tumultes, l’oiseau expire, comme le souffle d’un été gonflé de pluie, longuement déversé. Il y a de l’humidité dans l’air, rafraichit par les précipitations. Le volatile sait que ce calme qui résonne une fois finie la clameur, est celui qui doit gagner son âme avant que l’humidité ne se saisisse de ses yeux. Atteindre la vue avant la cécité. La clairvoyance.
J’écrivais convaincu. Crachant mécaniquement l’amertume accumulée, entassée des bassesses dont je témoigne. J’ai transité le mal dans les maux et les maux dans les lettres. Pour que l’affliction ne soit substantielle et que les mots deviennent essence de repentir. J’accepte que l’apprentissage soit un délaissement, comme la montgolfière doit lâcher du leste pour s’élever, l’oiseau digère son contenu avant l’envol.
Les mots comme expiation, comme digestion lente mais brutale. Quitte à voler, que ce ne soit pas dans la tonitruante d’un Rafale mais plutôt dans la quiétude du battement d’aile d’une grue.
Le mal par le mal se consume quand revient l’ataraxie.
La semaine dernière je lui ai tiré dessus. C’était un accident. Je ne sais pas si je suis conne ou quoi, mais je n’ai pas trouvé son pouls. RAHHHH la grosse conne !
J’avais chaud et peur; ça a salopé toute ma combinaison rose.
Je l’ai fais glissé dans la baignoire, et attendu.
Vous comprenez bien pourquoi je ne vous ais pas écris ces derniers jours. Le pire c’est l’état de ces mains.
En le foutant sur le ventre, ça a macéré et coupé la circulation de ses mains. Elles sont toutes plates et bleues.
RAHHHHHH LA GROSSE CONNE !
Si vous avez un conseil n’hésitez pas, avec le confinement je ne sais pas comment faire avec lui…
Je vais tout retourner. Je veux écrire férocement, chaque mot avec l’impact d’une balle. L’arme des mots, les mots pour conjurer la mort. Comme pour enrayer la machine. Une machine qui grandit, qui nous porte et dont les agressions quotidiennes me plombent à m’en saigner au cutter. Cette putain de machine composée de milliard d’individus. On a rien à voir les uns avec les autres. Individuum. Indivisible.
Incompréhension totale dans le vacarme des avions de chasse, des rames de métro, des cris manifestants et de leurs matraques policières, des hurlements porcins ou bovins dans les abattoirs, des respirateurs dans les hôpitaux, des allocutions politiques ouvertement insultantes de démagogie, des publicités aveuglantes et des complaintes superficielles d’une masse d’individus individualistes. J’en gerbe de voir ce bordel constant. J’en gerbe au point que la vue de chacun de mes semblables m’évoque le dégout de la trahison, l’horreur du mensonge, la rage de l’égoïsme.
Avec une histoire comme celle de notre espèce, le tranchant constat est que la chronique chaotique de l’Homme reflète la fierté, l’arrogance, l’égoïsme de chaque individu. L’esprit de vengeance amène au cycle de la haine. Je me venge avec la force de mes armes, des mots tombés du ciel comme des bombardements aériens.
Une vie entière a identifier chaque pièce, chaque engrenage. Ou sont les rouages essentiels, ou est le surplus. Peut être l’exterieure semble irreprochable. La machine peut ronronner sans rien laisser paraitre de ses grésillements internes. Seule une attention profonde peut vous laisser entendre les défauts du mécanisme. Il y a pas de garagiste. Pas plus qu’il n’y a de mécanicien ou de contrôle technique. Même les yeux grand ouverts ne peuvent percevoir l’invisible.
Personne n’en a rien a foutre. Personne. A l’ère de l’obsolescence programmée, la mécanique commune est au remplacement. L’entretient n’est que factice, superficiel. La facilité. L’aisance de la paresse, celle qui anesthésie le corps et l’âme, et qui rend sourd de sa propre détresse, de sa propre incohérence. Ici se tient l’inconsistance d’un moteur en sur-régime, dont les gaines s’usent doucement, et les rouages rouillent a petit feu. Une vie entière.
