Je crois que je cherche beaucoup à me discipliner, à revenir à mon moi de quand j’étais petite, qui s’enfermait dans sa chambre avec un J’aime Lire, un puzzle ou un coloriage, et que l’on entendait pas pendant des heures. En grandissant, j’ai longtemps eu le fomo. J’avais peur qu’on finisse par m’oublier si je ne pointais pas régulièrement le bout de mon nez.
Aujourd’hui, je crois que j’ai un peu envie qu’on m’oublie. Je pense que ça me va, de laisser des petites traces de moi par-ci par-là dans les vies des gens — et me dire qu’un jour quelqu’un peut retomber dessus et ne penser à moi qu’après un long moment.
hésiter à s’asseoir au bord du trottoir, regarder passer les voitures, s’accouder au pont, l’eau coule avec pleins de déchets. mon œil ne répond plus. psy médecin magicien venez à moi car je ne vous chercherai pas.
Quand je suis assez motivée le dimanche, je passe aussi un petit coup sur ma table basse pour mesurer le niveau de poussière.
Puis je sélectionne deux chiffons du placard sous l’évier : un sec et un autre que je mouille, et je fous tout le contenu de la table par terre
Tout doit avoir été dépoussiéré pour qu’à le fin il me reste juste à passer l’aspi, voire parfois la serpillière
Le problème avec cette méthode c’est qu’il faudra parfois attendre encore 2 dimanches pour que je retrouve l’énergie de finaliser mes piles et de dépoussiérer le reste.
Le problème avec cette méthode c’est que je me déconcentre facilement. Je m’arrête pour regarder par la fenêtre les gens en bas et pour regarder une recette de gâteau sur mon téléphone. Je vais sur Instagram. Je décide de faire le gâteau maintenant et pas la la fin parce que j’ai surtout pas envie que la farine qui va tomber de la table vienne salir le sol tout propre. Je m’assois par terre entre mon balai, son petit t’as de poussière, mon lit mal refait et les meubles que j’ai déplacés. Je retrouve des trucs
Parfois c’est des trucs que j’aurais préféré ne pas retrouver, des trucs que j’avais soigneusement cachés. Comme j’ai du mal à jeter, j’ai pas voulu m’en débarrasser à 100%, et j’ai pas trouvé de meilleure solution à mon problème. En fait c’est pas rare de croiser, en s’arrêtant dans ma chambre, le regard d’un pot de yaourt solitaire, vide, censé me servir pour mes mélanges de peinture.
Désormais l’étape de l’aspirateur est devenue dans mon esprit synonyme de récompense, cerise sur le beau gâteau du travail accompli.
J’adore me battre, aujourd’hui j’ai joué à Fight Club pendant 4h50.
Arme de prédilection : le pinceau. Match à égalité : j’ai pleuré mais je l’ai maintenu au sol jusqu’à la fin de la journée.
Oh non oh non la première tristesse insensée mais on est qu’en octobre, je garde mon calme c’est peut-être juste mes hormones de femme folle, c’est pas déjà l’hiver, c’est l’automne et tout va bien. Pas envie d’avoir à gérer des fuites d’eau dans le cœur, toujours des infiltrations dans cette baraque, la tuyauterie est déglinguée, c’est pas ma faute vraiment je suis née comme ça, et j’ai pas envie de finir mes phrases aujourd’hui, alors tu te démerdes avec la ponctuation J’ai envie de mettre une culotte de rechange et ma brosse à dent dans mon sac à main, et de partir, n’importe où et pas trop loin, une autre ville, un autre air. Aujourd’hui je me sens vulnérable, trop exposée. Comme un lapin dans un champ, quand il y a des rapaces dans le coin. Les regards me troublent j’aimerais qu’on ne me regarde pas, mais je veux être perçue quand même, exister très fort. J’aimerais être juste ces textes et rien de plus, être un feuilleton, , je suis trop fatiguée d’être une personne entière aujourd’hui, quitte à tomber dans la caricature je voudrais être moins
J’ai trouvé deux traductions pour errance en russe :
STRANSTVIE Voyager ou marcher n’importe où. bien au-delà de sa résidence permanente.
BLOUJDANIE changer de direction, pour passer de l’un à l’autre, sans se concentrer sur quoi que ce soit. (pour parler du regard, des pensées). Errer des yeux.
