4ème génération qu’on se passe ce même fil
1976, mon arrière-grand-mère Marie réalise (à la demande d’une de ses sept filles, Marie-Louise) cinq cahiers dans lesquels elle raconte l’histoire de sa famille. Suite à la micro-parution intra-familiale de ces textes, intitulés “Écrits de mamie”, ma grand-mère, Marguerite ou Margot ou Bonne-Maman, écrit un sixième cahier à la demande de sa sœur Thérèse. Il est intitulé “Notes de Marguerite” et est réalisé en 1989. Pendant la même période, leur autre sœur, Noëlle, Noëlla ou Nono, auto-édite un livre : “Autrefois … ! Souvenirs de Nono, notre grand’mère”. Elle y raconte des fragments de son passé, préparation des tripes incluse.
2022, une seconde Noëlle, fille de Lucie, une autre des sœurs, dévoile son livre “Je voudrais te consoler, récit de filiation”. Elle fait la navette entre le présent ou sa mère est morte à l’ehpad, et son enfance rurale, tramant la trajectoire personnelle de sa mère, semblable à celle de nombreuses autres femmes de l’époque.
2023. Au bout, il y a moi. Au bout il y a moi qui tient ce fil, avec ce besoin de raconter encore ces femmes qui écrivent, ces femmes qui filent avec le temps. 4ème génération qu’on se passe ce même fil, il sort de la bouche de Marie, passe par celles de Margot, Noëlla, Noëlle, Lulu, Domi, et les autres.
D’où vient ce besoin de filiation, de transmission, d’héritage, de mémoire ? Est-ce que l’écriture est pour vous une manière de vous nouer entre vous, de nous nouer entre nous ? Est-ce que ces textes découlent de votre besoin de rendre habitable ce passé, de le réécrire, de le rapiécer ?