things take time – take time
je me pince si souvent que j’oublie l’effet que ça fait avec le temps. d’ailleurs ces pincements-là ne plient pas la peau, ils ne font pas forcément mal non plus. c’est plutôt comme des morceaux de musique qui se coupent brusquement sans prévenir. Entre ces soubresauts je rêve mais pas d’une manière dont on peut rêver la nuit. sans cesse un glissement après l’autre m’entraine dans des voyages étranges des espaces ou je ne suis plus tout à fait moi. j’ai choisi dans la boîte un papier couvert de tâches de peintures bleues. il me fait penser à la cover du dernier album de courtney barnett
dans ses clips je suis cette personne un peu louche derrière la paroi transparente qui peint avec attention tout en regardant son reflet : quelle autre je vais être aujourd’hui ? je prend ma palette et trace sur la vitre des ronds de taille constante, aux différentes nuances de bleus. j’en dessine autant qu’il en existent d’autres en moi que j’essaie d’être, des panoplies qui tournent, des voix que j’attrape au vol pour sonoriser le fond de ma gorge. ce bleu là sera pour la meuf dure qui ne se pose pas de questions, cet autre à côté pour celle qui sait écouter sans trop l’ouvrir, celui là encore c’est pour la fille qui shine juste avec son sourire et son strass dans l’aile de son nez, celui là pour la loveuse qui dit je t’aime sans le dire, cet autre encore pour celle qui explose, et enfin lui pour celle qui parvient sans frein à écrire ses pensées qui deferlent par vagues.