Voyage voyage
Une pagode s’est dessinée derrière la vitre. Ou devant, j’aurais pas trop su dire. Presque invisible dans l’aube naissante, des flammes rouges et vertes venaient lécher la façade à un rythme saccadé. On y voyais presque des personnages y évoluer, traçant leur chemin comme des goutes roulant sur la buée.
Et les balles volent
Elles se perchent sur des fils et surplombent la terre
Elles guettent les moindre êtres vivant pour repaître leur curiosité, leur insatiable désir de tout contrôler
Mais elles se tiennent à distance les unes des autres comme si elles se méfiaient
Et pourtant ce que leur manque, c’est elles même
Entre deux rêves j’entends l’eau du ruisseau qui me parle
Entre deux rêves la rivière me parle et je lui répond que j’aimerai continuer la route avec elle
On visite une terre étourdissante
Pour plein de raisons
Déjà parce que c’est des grandes étendues, mortes, dont les plus hauts arbres sont des éoliennes
Sur la route, les buissons du côté gauche sont jaune vif et à droite verts foncés
Et quand on fait demi tour c’est l’inverse
Dans les steppes arides oranges et ocres, il y a quelques buisson si noirs qu’ils ont l’air déjà morts.
C’est le sol qui les tue
Gilles nous a expliqué plein de choses sur ce lieu, les terres rapportées, ce qui se passe sous terre et dont on n’arrive même pas à prendre conscience, et ce qui se passe au dessus, la pollution bien visible et qui décime tout à petit feu
Amaïa a dit que c’était un suicide assisté
Et Ronan qu’il avait la boule au ventre
Les gens vivent ici car le confort de vie est élevé, qu’il y a du travail et des opportunités
Pourtant c’est une décharge
Et sur les étendues mortes, il y a des troupeaux de mouton, avec des jeunes qui gambadent, et des vaches noires, et des chevaux blancs
D’un blanc sale
Et toustes sont maigres
Et la bruyère pousse partout, Eugénie dit que c’est parce que les sols sont pauvres et acides
Et les architectures ont l’air tristes
Et les animaux aussi
Et moi je me sens triste pour ces bêtes qui n’ont pas choisi de se trouver ici, qui n’avaient peut-être pas envie de se laisser empoisonner, de se suicider même si l’assistance est de bonne qualité