11 février 2024
10 février 2024
9 février 2024
Notes tel
Me perdre
Et
Me sentir perdu
Et
Me perdre à nouveau
Pour finalement
Rester perdu
8 février 2024
7 février 2024
6 février 2024
sociologie de comptoir
une maison néo-bretonne des années 1960
celle de nos voisins jeannine et michel
ou de mes grands parents de maroué
une maison avec un potager désherbé
quelques pommiers au fond du jardin
une télé allumée ou parfois
un poste de radio qui joue de l’accordéon
Extrait de note n°57
Jour de fête ? (…) Bref
J’ai maintenant les ongles si pointus, quand je sers le poing je pourrais me faire saigner. C’est presque désagréable quand je me gratte le visage, c’est comme passer quatre cure-dents sur ma peau. Pourtant je n’arrive pas à résister au besoin de continuer à les limer. Quatre petites pointes de couteaux au bout de chaque bras, si je rendre tard de paris cette semaine, je n’aurai plus besoin de serrer mes clefs entre phalanges dans le bus pendant que je prétends dormir.
5 février 2024
Extrait de note n°56
Parler de douceur
Faire monter la précision
Faire monter la sauce et faire naviguer l’épaisseur pour trouver de la profondeur
Bref
4 février 2024
Extrait de note n°55
Son regard était si incisif dans mon rêve que je me suis réveillée avec la haine contre lui. Elle ne passe pas et il n’arrange pas son cas non plus. Période d’épreuve, je retrébuche toujours sur la même pierre, ça commence à devenir presque frustrant.
Il y a un monde où je retrouve mon flegme romantique, où aucuns hommes ne me déstabilise, jamais.
Jamais 2 sans 3, je suis au moins arrivé au milieu de la course.
7h54 je passe devant l’église
salue yannick devant son bar
et jean-françois qui boit son café
7h59 j’arrive à la scierie
écouteurs ou casque anti bruit
les machines commencent à tourner
mon corps s’est bien habitué à l’effort
à la scierie avec chistophe et mon père
3 février 2024
Extrait de note n°54
Courbature et corps léger. J’avoue la médecine gagne pour cette partie, faire du sport aide à réduire l’anxiété. Heureusement qu’ils n’ont pas précisé lequel.
Comment est-ce que je pourrais écrire sur ce qu’il s’est passé ? Faire une généralisation, une liste ou même un dialogue. (…) Ça me parait honnête même si pas forcément raisonnable.
Hier P m’a avoué qu’elle était surprise de ma capacité à être autant bonne élève que terrible. Travailleuse, bosseuse et investie mais je me permet des écarts que d’autres n’oseraient pas.
Parler de l’ego à longueur du week-end me fait le voir partout. Je suis biaisée car Elio et son frère qui en parlait tout le temps, donc je trouve ça nul. Mais. Il y a sûrement du bon à en retirer, quelque part. Essaye juste de le faire pour toi.
contexte
le premier moyen de transport en commun se situe à 4,3 kilomètres et 5 minutes de voiture de la maison
une ancienne gare en face d’une usine désaffectée et d’un bistrot de quartier
deux trains par jour
un jour mon père est arrivé en ville
puis il est rentré faire son loto
il trouve toujours queqlu’un à qui causer dans le bistrot
il boit une bière plus un galopin
2 février 2024
Extrait de note n°53
Toujours un sentiment étrange que de se réveiller avec quelqu’un dans son lit. Je dors terriblement mal dans ces conditions mais j’aime bien certaines parties. Les bras solides, la solidité, je crois que ça m’avait manqué, la tendresse dans la fermeté. Voilà, encore une fois quelque chose de l’ordre de l’équilibre des opposés. Certaines choses sont dures à avouer, et je me demande quand est-ce que je retrouverais le bon moment pour en parler.
(…)
Dans la pénombre, sans lunettes, les yeux plissés, ça peut être n’importe qui.
(…)
Quant à la peinture, elle me manque aussi, sans être terrible tout de foi. Je sais que je la retrouverai bientôt, mais sous quelle forme encore, je ne sais pas. Refaire un grand format peut-être ?
Par les temps qui courent – 6
Vert.
Arqué.
De bois.
Vingt mètres après le virage à droite. Comme si le vent lui avait rapporté ma voix. Comme si ce pont n’attendait que moi. Un pont piéton vide d’usagers, gît dans une révérence inespérée.
Je ralentis jusqu’à son niveau pour m’arrêter et le considérer. Des fourmis dans mes veines me démangeant de l’emprunter donne à ma quiétude une aura sacrée. A son sommet, je retire le dernier élément faisant barrière avec l’extérieur. L’ouïe salue d’une écoute sincère la quiètude de la vue. Je me poste à la rambarde et laisse s’échapper une expiration véritable pleine de soulagement et d’admiration. Une allée endormie prolonge ce canal à l’infinie pour se perdre dans les songes de la nuit. Un sentiment étrange percute ma raison lorsque l’adrénaline de la détresse se soustrait à la contemplation. A quoi tient la rencontre entre l’assèchement de mon être et cette passerelle libératrice ? Dans l’incompréhension de cette situation, j’inculpe le hasard, cet être malicieux qui dans sa connaissance des choses, mit à l’épreuve mes nerfs en invoquant simultanément toutes mes ressources et ce léger pont de bois vert. Dans une quête vaine, j’interroge le rapport entre mon corps et le lieu. Serait- ce la distance idéale à l’effort physique que j’ai pu produire ? Mon corps aurait-il «senti» un franchissement possible à l’instant où mes membres manquent de me lâcher ?
