Le début d’une mauvaise blague
C’est une espagnole, une italienne et une française qui ratent leur bus et doivent l’attendre cinq heures au milieu de nulle part en Lituanie.
C’est une espagnole, une italienne et une française qui ratent leur bus et doivent l’attendre cinq heures au milieu de nulle part en Lituanie.
Un espace vide plein de lumière fantastique
Avons-nous vraiment rencontré?
Avec quelqu’un qui ne peut pas sortir d’un rêve et
les gens qui ne rêvent pas ne sont pas vraiment si différents
On parle la même langue mais dit l’autre chose
On parle des langues différentes mais dit la même chose
Sais-tu comment passer de l’espace à l’autre?
Des fragments de rêves que j’ai laissés à Varsovie
Certains sont entrés dans ta bouche
Certains étaient courus dans les égouts
Les mots sont dispersés et seules les images rémanentes restent
Je me suis endormie dans le train
J’ai fait un rêve qui ne se réveille pas
À Varsovie, lors d’un voyage en Pologne
elle est déçue, mais elle essaye de ne pas prêter attention à ces perles nacrées pourtant éraflées
dès qu’ils perdent de leur éclat, elle est tentée de les jeter
Je rêve d’un appart au 7eme étage, d’une vue au dessus du bruit, d’une vue sur les fenêtres d’en face, d’une vue sur les vies, d’une vue sur le monde.
14.03.230
Après un mois d’épidémie, les médecins débattent encore sur la nature des céphaloblastés. Le 8 frimaire 230, plusieurs états commencent à rapporter des cas d’absences : un état de quasi-mort dans lequel tombent plusieurs victimes quelques jours après leur explosion crânienne. Leurs corps s’affaissent sans vie. Mais à la surprise médicale, certains se raniment après quelques minutes, heures, jours, certains quelques semaines. L’ordre médical s’est réunit aujourd’hui, dans le Palais des Congrès de Koudymkar, pour débattre de cet état d’absence.
Nous n’avons pas assez de données pour établir la nature de cet état inédit. Leur retour à la vie est très déstabilisant. Nous confie le docteur Victor Moroz, premier médecin à avoir décrit l’absence. Certains de mes patients sont revenues après cinq jour, leur corps sans vie avaient entamés leur décompositions. Cela entraîne des complications inédites, souvent suivies par une nouvelle, et certainement définitive, absence.
Une commission d’enquête du ministère Eurasiatique devra fera demain son rapport après avoir réaccueilli les témoignages de dizaines céphaloblastés survivants aux absences. Un rapport très attendu par le congrès des médecins qui espère trouver une solution préventive à cette nouvelle forme de décès qui s’annonce de plus en plus commune, au vue de la progression épidémique.
Beaucoup de regard sont tournés vers Oural Matacykl, pionier inattendu des prothèse crânienne, qui a annoncé aujourd’hui le lancement d’une branche dédiée au prothèse de crâne: Oural Prateznyja. Théon BratFranck, premier céphaloblasté porteur de prothèse est présent sur le congrès, il prendra parole demain.
Malgré le silence des parlementaires et ministres du continents, l’acquisition publique de la firme prosthétique est beaucoup discutée. On discute, au sein du congrès, de plans de fabrications et de distributions publiques de prothèse. Les prosthéto-scéptiques seront nombreux demain pour une journée qui s’annonce, au-délà du plan médical, historique.
Biba a commencé à parler de l’histoire de sa grand-mère de quatre-vingt-deux ans qui voulait fumer du cannabis car elle n’avait jamais essayé. Le bar était bruyant, la musique et les voix se mélangeaient mais le bruit ne m’a pas emporté.
Elles sont partis entre femmes; sa mère, sa tante, sa grand-mère et elle. Elles n’ont pas fait les choses à moitié et sont allées jusqu’en Jamaïque. En réalité, la tante ne voulait pas que la grand-mère fume. Par conséquent Biba a occupé sa tante, et sa mère s’est occupée de faire fumer la grand-mère. Ensuite j’ai eu droit à visionner une vidéo d’une grand-mère de quatre-vingt-deux ans complètement arrachée. Biba riait et je riais, puis elle a continué. Sa grand-mère est en fauteuil roulant et elles voulaient aller à la plage. Elles ont dû louer un fauteuil à Cuba avec des roues énormes pour aller sur le sable, on aurait dit des roues de 4×4. La photo de sa grand-mère avec maillot, lunettes de soleil, transat et sourire jusqu’aux oreilles restera longtemps gravée dans ma tête. Biba a fini par nous montrer des photographies noires et blanches de sa mamie mise en scène, elles étaient magnifiques. Après elle a marmonné quelque chose que je n’ai pas compris et je lui ai demandé de répéter. Elle a répété. Dans quelques jours ça fera un an que sa mamie est décédée. Ces yeux se sont remplis d’eau, je ne l’avais jamais vu comme ça. J’ai eu envie de pleurer mais je le lui ai laissé. Je l’ai prise dans mes bras et Paula m’a rejoint.