Après je suis tombée sur l’étymologie de bloujdanie et le personnage du Bloud de la mythologie slave, qui m’avait complètement échappé, merci wikipédia:
« Le bloud, est présent dans la mythologie ukrainienne, russe et polonaise, c’est un mauvais esprit qui provoque la désorientation dans l’espace et conduit les personnes à tourner en rond à la recherche de leur chemin. La désorientation peut survenir aussi bien dans un endroit inconnu que familier, de jour comme de nuit. » Peut s’apparenter aussi au Liéchi (esprit de la forêt) dans la mythologie russe. « Sa peau est bleue comme son sang, sa barbe et ses cheveux sont faits de mousse, et ses vêtements de fourrure. Il est capable de se transformer en n’importe quel animal ou n’importe quelle plante de la forêt et peut apparaître et disparaître à sa guise. Tous les animaux lui obéissent. Le Liéchi aime égarer les voyageurs et les chasseurs dans la forêt. Chaque , il entre dans une sorte d’hibernation, disparaissant de la forêt jusqu’au printemps suivant. »
La vie se cache des foules dans la ville-musée
Où autrefois il y eut des gens et des visages
Derrière les pierres qui s’effritent
La vie se cache du monde
Enfouie sous les canaux verts
Aqueuse comme les poissons ondulant en silence
Et quelques clapotis
Le linge sèche aux fenêtres suspendues dans un rêve
Le temps s’est arrêté
Le monde n’existe plus
Que les reflets de l’eau et l’effritement des pierres
Que les reflets de l’eau –
Et mon ombre, parfois.
–
Ici j’ai eu 17 ans, je me souviens. En traversant les ponts ondulants comme des vagues je construisais l’amour comme Dieu créa le monde. (Mais Dieu ne créa rien et je n’inventais pas – je traduisais alors des vibrations de l’air tenues pour vérité, je trouvais dans ses yeux et les reflets de l’eau des ressemblances magiques ; il me suffisait de regarder pour ressentir mon chef-d’oeuvre.)
Aujourd’hui les pierres ont changé – ou plutôt mon regard – ou peut-être les deux. La vibration de l’air ne me parle plus d’amour, mais de livres, de poésie et de mystère. Le tremblement des pierres me rappelle que j’existe, derrière le sentiment, avant et après lui ; un moi immuable qui doit grandir pourtant, qui tout autour de lui construit son château, sa forêt, sa ville-sur-l’eau – sérénissime et belle.
aujourd’hui je suis en stage
je pense « c’est fou », c’est fou comme même dans les endroits les moins standardisés
on y trouve toujours un peu de corpo un peu de startup
j’ai deux collègues — on a chacun.e notre ordinateur
il y a un mot ou deux qui parfois remplit le bureau d’un petit écho
les plus bavards restent quand même les claviers
franchement ils parlent beaucoup, ils font du bruit
on tapote vite, clic clac clac clac clac toum clac clac clic clac
le toum c’est la barre d’espace
moi je souris derrière mon écran
j’écoute le concerto du clavier azerty
il pleut des torrents violents de pluie, soudain dans le train toute trempée toute entière je plonge et je me mets à l’abri, essoufflée je sens mon visage tout liquide se déverser lentement sur l’épaule d’A., je me tourne vers la vitre je ne vois pas le paysage seulement les gouttes qui font la course, j’essaie alors comme les enfants de dessiner le tien trait pour trait mais je le sais jamais plus nous ne ferons ce voyage, je ne suis plus triste maintenant que j’ai sauté de ce wagon où tu étais monté pour ne plus jamais en descendre.
il est 07:40 et je ne veux pas me lever.
j’ai peur que ça fasse comme l’année dernière où je restais confiné chez moi pendant des jours à croire que la dépression c’est contagieux. alors j’essaie de me demander le minimum, juste m’habiller et y aller mais ça semble insurmontable donc je reste figé par terre sans bien comprendre ce qui m’arrive à part que ça ressemble à pleins d’autres fois.
Quand je fais mon ménage du dimanche je fais un peu n’importe quoi
Le dimanche en particulier.
Je mets tout par terre et je commence à rassembler mes petites piles dont je suis la seule à saisir l’utilité
1 pile dessins en cours
1 pour ceux à ramener à l’école
1 pour ceux que je peux mettre dans mon carnet
1 avec papiers brouillons/trucs un peu utiles à ranger
1 avec dessins quasi finis mais flemme de finir alors je les glisse juste dans la pochette
Je les déplace et les échange un peu partout dans la pièce, ça peu prendre une heure pour trouver une place à tout le monde. Je prends des photos car les objets bougés offrent un nouveau point de vue intéressant. Je fais 2 ou 3 piles de poussière au balais pendant plusieurs jours. Comme je les alimente souvent je ne les ramasse pas tout de suite, il vaut mieux être sûre que « là c’est bon, ça devient nécessaire ».
