Ambre x Balthazar
Il était déjà 19h27 lorsqu’Ambre ferma enfin son salon de manucure et se prépara à rentrer chez elle. La journée avait été longue, mais l’air dehors était encore doux. Le soleil disparaissait derrière les bâtiments et la pénombre commençait à s’installer. Les lumières de la ville s’allumaient progressivement.
Aujourd’hui, Ambre s’était rendue au travail en trottinette électrique. « Je vais pouvoir faire un détour pour m’aérer un peu plus avant de rentrer » pensa-t-elle. Elle passerai donc par le parc ce soir. Sur le trajet, elle ne pouvait s’empêcher de penser aux ongles de sa dernière cliente. Sur l’annulaire de la femme, elle avait dû dessiner une bouquet de fleurs roses, sur un fond en dégradé allant du jaune au vert. Le détail qu’elle n’arrivait pas à oublier était la position de la paillette qu’elle avait placé au centre d’une des fleurs. Un peu trop sur la droite, un peu trop près du bord.
Le sentier qui faisait le tour du parc n’était pas très éclairé. Mais la faible lumière de sa trottinette lui permettait de voir où elle allait. Il y avait peu de monde ce soir.
Ambre n’arrivait pas à sortir de sa tête cette paillette, si mal placée. La cliente avait été grandement ravie et n’avait rien vu. Mais Ambre se répétait en boucle « j’aurais pu mieux faire ».
Au coin du chemin, alors qu’elle allait tourner, elle eu juste le temps d’apercevoir la silhouette qui se retrouva subitement face à elle. L’impact fut franc, la douleur au coccyx qu’elle ressenti fut intense. Elle était tombé de sa trottinette, qui gisait maintenant à deux mètres d’elle. L’inconnu qu’elle avait percuté redressait difficilement sa tête, un son de grelot accompagnant son mouvement. Encore coincée sous sa jambe, la roue de son monocycle continuait à tourner.
Les mains d’Ambre étaient égratignées, elle s’était cassé deux ongles dans la chute. Après s’être relevés, les deux personnages longilignes se faisaient maintenant face, déroutés et encore un peu assommés par le choc. Ils restaient silencieux.
Il faisait maintenant très sombre, mais Ambre distingua tout de même le bleu intense du long manteau que l’homme portait, allongeant d’avantage sa silhouette.