Lodgia
Une semaine que je ne me suis pas branlé. Fumer un joint tout seul m’excite, je repense à Will et ce que nous n’avons encore accompli. Mon caclifère interne est bourré de sa peau nu, de son sexe ses caresses, de son beau cul, ces belles fesses qui me traversent. Je finis mon joint, me dirige vers les W.C. Automatismes, quelques feuilles de PQ, je m’installe sur mon lit. Tout est prêt, je n’ai plus qu’à dégainer, le plaisir au bout des doigts. Tout calculé. C’était sans le fait que je bande mou. Excité et triste, j’ai envie de me toucher. Mais mon corps ne me le montre pas. Qui croire dans ces cas là ? A qui donner raison ? Imposer du porno pour que ma bite durcissent, est-ce lui manquer de respect ? De considération ? Est-ce que mon calorifère est un harceler ? Violeur de mon propre corps ?
Assis sur mon lit, contre le mur, j’ouvre la page de navigation privée. Le chemin est rapide, le site bien connu. Je défile, j’aperçois un corps légèrement charnu. Il est au dessus, ses cuisses solides en mouvement, je peux m’imaginer les empoigner. Dans mon brouillard sombre, voilà que son visage m’apparait. Son regard concentré, plein d’effort, à savourer le souffle d’une tendre sauvagerie que sa mâchoire traduit en révélant ses dents du bas. Je l’aime. J’aimerai qu’on s’avale, ne faisant plus qu’un. La main ralentit, se ressert sur l’appendice ramollissant. Le sexe triste, ce n’est pas excitant. Et pourtant je l’aime, mon coeur qui pleure en dévoile tout ses poèmes. Le désir de jouir, de libérer cette semence aigre et sans chaleur me chatouille d’une étoile filante parcourant le corps de la plaine bossue à la caresse de mes oreilles. Je change de vidéo. Un gang-bang, comme je les aime. J’appuie sur play, l’action déjà lancée. Il me faut 25 secondes pour réussir à débloquer le vice. Celui que je regrette toujours d’actionner trop tôt. Pause, je me caresse ailleurs. Mais je débande à la vitesse d’une bouée percée. Je reprends. Ça va trop vite. Je ne peux continuer. Et puis je n’ai jamais vraiment apprécié jouir devant une vidéo. Mettre sur pause. Se nettoyer. Tout est méta sans nique.
Alors je quitte la page, je veux tout de même en terminer. J’empoigne mon sexe et me mets à penser. Je pense à ce garçon qui voulait tant sucer. Je m’exécute. Vite. Je commence à réaliser que trop de temps s’est écoulé. Le choisir lui, potentialité du corps dans un quotidien. Il est cute, il est bon. Je jouis vite, je me sens con. Parce que j’aurai beau faire prolonger l’orgasme, à la fin, c’est toujours lui qui revient. Crever de chagrin. Celui qui a trop chercher à s’éloigner de son coeur, qui cherche à s’aventurer les yeux dans des corps. Celui qui ne pourra jamais oublier à quel point c’est triste de jouir sans lui à ses côtés.