pieces of wood between your teeth
I got splinters all over
15 octobre 2023
14 octobre 2023
être une dur
je suis allée au cinéma seule voir anatomie d’une chute : brillant
l’impression d’avoir regardé tomber une lourde pierre en moi elle tombe et elle s’éclate au sol gicle partout a mes pieds sous mes roues je pédale très vite pour semer l’énorme essaim de guèpes affreuses qui me suit quand je rentre chez moi
la douleur vient par vague elle est glaçante l’impression de rejouer les scènes mais en changeant les visages, l’impression que tous mes scénarios mes pires craintes se passent là sous mes yeux tout en sachant que ça n’est pas arrivé ça n’arrivera pas mais ça pourrait en même temps les images restent sur la rétine les mots cognent en boucle la vérité c’est que ça me fait juste trop mal c’est que je suis paralysée dans cette non-attente où je m’abime, où je déforme tout, a attendre ou pas le pire, a attendre ou pas de comprendre, de décortiquer disséquer cette merde, attendre le sang dans la neige en sortant la poubelle le matin
généralités (18)
La vraie douceur de vivre dans le train, avec un pain au chocolat et Vitalic qui tape au bon endroit, merci Pascal.
J’avais envie de gentils garçons récemment mais là j’ai envie d’une belle femme en cuir noir, sadique avec un sourire méchant mais le regard compatissant quand j’ai mal. Enfin c’est une envie parmi d’autres, la seule vraie envie constante c’est celle de nouveauté, de variété.
Tous les goûts toutes les saveurs et je me demande si un jour j’arriverai à retourner à la monogamie pour me caser pour élever 2,5 enfants dans un grand jardin, pour me marier pour petit-déjeuner tous les matins des tartines de beurre fermier sur une table en bois solide et fiable comme la relation entre moi et mon épouse. J’aurais le beurre mais je sais pas si j’aurais le reste, l’argent du beurre etc. Au-delà de mes fantasmes traditionalistes je vais peut être finir tous les jeudis post vernissage à prendre de la coke dans des toilettes parisiens à moulures, avec 1000 amants et 0 épouse, mais je préfère le beurre, et l’argent du beurre il est moins cher que l’argent de la coke.
généralités (17)
Souffles croisés, chaleur, c’est toujours nouveau et c’est toujours la même chose.
Mon appart tombe en ruines, il y a 1000 fuites d’eau je vais finir noyée par les infiltrations à défaut d’avoir succombé à l’incendie de mes WC en 2021.
Je me demande à quel point en plus de l’eau il y a mon essence qui s’est infiltrée dans les murs et qui occupe l’air. Si il restera un peu de moi quand je partirai.
13 octobre 2023
Table haute marron
Du riz, des lentilles, des tits légumes. Il pensait avoir faim, il ne fait qu’alourdir sa peine qui pèse contre ses tripes. Chaque bouchée est de trop. Un peu plus envie de vomir. Ce n’est pas de la bouffe dont il à besoin. Et pourtant il veut se nourrir.
Ca lui tourne en boucle. Ca lui compresse le bide. Pulsion du corps, corps en supplice. Le coeur s’emballe, l’intérieur rempli dtenailles. Toujours face au même dilemme.
le vent est doux sauf quand il plaque les mèches dans les yeux
sentir les vêtements qui enveloppent mes bras comme mis sous vide
qui enserrent mes jambes
mon corps une lettre dans une enveloppe molletonnée
marquer l’essai
je m’élance comme un rugbyman pour attraper les mots que d’autres ont écris. je veux les serrer fort contre mon cœur avant qu’il ne soit trop tard, avant que d’autres ne les lises et que la rosé du sacré s’égoutte. je bois l’herbe verte.
androgyne
quand on est tout petit ou très très vieux on n’a pas de genre apparent. c’est comme si il n’avait pas encore poussé ou qu’il s’était usé avec le temps.
redevenir un enfant ou se vieillir pour échapper au plomb. pleins d’attitudes pas en adéquation, regard regard regard je te déteste.
je bois des tisanes maintenant, j’ai hâte que mes dents finissent de pousser, je suis un bandit du temps et des gens.
