le masque du superhéro
Les super héros sont entrés dans ma vie un été entre ma 3e et ma 4e avec un numéro de « Ultimate X-men » trouvé dans une libraire. À cette période ingrate où je ne respirais ni la joie de vivre ni l’épanouissement, j’ai trouvé refuge dans le papier glacé des pages des comic-books. Chaque mois, l’évasion dans 12×18 cm. Amateur surtout des superhéros Marvel, Spiderman , Iron Man, Hulk, j’étais particulièrement fasciné par leurs doubles personnalités ; ces personnes-là vivaient deux vies en parallèle, une morne et banale et l’autre extraordinaire et pleine de dangers. Je crois que ce qui me plaisait le plus était sans doute les passages où le héros n’était pas masqué, où celui-ci agissait comme une personne normale. J’avais alors l’impression d’être complice de celui-ci, lui et mois savions qu’il possédait une force insoupçonnée, que derrière le geek de Peter Parker il y avait l’extraordinaire Spiderman.
J’enviais leurs masques et pendant longtemps j’ai rêvé d’avoir cette double vie, ce secret qui me permettraient de transcender ma condition d’adolescent « normal ». J’ai rêvé de pouvoir être un autre de temps en temps.
Et puis j’ai grandi, et peu à peu j’ai commencé à comprendre. J’ai compris qu’il était impossible d’être un autre, que durant le reste de ma vie je serais condamné à être moi, ce corps, cette personnalité, ce nez trop grand, cette timidité maladive et une forte tendance à l’ermitage. Et puis j’ai fini d’envier les masques des super-héros. Si je suis condamné à être moi, les super héros sont condamnés à être autres. Peter Parker n’est ni tout à fait lui quand il est Peter Parker, ni tout à fait lui quand il est Spiderman. Quelle que soit la situation, il doit mentir sur son autre personnalité. Quelle que soit la situation, le superhéros porte et portera toujours un masque.