salle 107, eesab
« C’est pas mon bord, chui désolé. »
Il regarde le maître-nageur d’un aplomb à en faire rire les cigales qui se réveillent déjà en début d’après-midi.
« Je ne plongerai pas et encore moins d’ici. Il en est hors de question. Je n’abandonnerai jamais mon navire. Vous et vos ambitions d’algues mortes trainées par la houle, vous pourrirez sur des rochers coupant comme de grosses vieilles moules! »
Le maître-nageur porte un paquet ouvert à sa bouche et en tire une tige qu’il brûle du bout. Un nuage gris de tempête qui donne le tournis crie le danger au matelot. Mais sans l’avoir vu venir, l’ennemi lui agrippe le bras, le tire loin du bord, loin de l’eau.
« Ecoute mon ptit gars, va falloir sérieusement que t’arrête de mles briser avec tes conneries de bateau. Tes délires de concquête va falloir que tu tcalmes. T’es pas la pour jouer. Tveux faire le mariolles ? T’apprendras jamais à nager si tu veux pas te tremper. Donc soit tu plonges pour remonter. Sois tu plonges mais avec une tornioles en chemin. »
Le marin avisé de ce discours de grand, il qui comprend qu’il ne comprendra plus jamais rien à ce que ça a de drôle d’être un enfant. Une dernière fois il tente le refus, désobéi. Mais la pression son maître et de ses paires, de ces cigales qui rient, lui fout les jetons, le remonte en furie. Piégé, encore ligoté, pire que des guillis. Impuissant, sans contrôler ses pas involontaires vers l’avant, il voulait briller en conquérant. Il se retrouve riquiqui une fois de plus au bord de la piscine.
Un silence de plomb, une chaleur alourdissante, il cesse tout affront. Il baisse la tête et ainsi baisse les armes. Dans l’eau calme, il esquive son reflet. Dans la brume, il fait face au bout de sa vie. Les cigales ne chantent plus, leur souffle à l’arrêt, leurs antennes en transe de saisir la moindre fêlure. Fil après fil, tout pète. Tout fléchi. Il se liquéfie sans tenter une bouteille. La courbe abandonnée, le bruit est mat, le fracas sourd, le choc est lourd. Brûlante leçon masquant une cuisante humiliation.