princess of tsurugi, premier jour
Hier mon père l’empereur est mort. Pas de la guerre, pas avec passion même pas avec beauté, seulement avec ennuis comme n’importe qui. Personne ne se rappellera lui. Je veux qu’on se rappelle de moi.
Je me tiens droite, le regard vide, j’avance. Quatre monolithes de béton sur une petite plate-forme rectangulaire, c’est comme ça que mon père voyait sa mort. Au milieu, un trou pour déposer ses restes. Je m’approche. Les cristaux posés sur mon corps crissent sur le béton crasseux. Ils se râpent et se fracassent. Il n’y a rien à voir, rien à faire, pourtant je m’agenouille, comme pour un rituel. Mes pieds, genoux, cuisses et mains bleuissent. Vite je me relève. Si je reste encore plus longtemps, je risque de me liquéfier, lentement pénétrer les cavités du béton pour me retrouver à côté de mon père. Je prends peur. Les cristaux se remettent à crier frénétiquement jusqu’à ce que j’arrive à regagner le trottoir de l’autre côté de la route. Je me retourne, face au mausolée de l’empereur pourtant, je n’y vois qu’un petit rondpoint rectangulaire.À mes pieds, des éclaboussements dans le caniveau attirent mon attention.
C’est un petit morceau de mousse qui flotte sur l’eau. Ça ressemble à une île, qui naviguerait sur le fleuve des eaux de pluie. Soudainement, elle se met à grandir. La petite île devient une grosse île puis le haut d’un crâne, un visage, puis un corps mouillé. C’est un jeune elfe boutonneux des égouts. Il est beau, il est petit, il est maigre, il ne me donne pas son prénom. Là d’où il vient les gens sont soucieux, les égouts sont asséchés. Ça viendrait du nord, là-bas les eaux pues le désespoir. Pendant un instant, j’arrête de l’écouter. Depuis tout à l’heure, il n’a pas séché. Les gouttes sur sa peau se sont arrêtées de couler malgré les pentes de son corps. Il en a partout, des perles d’eau de différentes tailles. Comme s’il les collectionnait. Parfois, elles sont tellement grosses que je peux y voir mon reflet. Le reflet d’une star. Je vais aller voir ce qui se passe là-bas et peu importe la menace, je la vaincrai. Il glisse dans ma main une poignée de graviers et me dit : ne mets pas les gravillons en cage sinon ils deviendront des gabions.