Envol
Comme un envol de nuit dans le silence chargé d’orage. Se tait un temps la rumeur des tumultes, l’oiseau expire, comme le souffle d’un été gonflé de pluie, longuement déversé. Il y a de l’humidité dans l’air, rafraichit par les précipitations. Le volatile sait que ce calme qui résonne une fois finie la clameur, est celui qui doit gagner son âme avant que l’humidité ne se saisisse de ses yeux. Atteindre la vue avant la cécité. La clairvoyance.
J’écrivais convaincu. Crachant mécaniquement l’amertume accumulée, entassée des bassesses dont je témoigne. J’ai transité le mal dans les maux et les maux dans les lettres. Pour que l’affliction ne soit substantielle et que les mots deviennent essence de repentir. J’accepte que l’apprentissage soit un délaissement, comme la montgolfière doit lâcher du leste pour s’élever, l’oiseau digère son contenu avant l’envol.
Les mots comme expiation, comme digestion lente mais brutale. Quitte à voler, que ce ne soit pas dans la tonitruante d’un Rafale mais plutôt dans la quiétude du battement d’aile d’une grue.
Le mal par le mal se consume quand revient l’ataraxie.