Cap Fréhèl
« Tout le monde fait des rêves. Quelques-uns s’en souviennent, beaucoup moins les racontent, et très peu les transcrivent. Pourquoi les transcrirait-on, d’ailleurs, puisqu’on fait qu’on ne fera que les trahir (et sans doute se trahira-t-on en même temps ?). »
Parce qu’un rêve, ça n’engage pas qu’un récit. Ce ne sont pas que de simples mots mit bout à bout pour conter des histoires. Les rêves, ce ne sont pas que des tractions sensées muscler l’imaginaire. Un rêve ça fait gigoter quand les yeux fermés, on fuit dans les broussailles trop noirs. Par grognement de cris, on y vit des fragments de mémoires. On en parle, on tente le partagera marmonnant de lèvres scellées. Mais c’est un voyage bien solitaire. Monde de verre qui étouffe nos coeurs battants. Sueurs palpitantes, véritables scènes de crimes, cristaux de Lune à en faire crisper les muscles. Parois hermétiques que sont nos paupières, les dents grincent comme un appel au réveil. Spasmes électriques qui grattent jusqu’au sang, les rêves sont aussi vécus par les partenaires de nuit. Voyage de souvenirs qui implique tout le corps pour quelques éclats d’esprit.