Réflexions et dessin préparatoire
Je réfléchi à Élodie. Élodie homophobe jusqu’au moment où je lui dessine le piercing à l’arcade. Élodie la belle mystérieuse, subtile mélange physionomique entre moi et Esperanza. J’ai envie de tomber amoureuse d’elle.
liste des trucs bizarres dans la salle bizarre de la maipo
des livres bizarres
un escargot bizarre
des rideaux bizarres
des cartons bizarres
des bruits bizarres la nuit
sans doute des araignées bizarres cachées dans les recoins bizarres
des gens bizarres qui rentrent dedans comme si la salle bizarre
n’était pas vraiment bizarre
12 octobre 2023
généralités (16)
Absence, j’ai perdu le fil, je suis restée bloquée dans mon lit. Je suis tellement habituée à l’échec que je me met dans la merde volontairement, il faut croire que la partie la plus enfouie de moi pense que je suis capable de rien.
Quand j’ai compris que j’étais encore dans mes manœuvres d’auto-sabotage, l’angoisse est partie, c’est une traîtrise qui marche seulement dissimulée. Yeux dans les yeux dans mon miroir j’ai trouvé ma réconciliation. Je m’approche suffisamment pour plus sentir la vitre, le miroir me renvoie mon visage, c’est comme si on était deux, mon souffle chaud rebondit sur le verre il me revient sur la bouche. C’est aussi la solution pour gérer mes pulsions, j’ai cherché la réponse l’aventure hors de moi mais j’ai tout ce qu’il faut déjà. Je le savais tout ça mais je l’avais pas compris à ce point, de tout façon il faut répéter pour que ça rentre.
Quand j’embrasse le miroir il reste froid alors j’arrête. Il faut bien poser des limites à un moment.
sérendipité (1)
ce mot mémoire m’encombre je sais pas quoi en faire
parce qu’on est pas à la fac
parce que je suis pas théoricien
pourtant (je crois) : il s’agit bien de mémoire(s)
d’une navette qui fait l’aller-retour passé-présent-présent-passé
ma mémoire nos mémoires mes mémoires mes moires
qui dit mémoire dit recherche
je tape “mes moires” sur internet
je vois que je suis pas la première à faire ce jeu de mot
on trouve : une maison d’édition (qui retient pas mon attention, j’aime pas le design du site), le titre de l’autobiographie d’un vieux mec cis blanc, je clique quand même : Jean-Pierre Dionnet, rédacteur en chef d’une revue de SF de années 70 : Métal Hurlant. Internet métal grouillant me hurle SF SF SF SF SF SF SF et Donna (Harraway) me chuchote dans l’oreille SF pour Science Fiction, Fabulation Spéculative, Féminisme Spéculatif, Soin des Ficelles
ficelle fil fils fille
j’attrape ce fil
je continuer à scroller
(scroller en anglais et ça veut dire dérouler, ça vient du rouleau du parchemin, du registre, je repense à ce que Marion m’a dit : texte = textile)
tombe sur un autre Jean-Machin, (Jean-Luc Steinmetz) poète et critique littéraire, ses moires parlent d’ « apparitions », des « traces d’un oubli actif », de « mémoire cachée de notre rapport aux êtres et aux mondes », je comprends pas grand chose, ça a l’air plutôt beau, ça me suffit
je déroule la pelote encore un peu, plus rien d’intéressant sur lae web
Extrait de carnet n°4
«Une suggestion de la présence de feuilles- regard détourné / hors champs -> la nature comme support d’imagination
Je voulais aussi réfléchir à la légèreté de la peinture, travailler en lavis et non en matière non-diluée -> amené au une douceur réconfortante + couleurs désuètes -> réconfort dans le traitement picturale doux et flou -> brouillard / brume
[…]
Observateur passif -> trouver une autre forme de présence »
[Raymonde Arcier, juillet 1976 (Sorcières, n° 17, 1979, p. 118) L’héritage]
Ce qui me reste de la famille archaïque,
je crois que ce sont mes aiguilles.
Avant on tissait, maintenant ils tissent dehors.
Avant on faisait nos vêtements, maintenant ils les font dehors.