Je vois pas le temps passer, les problèmes n’existent plus, on s’embrouille pour un petit rien parce que tout va bien. Voyage par intermittence.
Chaud froid chaud froid chaud froid
Arrive comme une trahison aux moi(s) d’avant
Vient tout foutre en l’air
Le village s’était mis en branle. Fallait qu’on sache, partir ou non. L’angoisse prenait tout le monde aux tripes, semait des débats houleux, des bourrasques d’agitation qui laissaient des embruns amers sur les lèvres. La peur que la côte s’effondre jusqu’à notre village nous faisait vriller. Un conseil avait lieu. L’assemblée réunissait tous les gens du coin. J’essayais de rester calme. Nous n’étions pas sur la côte la plus élevée. Nos terres avaient déjà eu droit à un traitement de désartificialisation et les sols revenus à eux-mêmes, ou restés naturels, sont plus solides, on le sait. Mais un paradoxe tourbillonnait désormais. Était-ce parce que nous enlevions le bitume que le littoral s’écroulait ? C’est ce que beaucoup pensaient. Le pacte planétaire stipulait clairement que la décontamination était primordiale, que ce soit pour les sols pollués par la chimie moderne ou ceux simplement couvert de bitume. Mais si… mais si ce pacte avec la planète rédigé il y a cent-cinquante ans consistait en autre chose qu’une méthode explicite qui nous dictait ce qu’il devait être fait ou non. Nous nous contentions de suivre chaque point et chaque sous-point à la lettre. Certains en avaient perdu le sens : vivre en harmonie avec son environnement, abandonner ce qui corrompt la terre et l’air, redonner un souffle à la nature… Cela demandait de l’adaptabilité. Un type qui ne voulait rien entendre donna un coup dans un des monticules d’asphalte au coin de la salle. Ces petits tas, multiples fragments de bitume arraché, s’élevaient au fur et à mesure que nous en arrachions du sol. Des sortes d’autels qui s’érigeaient aussi bien près des champs anciennement recouverts par le béton que dans nos habitats. Cela permettait de nous souvenir. Ne pas oublier pourquoi nous étions toujours là, ne pas oublier le pacte. Même si je me rendais compte qu’il n’était devenu qu’un mode de vie auquel on ne réfléchissait plus, que nous ne réinventions plus…
Très bien sapé debout dans le bus cravate à minis pois bien coiffé
Chaussures nickel
Petits bouts des manches de chemise (blanche) qui dépasse légèrement du veston
Debout dans le bus en mode debout à l’aise, on fait des loopings et il ne vacille pas
Attitude blasée main dans la poche, sort négligemment son tel, n’est toujours pas sensible à la gravité du bus visiblement
Ne regarde pas son tel car pas besoin de ces conneries jsuis un homme de la vie moi, je le fais passer pour un mec excessif mais en vrai il a l’air plutôt discret
Un peu a côté de ses pompes super cirées
Quitte à aider, je commence à ressembler à un vrp (mais sans voiture)
Si le père Noël accepte de me rhabiller un peu.
J’suis pas contre :
– une chemise classe et tranquille
– une ceinture marron
– peut être des groles d’hiver pour aller avec la ceinture (mais c’est galère de trouver sa taille même sans avoir un nevrome au pied)
(Puis vous savez à quel point je lutte a trouver chaussure à mon pied)
au lycée je m’enfermais dans les toilettes pour pleurer, maintenant je m’enferme dans les toilettes de l’école pour m’y faire vomir
quand est-ce que ça s’arrête ?
je rêve d’un bouton « volume » pour baisser le son tout autour de moi, faire taire les autres et me noyer dans mon silence
Il y a trop de bruit
Je n’en peux plus
Dans mon rêve, je rentre dans cette pièce sans issues. Il y a une fenêtre mais elle ne mène nul part. J'essaie de l'ouvrir, mais je retombe dans la même pièce. Tel un piège sans fin, peut-être le reflet de mon esprit, torturé par l'envie de s'évader.