Des questions qui flotteront autour de moi, délestées de toutes exactitudes, de toute inquiétude, de l’autre côté de la rive. Sur mon chemin retour, dans le noir, je reconnais le paysage qui défile. Un sourire complice sur mon visage se dessine aussi subtilement que les ponts dans l’opacité du soir. L’écho de la nature me parvient aussi facilement que ma vision est diminuée et dans l’élucubration de mes interrogations, je repense au nom d’Ille-et-Rance. Quel jeu de mot fantastique que de réunir ce pronom expérimental à une errance à l’orthographe douteuse. Face à cette pensée, le sourire est plus franc. Une marche nocturne agréable dans laquelle imagination et observation se remémore cette escapade. Comme me l’a toujours énoncé Maman: «Le retour est toujours plus rapide que l’aller». Étrange réalité quand je discerne l’image du pont initial qui éclot, son double scintillant plus bas.
Alors, dans une dernière inspiration, et sans musique cette fois-ci, pour l’amour de l’effort et de la sensation vigoureuse du corps qui me porte, je reprends de la vitesse, pour faire durer aussi longtemps que possible le temps qu’il me reste.
1 février 2024
tous les samedi soir mon père fait son loto au bar tabac
on rejoint ses copains et leurs enfants au pmu
on boit du coca et on joue au billard ou aux fléchettes ou au baby
on cours sur le parking près de chez jeanine salmon
Par les temps qui courent – 5
Trottinant d’une excitation neuve longeant toute la longueur de mon dos, je détends mes bras et m’étire une dernière fois. Dans l’adrénaline d’un drop imminent, je fixe pour ne plus le détacher du regard cette arrivée qui s’érige ouvertement et tel un coup de feu qui retentit, je sprinte. Mais l’air qui chatouille mes rétines maintenant humides ne parvient pas à masquer là-haut les phares des voitures qui apparaissent telle une déception et disparaissent en emportant avec eux tout espoir de traverser le canal. Le buste droit, mes membres ne sont plus que rotations synchronisées que ma conscience seule ne contrôle plus, fusant à tout allure. Il est trop tard pour décélérer et le pont s’approche avec le panache d’un titan bétonné et la frustration d’un désir volé. En dessous, je pénètre dans ce hall entièrement taggué, aux piles démesurées, où dans l’obscurité des recoins la nuit renaît. Franchir sa largeur me donne la distance nécessaire pour ralentir et une fois de l’autre côté, le cœur cogne à en faire résonner ma cage thoracique.
Lacs d’acharnement sous mes yeux, dans un équilibre incertain, je les jette en arrière pour réaliser l’épreuve accomplie. Sans réellement en prendre la décision, comme inconsciemment, je réalise que j’assigne à ce qui précède le pont à une étape résolue, et ce qui figure après à une nouvelle étape à accomplir. Attribuant à ce mastodonte la fonction de repère dans mon parcours errant, je peux dès lors situer un ensemble de symboles au tronçon parcouru.
Dans ce temps de réflexion, mes jambes me portent toujours. Mes muscles chauds sont anesthésiés de toutes douleurs. J’inspire avec un regain de vitalité sonnant aussi doucement que le lead berçant à nouveau mon ouïe d’une douce et céleste mélodie. Revenu à une cadence de course modérée, seul mon tee-shirt porte en zones humides le témoignage de ce passage harassant. La vibration de mes foulées se rapprochant, un groupe de poules d’eau se jette de la rive pour prendre la fuite en diagonal sur le canal. Dans un flegme elle le traversent tout en me toisant. Ce courant qui à l’origine m’accompagnait devient dès lors l’obstacle à passer. Un compagnon arborant maintenant les traits d’un concurrent.
Mon attention ne quitte plus ces oiseaux dont les contours se troublent et se dérobent par la disparition lente du Soleil. L’heure dorée cède à l’heure bleue. L’ondulation émise par le trajet de ces volatiles fait danser le reflet de la Lune. Distrait par ce mirage, je lève la tête à la recherche de cet astre. Quand déjà de nouveau, je distingue en plissant mes paupières, un mince trait bleu inattendu et traversant, qui me redonne le sourire. Si proche de la surface de l’eau, des canards débouchent d’en dessous et semblent devoir baisser la tête pour ne pas se cogner au plafond. Un flux d’énergie se propage jusque dans mes extrémités et dans une énième montée musicale, j’accélère avec plus de vigueur. Cette plateforme basse s’offre rapidement à moi et saluant ma détermination, je sonde le moyen d’y accéder. L’œil s’inquiète à mesure que la distance se réduit et manque d’abandonner une larme quand une signalétique trahit cette voie réservée au transport ferroviaire. Ma gorge se sert de plus belle et je cours aussi lourdement déçu que l’illusion des proportions m’a bernée. Jamais je n’avais autant fantasmé une traversée.
Comment retrouver le goût initial à l’errance quand de celle-ci je ne peux plus me dérober ? Quel sens accorder à la course lorsque mes pieds endoloris ne cherchent qu’une ligne d’arrivée fictive ? Dans un épuisement physique et mental ayant atteint son paroxysme, dans quelle source ma détermination meurtrie peut-elle puiser ?