Thierry je peux venir au workshop stp – Venise appelle l’errance
Coucou les copain.es vous me manquez
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La vie se cache des foules dans la ville-musée
Où autrefois il y eut des gens et des visages
Derrière les pierres qui s’effritent
La vie se cache du monde
Enfouie sous les canaux verts
Aqueuse comme les poissons ondulant en silence
Et quelques clapotis
Le linge sèche aux fenêtres suspendues dans un rêve
Le temps s’est arrêté
Le monde n’existe plus
Que les reflets de l’eau et l’effritement des pierres
Que les reflets de l’eau –
Et mon ombre, parfois.
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Ici j’ai eu 17 ans, je me souviens. En traversant les ponts ondulants comme des vagues je construisais l’amour comme Dieu créa le monde. (Mais Dieu ne créa rien et je n’inventais pas – je traduisais alors des vibrations de l’air tenues pour vérité, je trouvais dans ses yeux et les reflets de l’eau des ressemblances magiques ; il me suffisait de regarder pour ressentir mon chef-d’oeuvre.)
Aujourd’hui les pierres ont changé – ou plutôt mon regard – ou peut-être les deux. La vibration de l’air ne me parle plus d’amour, mais de livres, de poésie et de mystère. Le tremblement des pierres me rappelle que j’existe, derrière le sentiment, avant et après lui ; un moi immuable qui doit grandir pourtant, qui tout autour de lui construit son château, sa forêt, sa ville-sur-l’eau – sérénissime et belle.