Errances

26 octobre 2014

Comment ça c’est n’importequoi

Filed under: sillons — Étiquettes : — errant @ 14:30

C’était au XIXe siècle, ou quelque chose comme ça.
Mr Machin était médecin, mais ce qui l’intéressait plus que la médecine, c’était la géologie. Alors, au cours de ses études, il essayait par tous les moyens de lier les deux.Il s’est mis à faire des expériences bizarres sur des gens, dans la rue. Il les rencontrait, il leur mettait des appareils étranges sur la tête, ça ressemblait à des auréoles, puis il leur posait des questions. Et après il rentrait dans son cabinet, et il notait tout scrupuleusement, et il en rajoutait un peu, et même beaucoup. Des termes compliqués en veux-tu en voilà, des théories sorties de nulle part, « c’est pas grave », qu’il disait, ces abrutis n’y comprendront rien. Tout ce qui l’importait c’était de faire une nouvelle pseudo-découverte, faites de pseudo-expériences, pour pouvoir lier la géologie à la santé humaine, parce que la médecine simple c’était pour ceux qui se contentaient de peu et qui n’avaient aucune ambition dans la vie. Et surtout, il faut bien le dire, il voulait se faire un paquet de fric. Alors il s’est mis à sortir tout un tas de bouquins barbants, veillant à ce que ses schémas soient incompréhensibles, à ce que ses explications soient embrouillées par des mots à rallonge qui n’existaient même pas, mais surtout, surtout, il veillait particulièrement à la clarté de ses conclusions. Elles étaient tellement simples qu’un gosse de cinq ans aurait pu les comprendre. Alors les gens, quand ils lisaient ses livres, ils sautaient les explications, les expériences détaillées, et allaient directement à la conclusion, et alors ils se disaient, « mais oui mais c’est bien sur ! ». Et alors la renommée de Mr Machin, comme ses explications scientifiques, dépassa l’entendement.
Bien sur les autre médecins contestaient toutes ses conclusions ; mais Mr Machin était tellement populaire que tous les abrutis mettaient la colère des médecins sur le compte de leur jalousie excessive, et n’en croyaient pas un seul. Et pourtant, ces pauvres médecins se dévouaient corps et âmes pour prouver, par des expériences d’une précision accablante, mais d’une illisibilité déconcertante, que non, entre autres, mettre des chaussure aux semelles de métal n’entravait pas la propagation d’hypothétiques ondes sismiques dans le cerveau. Mais c’était comme pisser dans un violon.
Mr Machin, ayant déjà acquis un paquet de blé, mais en voulant davantage, mit au point un médicament appelé « Speda », soi-disant contre des vibrations imperceptibles venant du noyau terrestre et contribuant au malheur et à la dépression. Et tous les abrutis se ruèrent dans les pharmacies pour en acheter. Mais quelques mois plus tard, ce fut le drame. Le médicament libérait en fait un puissant poison dans le sang, et tous les abrutis moururent. Il ne restait plus que les médecins, les sceptiques, et Mr Machin, mais lui c’était plus pour longtemps.

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