Sur le lit
Prévoir d’écrire sur quelque chose, c’est quelque chose qui m’emmerde, j’avoue.
J’aime pourtant l’idée du jeu et des contraintes que s’impose l’Oulipo. Mais je ne me suis jamais retrouvé dans ce que Raymond Queneau peut dénoncer chez les surréalistes. Cette fausse liberté, une liberté asservie, réponses pulsatrices commandées par un inconscient qui restreindrait le pouvoir d’écriture.
Il écrit: « Une autre bien fausse idée qui a […] cours actuellement, c’est l’équivalence que l’on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libération, entre hasard, automatisme et liberté. Or, cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu’il connaît est plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l’esclave d’autres règles qu’il ignore »
Mais vas-y, elle ne se fait pas n’importe comment cette danse. Elle se laisse guider par la main en caressant, grattant, frottant ce jet d’encre sur cette feuille si vierge, si blanche. Elle ricoche de haut en bas, tout en régulièrement sniffant l’horizontale. Elle se balade, elle se dirige, telle une flâneuse au pas rapide. Ecrire un petit texte sans connaître le bout de la fin. Même si ça va vite. Ca me permet de prendre mon temps en savourant sa vitesse.
Et puis surtout, j’aime faire confiance à ce que je ne peux expliquer.
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2012-1-page-79.htm