encore une réecriture de georges
Mon épée vient de transpercer sa gorge. Tout est fini, plus de traque, plus d’embuscade interminable dans les marais à attendre que la créature daigne se montrer. Plus que le silence assourdissant de la mort et son sang chaud qui coule le long de mon épée. Le monstre a la gueule béante. Ses yeux écarquillés de surprise et d’incompréhension me regardent. Il sait qu’il va mourir et il sait qu’il ne veut pas mourir seul. Dans un dernier élan, l’épée toujours coincée entre ses mâchoires, il me saisit d’une embrassade fatale. Je n’ai pas réagi à temps. Il est trop tard. Plutôt que de lutter j’accepte le baiser mortel de ma victime et de mon meurtrier. Dernier geste tendre avant une mort violente.
Nous nous rejoignons dans un fracas d’écailles et tôles. Son corps brûlant fait fondre mon armure et le métal en fusion s’insinue dans ses plaies. Mes os cèdent les un après les autres sous la pression de son étreinte. Ils se brisent pour mieux laisser le reste de mes chaires s’agglutiner contre le flanc du reptile.
Au contraire de la violente rencontre de nos deux corps, la fusion est longue. Doucement comme une danse macabre, nos corps se plient et se replient, se tordent comme une brindille qui se consume.
Bientôt nous ne serons plus qu’un tas informe d’écaille de métal et de sang.