J’ai peur que Thierry soit fâché contre moi. Apparemment il me cherchait partout dans l’école tout à l’heure. Pardon Thierry j’arrive pas à me concentrer sur grand chose ces derniers temps. A partir de maintenant je vais être exemplaire, promis.
Personne ne sait plus grand-chose. La mémoire est caduque. L’homme créa des palliatifs mnémoniques: la prothèse mnémo cérébrale, le langage mnémo brulant la rétine et même des compléments alimentaires mnémo. La population mondiale dépend d’un système de consommation qui profite à tous, les producteurs, les ouvriers, les directeurs, les consommateurs. L’argent fluctue constamment. C’est l’enjeu de la survie humaine. Grâce à ces consommables mnémo progressistes, certains hommes peuvent pousser leurs souvenirs sur plusieurs années. Un progrès pour l’homme et la technique, profitable pour la « Table Ronde ».
C’est vrai que la multiplication des effondrements ces derniers siècles dû notamment aux catastrophes naturelles, poussa à remettre en question la fatalité humaine. Le réchauffement climatique était en premier lieux contenables mais dans sa décroissance trop lente il rompit une limite crainte. Les séismes causèrent de multiples tsunamis et s’ensuivirent même des fractures dans la sécurité de centrales nucléaires qui à l’explosion de leur cœur rendit certaines régions du monde inhabitable. Malgré ces catastrophes, ce fut les pandémies mondiales de la fin du 21ème jusqu’au 22ème siècle qui eurent raison d’une majeure partie de l’humanité jusqu’à ce qu’on en soit rendu à bout. Cependant, chaque pandémie et catastrophe eurent une fin, donc une solution. Des fermes verticales en masse gérées par des I.A. pour le restant de la population afin d’obtenir un contrôle sanitaire et nutritif, et l’amélioration de bioprothèses et mécaprothèses pour les soins. Une société qui avait accepté d’utiliser ses outils pour survirer isolée.
Des « cyborgs », ces comme cela qu’on les fantasmait mais l’homme à toujours étaient dépendant de ses outils. Sur 200 ans la Terre avait perdu 98% de sa population, mais les restant étaient tous.te.s presque immortel.le.s sur une planète ravagée. La perte de la mémoire, seule la « Table Ronde » s’en souvient. L’homme était donc lié à la machine, isolé de tout, programmant des machines qui se chargent de chérir la Terre et ses occupants. Ce qui en résulta malheureusement était la perte mondiale de la mémoire qui toucha chaque famille. Peu savent pourquoi et comment mais ceci signa un tournant définitif sur la condition humaine. La « Table Ronde » sait que la Terre ne sera bientôt plus. Elle n’a jamais cessé de mourir. Elle le sait depuis le 20ème siècle et prépare dès lors la future immortalité de l’homme.
Je suis reparti tôt du chantier. Quelques échantillons à analyser me suffisaient pour comprendre l’état du sol. Sur le retour, je suivais des chemins d’herbes où des plantes salines avaient repoussé. Le glapissement des vagues les berçait, m’emportait… Quand soudain, un grand déchirement, derrière, au loin. Je fis demi-tour, vite, les pâtes en sang, couru à m’en couper le souffle. Je foulais à nouveau la route bétonnée mais au bout, à la place de la grande dalle, celle qui cachait l’horizon et la mer, rien que le ressac frappant des gravats. La côte s’était effondrée. Les types de l’époque du macadam ne pensaient pas aux autres. Ils ont rendu la terre fragile, c’est presque beau. Ils nous ont laissé le pied léger sur un sol délicat. J’avais déjà entendu ce genre d’événement à la radio locale, vestige des moyens de communication passés, activée deux trois fois par mois. Les sols sous nos pieds fondaient, étouffés par le béton qui les recouvrait, malades de la merde qu’une autre époque y avait fourré. Y en a qui disent que ça s’est juste érodé, moi je dis que ça reste souillé.
