exercice d’écriture 2: autoportrait ou portrait de…
Autoportrait d’une caméra.
Cela c’est déclenché dans la rue, devant une vitrine. C’était dans une rue sale, une rue mal famée où des sacs poubelles étaient éventrés un peu partout. Il devait regarder pour m6 enquête exclusive. Il devait regarder des putes, c’est ce qui faisait monter l’Audimat à l’époque. Des putes démolies par la vie, physiquement et psychologiquement. Elles ne ressemblaient plus vraiment à des femmes. Elles correspondaient à l’idée qu’on se faisait d’une pseudo féminité. Mais elles étaient floues. Elles avaient perdu leur propre image.
C’était dans cette rue où il n’y avait plus que des images floues, qu’il s’est regardé dans une vitrine. C’était une erreur de débutant, on n’est pas censé le voir, ce n’est pas ce qu’attendait le spectateur. Mais devant son reflet, si net à coté de ces images décharnés. Il s’est trouvé tellement beau, tellement sublime. Alors il s’est regardé pendant tout le reste de cette mascarade documentaire. La hiérarchie hurlait dans son oreille, il s’en fichait. Il n’y avait plus que lui, plus que son image qui comptait.
Après s’être fait remonter les bretelles par son patron, il rentra chez lui. Tout en se rechargeant, il repensa à l’expérience bouleversante qu’il avait vécu fasse à lui-même.
Il n’accepta plus que les reportages où il était susceptible de se filmer : dans une joaillerie, dans la galerie des glaces de Versailles , chez un opticien, à IKEA ou Lapeyrre salle de bain.
Au montage des reportages, il récupérait tout les passages manqués. (Les moments où on voyait son reflet). A partir de là il fit un documentaire sur lui-même. Une sorte d’autoreportage exclusif.
Au bout d’un moment, son autoportage était terminé. Fier de ce qu’il avait accompli, il voulut en faire profiter le monde entier. Comme il était généreux, il le mit en libre accès sur internet. Ce fut un succès, mais pas comme il l’espérait. D’abord ce fût des commentaires désobligeant, ensuite il y eu des parodies se moquant de son physique… Il était devenu une star qu’on aimait détester. Il fût invité et humilié sur des plateaux TV, quand les gens commençaient à l’oublier, il participait à des télé-réalités. Il eu de nombreuses aventures notamment avec une sublime caméra de BFM TV.
Puis son image commença à lasser. Cela faisait trop longtemps qu’on le voyait dans les médias. Il se mit à se contempler dans un verre de vin, de gin ou de vodka. Il écuma les bistrots ou ils pouvait se contempler dans le miroir des bars. Puis peu à peu il s’admira dans une flaque sur le trottoir, dans une rue, près d’une vitrine…