Le dimanche, les petites piles de poussières disparaissent pour laisser la place à celles de dessins.
Привет ! Опять давно не писала вам. простите! Как у вас дела? Уже осень?
Здесь потихоньку холодает и запах желтых листьев разлетается по улицам. Хотя сегодня почему-то жарко – 25 градусов, и солнце, как летом.
Забываю, куда ставить запятые в предложениях. надо бы повспоминать несколько правил.
Начался новый учебный год
возвращение в школу к знакомым местам и лицам
очень приятно вернутся к обычному ритму –получаются очень полные и длинные дни.
На этой неделе был « воркшоп ». Работали по группам на одном проекте и закончили его к концу недели. Сделали большой типа шкаф с разными полками, для общей мастерской. Пришлю потом фотку :)
Еще на этой неделе продолжила уроки вождения! Очень сложно! Буду так постепенно учится. В этот раз ездила по шоссе. Без педалей пока. Но быстро!! Очень понравилось чувство скорости по широкой дороге!
Попала в группу проекта – « Cтранствия» или «блуждания», которым занимается один учитель школы.
Принцип этого занятия заключается в ежедневной публикации на сайте группы рисунка или текста. Нужно обязательно каждый день что-то туда загружать. А во втором семестре будем придумывать смыслы ко всему этому и собирать сборники/книгу. Вот, так-что теперь буду пытаться регулярнее писать. Может в формате писем, может стихи. Пока не знаю.Скучаю по вам.
Aujourd’hui je suis retourné bosser à l’ephad et j’ai trouvé un trèfle à quatre feuilles par terre. Et en plus on a regardé Ponyo sur la falaise avec les résidents.
Bonne-Maman tricotait, comme toutes les femmes de sa génération. A l’école ou à la maison, quand on était née fille, c’était obligatoire. Mais elle, je crois, aimait vraiment ça. Quand elle tricotait dans le fauteuil (en velour vert sapin de Bon-Papa, tout près de la fenêtre donnant sur la véranda), ses mains travaillaient si vite qu’on aurait dit qu’elles étaient liquides. Peut-être avait-elle trouvé dans la répétition de ces gestes souples un espace ample et extensible. J’imagine se déployer sous ses aiguilles les champs de son enfance, à perte de vue. Partout autour, les chevaux qu’elle aurait élevé si elle avait eu le choix. Parce qu’elle me l’avait dit une fois, au détour d’une conversation : “si je pouvais recommencer, je travaillerai avec les chevaux”.
Le premier fil c’est en 2018 à l’hôpital, je lis un article à voix haute à Bonne-Maman, je me souviens, c’est un article sur Léonard de Vinci. Je sais plus vraiment pourquoi je lui lisais ça et pourquoi elle était à l’hôpital. Je crois qu’elle s’était cassé la jambe à l’hôpital à Saint-Malo, où elle était parce qu’elle était tombée chez elle je crois. Jme souviens plus trop. Elle avait été transférée à Nantes pour guérir plus près de nous. On le savait pas encore, mais elle avait des métastases dans sa tête, et ça allait pas aller en s’améliorant. Des métastases ça veut dire qu’un premier cancer avait pondu des petits bouts de cancers ailleurs, alors qu’on croyait que y’avait plus de cancer. Elle était à l’hôpital et je sentais que parfois elle se perdait dans des bouts de passé qui étaient restés dans sa tête. Elle demandait à voir son papa qui était parti depuis un bon demi-siècle. Je l’avais toujours connue très vieille, et j’avais cru un sacré nombre de fois que ça y est, c’était son tour, elle allait mourir. Mais jamais elle avait perdu la tête. Ça m’a fait un choc. Sa tête, elle la gardait toujours bien droite sur ses épaules, beaucoup plus droite que moi qui avait tout pile 80 ans de moins qu’elle. Fière. Je me rappelle qu’à l’enterrement de la grand-tante Marie-Madelaine, ou Marie-Mad (que je connaissais pas trop mais dont j’ai gardé le fauteuil crapaud), elle s’était pris la tête avec une autre vieille au sujet de qui était la plus vieille. Je l’adorais. Comme elle s’intéressait à un tas de choses et que moi aussi, je lui avais ramené cette revue. La lecture finie, elle a eu l’air soudain très lucide et m’a dit d’un air très sérieux : « t’es une chercheuse, faut que tu continues à chercher ».