Je me suis relancé dans une course folle pour revenir au hameau, l’écho de l’éboulement avait résonné jusque-là. Certains avaient compris. Des chevaux ont été préparés, des vélos graissés, un type a même proposé de sortir le char à voile mais les vents soufflaient trop faiblement…
Fin de la journée la plus longue de la terre : mes super amies ont fait une marmite de coquillettes aux légumes et c’était incroyable, ça m’a rempli le corps et le coeur, j’espère réussir à m’endormir maintenant
ACTE I
Scène 1
GERMAIN ET OMBELINE
Ombeline joue du piano, Germain arrive en trombe, un papier à la main.
GERMAIN Arrête de jouer du piano !
OMBELINE, pianotant encore un peu. Il y a des manières pour dire les choses.
GERMAIN, fait semblant de fermer le piano. T’as vu ma lettre au Père Noël ?
OMBELINE Oui, tu me l’a montré mardi. Il y a un château-fort, un salon de princesse et une chambre de princesse playmobil.
GERMAIN Ah. Tournant avec fierté sa feuille. Mais est ce que tu as vu ÇA ?
On distingue sur la feuille une image de déguisement de policier maladroitement découpée et collée.
OMBELINE Oh génial un déguisement de policier ! Trop stylé.
GERMAIN Oui, il y a des menottes, un pistolet, un pantalon pour pas recevoir de balles, un gilet pour pas de recevoir les balles, un chapeau et un pull…
OMBELINE Pour pas recevoir les balles ?
GERMAIN Oui voilà !
Germain retourne a ses occupations, Ombeline reprend le piano.
ACTE I
Scène 2
GERMAIN, OMBELINE
Germain et Ombeline sont installés à table pour le goûter.
GERMAIN Ahlala, j’aimerais tellement avoir le déguisement de policier
OMBELINE Ce serait chouette.
GERMAIN Surtout les menottes.
OMBELINE, distraite. Ah oui ?
GERMAIN Oui… Comme ça quand tu viendras…
OMBELINE, brusquement, sur le ton de l’humour. N’y pense même pas !
GERMAIN, malicieusement. Si si. J’ai bien regardé sur la photo je les veux parce qu’elles sont à ta taille.
Ombeline pouffe de rire.
GERMAIN Tu fais quel taille de poignet d’ailleurs ?
OMBELINE, très sérieusement. Du S.
GERMAIN Non mais en vrai ! Une vraie taille…
OMBELINE Je sais pas moi, regarde.
Germain évalue la taille du poignet de Ombeline en l’entourant de ses doigts.
GERMAIN J’étais sûr, c’est la taille parfaite. C’est ce que j’ai vu sur le catalogue.
OMBELINE, mimant le désarroi. Ah mince…
Les deux protagonistes changent de sujet puis restent silencieux quelques minutes. Germain prend enfin la parole.
GERMAIN, sur le ton de la confidence. Au fait tu sais c’est faux, j’ai pas regardé la taille des menottes, c’était une blague hein…
je suis malade j’arrive pas à réfléchir et ça fait 3 jours que ça dure. on m’a planté le nez deux fois en moins de 24h (peur du COVID quand tu nous tiens) mais c’était négatif, j’ai l’impression d’avoir échoué le test. j’ai une barre au crâne c’est dur de regarder mon ordi.
Lorsque l’énorme machine fut extraite du sous-terrain, l’équipe métallique de Bianca Marv commença à descendre les escaliers qui suivaient les parois de la profonde fosse rectangulaire. Les pas de chaque robot contre les marches de métal résonnaient dans toute la galerie, une symphonie qui devenait de plus en plus angoissante à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le sous-terrain. Il commençait à faire noir. Le fond de la galerie verticale n’avait pas eu le temps d’être aménagée proprement par la foreuse, tout avait été laissé en plan depuis la dernière fois. À la station planétaire, on assistait à un spectacle étrange, toute une équipe de recherche, debout au milieu d’une grande salle vide, effectuant des mouvements incohérent avec leur environnement, leur regard fixant des objets inexistants. Ils étaient tous équipés de CCMCD, des « Combinaisons à Capteurs de Mouvements pour Contrôle à Distance ». C’était la solution qu’avait trouvé Bianca Marv trois mois plus tôt, le projet avait été réalisé par le CRIP en un temps record. Cette technologie existait déjà, mais on ne l’avait jamais poussé aussi loin. Projeter les mouvements d’un corps entier vers celui d’un robot était un exploit, surtout avec cette précision de mouvement. C’était une preuve de l’importance que le CRIP donnait à cet étrange disque.
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