aïe
Ça a commencé par deux tâches de sang qui brunissaient sur sa jupe. Elle a pensé à sa mère qui lui demanche chaque fois au téléphone si elle a mangé de la viande rouge récemment. Ça l’exaspère. Puis ça a été son pull en laine blanc et le papier qu’elle tenait dans sa main, et les lattes de parquet entre ses pieds. Elle est remonté jusqu’à la source et a vu qu’il s’agissait de son doigt, l’index gauche plus précisément. À son extrémité une capuche rouge, comme si elle avait trempé son doigt dans du coulis. En léchant elle a senti une crevasse, une plaie, un endroit où il y a quelques minutes peut-être, il y avait de la peau mais elle ne s’en souvient plus. Elle se souvient rarement de comment ça commence. Par contre la peau boursoufflée et rougie, mauve quand il fait froid, lui rappellent à chaque instant comment ça se termine. C’était une fente rouge vive, si petite que ça l’a étonné qu’autant de sang puisse s’en écouler. Une douleur lui est venue de là, elle se répercutait à l’intérieur de sa tempe. Elle a eu beau porter le doigt à sa bouche, il a continué de couler par vague en flot de plus en plus intense, à ruisselé sur sa main en empruntant des rigoles de salive et tâchant tout ce qui était à sa portée à chacun de ses mouvements. Finalement elle s’est décidée à le maintenir immobile dans sa bouche pour le faire taire, à s’égoutter lentement dans ses bottes au milieu de la pièce sans distinguer si une pression lui venait de la fente ou d’un autre endroit en dessous du ventre. Les deux peut-être mais impossible de savoir qui avait provoqué l’autre. Aucun son ne clapotait dans la grande flaque sous ses pieds.