Bouffée d’air
Ce jour-là, il me serra la main très fort, comme pour m’encourager. Comme pour me dire que c’était enfin possible. Que j’allais pouvoir m’en sortir. Sortir ma tête des eaux profondes et glaciales dans lesquelles je m’étais noyée toutes ces années.
Mais la surface semblait encore rude à atteindre.
D’apparence, peut-être, je semblais vivre avec souplesse et légèreté. Mais c’était la face visible. La face qu’on montre, qu’on arrive à montrer, ou du moins que l’on tente de faire transparaître. Je me sentais souvent vide comme une boîte d’allumettes avec laquelle on aurait tenté d’allumer un feu, en vain. Mais c’était probablement ce vide qui m’aidait à me confronter aux flots de la mer agitée. Les tourbillons, les vagues immenses et les tempêtes se calmaient après des nuits orageuses et je parvenais enfin à voir le soleil pointé entre les nuages épais et sombres. C’était en parvenant à ne plus penser à rien que je sentais une douce brise en moi. Qu’enfin je reprenais mon souffle.