Il y a chez moi une pochette bleue.
Ce qu’elle renferme n’est pas très rose.
Des tresses dans les cheveux,
détresse dans les yeux,
je l’ouvre morose.
Ancienne endosymbiose.
Me sautent aux yeux,
des sourires heureux.
Récente overdose.
Narcose cardiaque,
je suis insomniaque.
Mon cerveau est un cloaque,
tombeau d’immondices,
mes joues couvertes de cicatrices,
j’essuie les claques.
Il y a chez moi une pochette bleue.
Ce qu’elle renferme n’est pas très rose.
Des tresses dans les cheveux,
détresse dans les yeux,
je suis remplie d’ecchymoses.
Les vieux sont à la table qui est collée à la fenêtre
Sur une partie d’échecs bien entamée il y a le timer électronique à côté.
Le joueur de droite s’est retiré en arrière sur sa chaise, il a l’air satisfait de son coup pendant que le front de son adversaire se plisse de plus en plus
Sur les chaises d’à côté deux autres hommes regardent la partie avec une pointe de jalousie
Les galeries Lafayettes c’est dépassé
Ma vitrine de Noël c’est eux, et la scène qui se joue derrière une vitre que je ne franchirais jamais
Ma voisine reçoit des fleurs, tandis que j'observe l'autel dans un recoin de ma cuisine. Les restes d'un "nous", passé sous silence.
Souvenirs brûlants de douceur et de violence, dans mon coeur à vif.
Par le trou de la serrure
Et par le velux entrouvert
La fiction se déploie dans les interstices
Ce que je ne vois pas c’est toujours ce que j’aime le mieux
On ne voit que ce que l’on veut voir.
A mes yeux,
Ce ne sont plus des chaussures;
Ce sont tes chaussures.
Aujourd’hui je repasse la frontière pour la première fois depuis 3 ans. L’Allemagne, c’est mes meilleurs souvenirs de jeunesse. Puis je me souviens que le soir de l’Appel, tu étais en Allemagne. Nos visions de ce pays doivent être diamétralement opposées, je suppose…
Congratulations, you’ve been pretending to be human so well
Ecrire, écrire, écrire et encore écrire. Ecrire sur toi.
Je m’en veux car tu ne le mérites pas.
Je m’en veux d’avoir encore besoin d’en parler.
Je m’en veux d’attendre que ce soit toi qui recolle les morceaux que tu as brisés pendant un an et demi.
Je me sens ridicule de vouloir en faire en projet.
Je me sens ridicule de ne pas savoir comment passer à autre chose.
Je me sens ridicule car je me bloque toute seule.
Je me fait du mal car j’ai besoin d’exorciser ce qui s’est passé.
Je me fait du mal à prétendre.
Je me fait du mal et je mets mon année en danger (encore une fois).
A cause de toi. Et surtout à cause de moi.
Il y a un truc qui m’énerve chez les gens qui dorment. Leurs bruits buccaux. Leur respiration. Leurs positions désarticulées.
Ou tout simplement le fait que je suis encore réveillée à les observer.
(Je dédicace ce texte à B. Tu devrais être heureux d’avoir survécu à cette nuit. Tes ronflements m’ont très clairement donné des envies sérieuses de meurtre.)
dans la ville de mon ancien collège, j’ai croisé un gars dont la tête m’était familière
je suis sûre de le connaitre
sûre d’avoir été dans sa classe
en sixième
peut-être en quatrième aussi
c’est un adulte et pourtant je sais que c’est lui
quelque chose dans le regard et la démarche
il ne me reconnaît pas
comment le pourrait-il
j’ai l’impression d’être indétectable
pourtant si son prénom me vient si rapidement, qu’est-ce qui me différencie de lui ?
qu’est-ce qui reste de celle que j’étais à 10 ans ?
est-ce que ça se voit
dans mon regard
dans ma démarche ?
je ne sais pas s’il perçoit quelque chose
ou s’il n’en a rien à faire
toujours aussi cynique
qu’en deux-mille douze
Le ciel passe du blanc au gris, du gris au bleu, du bleu au noir. Mon corps a du mal à retrouver ses forces et les jours passent comme un nuage de coton. Je m’éveille, je m’endors, le diable appuie sur mon crâne et m’empêche de bouger ; j’ai tout le temps du monde – je pense à mes amours, et je pense à Venise.