J’arrache les câbles, les mains dans la graisse, glissent et tachent. Je démonte et remonte chaque partie du moteur. Il faut trouver la source du sifflement qui résonne faux, l’origine de mes grincements. Les pièces de metal froid se réchauffent avec le mouvement, l’animal minéral s’est mis à penser. Une putain de vie entière à rectifier la liesse de ma rage.
C’est dans le but que je trouve le berceau, c’est dans la finalité qu’il y a recherche.
Entrée dans le bourg de Tourc’h, première rencontre : brouillard lourd et persistant.
Les rues sont désertes et les façades vieillies, fissurées, je devine un ancien bar derrière la vitre opaque laissée à l’abandon. Poursuite du chemin, le brouillard me précède et me suis, l’apparence des rares panneaux me fait douter de l’année dans laquelle je vis.
Bar
Dépôt de pain
Crêperie
Épicerie
Tabac
Journal
De la lumière à l’intérieur, preuve de vie humaine, je me demande comment un commerce peut proposer autant de services. Prolongement de l’état des lieux, la mairie se confondrait avec une maison de campagne et prends ses fonctions grâce à son enseigne. La bibliothèque la rejoint et la façade semble elle-même ne pas y croire. S’étonner de l’aspect fantomatique d’un village de campagne de 1000 habitants un jour de brouillard serait hypocrite mais je l’avoue, cette vision pour le moins saisissante appelle grandement à la contemplation. Commence alors une quête, celle consistant à rechercher les protagonistes du lieu, car ils existent c’est certain, personne ne s’embêterait à ouvrir un commerce proposant pas moins de six services si ce n’était pas le cas. Une voiture se gare, deuxième rencontre : monsieur, regard appuyé m’étant destinée, je suis démasquée. Sensation inévitable qui est celle de l’étranger, un peu intriguant, un peu menaçant, toujours repéré. Troisième rencontre : madame, se demande ce que je fais plantée là sous la pluie. Regard méfiant et légitime, je suppose, envers l’appareil photo. Je continue l’exploration, m’éloigne vers d’autres rues, la quête devient plus difficile. Et pourtant, quatrième rencontre, la patience porte ses fruits : adolescent, passant sur son vélo, ressemblant à un virevoltant d’un film de western et disparaissant dans une masse verte désaturée par le brouillard. Brides de vies qu’il faut saisir au vol ou aller chercher derrière les murs abîmés, il y a matière à découvrir pour qui prends le temps, se familiarise, questionne un peu, s’y attarde longuement.
Je suis parti en guerre. Je suis parti en guerre pour faire comme les Hommes. Je suis parti en guerre, esclave de mes propres pulsions. Je suis parti en guerre avec l’automatisme des foules. Avec l’acharnement de celui qui est persuadé. Non-seulement de sa légitimité mais de sa raison aussi. Il n’y a pas de petit conflit, chacun d’eux s’ajoute à la somme du chaos. Je suis parti par la pulsion et c’est la pulsion qui me discrédite à mes propres yeux. Suis-je le pantin de ma rage pour ce monde abjecte. Suis-je réduit a combattre avec la seule force de la colère? Je ressens cette même putain de haine à mon égard chaque fois qu’elle s’exprime, irrépressible comme un sanglot. Quand la pulsion laisse place à l’autre.
Je suis parti en guerre du mauvais pied. J’ai voulu bruler le feu qui me consume. Je suis en fait parti en guerre contre moi-même. Et j’ai brûlé et je brûle encore et je me demande maintenant, s’il y a de guerre contre l’autre. Surement que le recul que je prend ne m’a pas fait avancer d’un pas. Je suis, l’émetteur et le destinataire de mes paroles tranchantes, de cette sale bile. Je crache à la face de l’Homme. Je crache sur mon propre visage avec un sourire d’homme. Le sourire de l’aveugle assuré qui dit: « regarde, un char d’assaut ».
The cars hiss by my window
Like the waves down on the beach
The cars hiss by my window
Like the waves down on the beach
I got this girl beside me
But she’s out of reach
Headlight through my window
Shinin’ on the wall
Headlight through my window
Shinin’ on the wall
Can’t hear my baby
Though I called and called
Windows started tremblin’
With a sonic boom
Windows started tremblin’
With a sonic boom, boom
A cold girl’ll kill you
In a darkened room