être une dur
je suis allée au cinéma seule voir anatomie d’une chute : brillant
l’impression d’avoir regardé tomber une lourde pierre en moi elle tombe et elle s’éclate au sol gicle partout a mes pieds sous mes roues je pédale très vite pour semer l’énorme essaim de guèpes affreuses qui me suit quand je rentre chez moi
la douleur vient par vague elle est glaçante l’impression de rejouer les scènes mais en changeant les visages, l’impression que tous mes scénarios mes pires craintes se passent là sous mes yeux tout en sachant que ça n’est pas arrivé ça n’arrivera pas mais ça pourrait en même temps les images restent sur la rétine les mots cognent en boucle la vérité c’est que ça me fait juste trop mal c’est que je suis paralysée dans cette non-attente où je m’abime, où je déforme tout, a attendre ou pas le pire, a attendre ou pas de comprendre, de décortiquer disséquer cette merde, attendre le sang dans la neige en sortant la poubelle le matin