gruyère
On a traversé toute la ville en funiculaire pour aller voir les machines en action
Cette énorme chose a trois membres rotatifs creusait la montagne et s’enfonçant progressivement sous terre, un tunnel macabre se dessinait derrière elle, et la poussière expulsée formait un nuage bouillonnant
On l’a regardé agir comme ça je ne sais combien de temps, en nous enfonçant nous aussi sous terre à sa poursuite.
Une personne vint me secouer l’épaule, le boucan s’était arrêté depuis longtemps déjà mais mon corps avait la sensation de continuer à être secoué par les tremblements
Elle m’a tiré par le bras
On est allé boire au verre, mais ma tête était encore là bas. Un vieux monsieur m’a bousculé, il voulait passer mais j’étais sur sa route. Puis il a commencé à me parler, par ses gestes je comprenais qu’il évoquait le gros engin qui trouait la montagne comme un gruyère, mais la langue qu’il employait, avec les postillons qui fusaient entre ses dents cabossées ne m’aidaient vraiment pas à comprendre.
La route du retour fut longue. Dans le silence de la nuit j’avais comme l’impression que la ville résonnait encore des perforations commises dans son sol,