Mon ratio eau-café est complètement cassé
Les tasses ici sont gigantesques.
C’est drôle cet espèce de stress, qui se transforme en excitation, celui où j’ai chaud aux joues. Je finis toujours par faire des blagues.
Ça fait quatre nuits que je dors mal j’angoisse ça veut pas s’arrêter là haut j’ai lu sur internet que j’étais peut être en burn-out et je me suis dit que c’était quand même un peu jeune 21 ans pour faire un burn-out.
Ici on ne parle pas, regardez les avec leurs traumatismes enfouis. Ici on fait preuve de discrétion, on ne veut pas être l’intrus dans l’intime. Pendant que mes poumons crasseux sifflent et se vident ça m’apprendra à fumer comme un pompier je fais que de pleurer alors que c’est noël et elle me dit que faut pas pleurer parce que yen a qui sont plus malheureux que moi alors qu’elle pourrait me demander ce qui se passe dans cette tête fiévreuse à quasi 39 degrés. Ici on ne parle pas et souvent j’ai l’impression de pas les connaître finalement ces deux enfants géants que je côtoie depuis si longtemps. Ça me rend trop triste bref je pleure encore joyeux noël.
Regardez les, noyés dans le sombre, l’air renfrogné sur le canapé, les bras croisés. Regardez la qui accroche les boules dans le sapin, la lumière est triste alors elle allume des bougies mais ça change pas grand chose. Le sapin c’est toujours le même il a perdu la moitié de ses aiguilles et il paraît tout petit maintenant. Ya quelques décos qui rappellent des bons souvenirs, elles semblent venir d’un temps où Noël c’était pas capitaliste : certaines boules sont en bois peint un peu élimé par le temps. On dirait des vrais objets rituels d’une vraie fête, qu’on fait pas par habitude. Regardez les en même temps iels sont heureuxses de se retrouver, malgré le carrelage tout froid par terre.
il y a la bande originale des demoiselles de Rochefort dans la CDthèque de mes parents
je la mets, comme si j’avais besoin de la jouer pour en connaitre les paroles
– tu rentres déjeuner ?
– oui, mais pas avant une heure !
Elle gambadait avec ses petites pattes sur le plancher. Je la regarde, puis mon esprit passe à autre chose, je mets mon ordi à charger et finit par éteindre la lumière. Les yeux fermés, je commence à somnoler puis je repense à elle. Elle et sa carapace marron verte, elle et ses petites pattes. J’ouvre les yeux. Je rallume la lumière, elle est sur le fil du chargeur de mon ordinateur posé sur la table de nuit. Prise de fatigue je replonge dans des rêves. Et je me souviens d’elle, et de son petit corps. Je rallume la lumière, elle est là, toute proche, sur le bord du lit à côté de ma tête. Je garde mon sang froid, et je réfléchis. Je pense alors à ma chaussette salle de la veille de l’autre côté du lit, je la saisis, puis sans être sûr de ce que je fais et de pourquoi je le fais, avec cette chaussette rose à paillette, je donne un petit coup à la punaise à côté de ma tête. Elle retombe sur le plancher. Nous avons ensuite continué notre nuit chacune de notre côté.
Maladresse chronique et la conviction que tout peut tenir en équilibre sur un tout petit bord.
J’aime bien la terrasse de mes parents. Les carreaux de carrelages ont tous été mis dans le même sens.
Si mon père arrêtait de toujours tondre la pelouse, peut-être un jour je verrais cette fleur.
il se déclare vieux con
pour nous faire réagir
mais comme c’est un vieux con
on a rien à redire
quand il parle, on se tait,
mais lui coupe nos paroles
balbutie et étaye
garde le monopole
il a dû être grand dans une vie antérieure
pas celle-ci
et plus il rapetisse et nous fait des frayeurs
plus il nuit
Cette année j’ai deux marrons et, par hasard, je n’offre que des tomes 2.
Je me demande ce que ça veut dire.
je prends des vacances qui me font un bien fou, je ne vous oublie pas, on se retrouve dans dix jours