Avant on faisait nos balais, maintenant ils font les aspirateurs dehors.
Avant on faisait notre pain, maintenant ils le font dehors.
Avant… maintenant…
Alors maintenant moi, j’aspire la poussière avec l’aspirateur,
je coupe ma viande avec le couteau électrique,
je monte mes œufs avec le batteur électrique.
J’achète ma petite usine personnelle, en allant travailler dehors,
dans une plus grande usine pour y être payée.
Mais les aiguilles restent.
Je tiens à mes aiguilles
on aura du mal à me les arracher.
Je veux parler à partir de mon héritage de femme,
il me pèse et je ne peux le renier sans me renier moi-même.
Faire des choses presque impossibles avec mes aiguilles,
tricoter du fil de fer avec elles,
transformer le masculin en féminin,
porter ce qui est à l’intérieur à l’extérieur,
grossir pour dehors, ce qui est presque invisible dedans.
Montrer un travail de femme qui explose,
fait craquer le passé, rugir le présent, libère l’avenir.
Tricoter un pull immettable,
des pailles de fer inutilisables,
des sacs de ménagères importables.
Tordre du laiton, chercher.
Rendre souple ce qui est rigide,
rendre fort ce qui est souple,
chercher, sans oublier.
https://femenrev.persee.fr/issue/sorci_0339-0705_1979_num_17_1
enveloppe
aujourd’hui j’ai reçu une lettre de mon chat.
elle s’appelle Lucrèce et elle est grise. j’espère qu’elle m’aime encore.
réalisations
« le pigeon »
« de quoi tu parles Théo? »
« le pigeon il vole bizarrement, tu vois pas? »
un sac poubelle qui flottait par terre n’est pas un pigeon et petit Théo avait besoin de lunettes. nombreux sont les moments dans une vie où on réalise que tout le monde n’a pas la même expérience du monde que soi.
bref, ouin ouin je suis tellement différent de tout le monde. venez on arrête de faire semblant.
Chez Ninon
Il entrouvre la porte de sa chambre. Il n’y a plus de place dans le lit de Mamie pour faire la sieste.C’était un grand lit tout de même. Mais il est un peu gros, et il savait que Mamie avait une préférence pour Tommy. Elle lui dit d’aller faire la sieste avec Eric, dans la chambre d’à côté. Il connait bien Eric, surtout par ce qu’il a de différent de ses frères et soeurs. Maman lui a racontait que les infirmières avaient oublié de faire un truc avec le placenta. Que dû à une incompatibilité des sangs, Eric s’est retrouvé a avoir des séquelles, des retards, un handicap. Mais il n’avait jamais connu Eric qu’en dehors de sa chambre. Jamais il ne lui serait venu à l’esprit d’y entrer ou bien même d’y jeter un oeil curieux en passant devant. Seul dans ce couloir sombre en plein après-midi d’été, il n’ose pas ouvrir cette porte. Tout son corps le retient en arrière, semble lui dire qu’il ne doit pas le faire. Mais dans son esprit, y renoncer n’est pas envisageable. Il avait bien trop peur de Mamie. Il devait faire ce qu’elle avait dit. Fébrilement, il inspire et affronte sa tétanie en poussant cette porte de chambre. La pièce est plongée dans une pénombre qu’un flou lumineux, un flash souvenir vient banalement hanter. Eric devait déjà être là. Ou peut-être pas. Il ne se souvient pas de la transition. Ce qui est sur, c’est que comme un éclair, il est allongé tout droit dans le lit, un malaise grandissant qu’il ne comprend pas. L’image d’un corps nu d’homme adulte. D’un sexe suintant, trop chaud qui prend ses aises, se souciant nullement de sa présence d’enfant. Comme une première image d’un partage au masculin. Simple cauchemar, association d’histoires ou souvenir enfoui. Il ne sait pas d’où lui vient ce récit qui lui apparaît au cours de sa vie tel un flash. Sans trauma, sans chagrin ni désastre. Juste un état des lieux, quelque chose qui le traverse depuis des années qu’il partage pour la première fois, sans savoir si un jour il connaitra la vérité.