Errances

9 décembre 2020

Filed under: venelles — Étiquettes : — errant @ 09:57
Je me souviendrais de cet appel d’hier et de la voix douce d’E* au bout du téléphone « on vient d’apprendre son décès ». A*, tu avais la vie devant toi.
Je m’en souviendrais comme je me souviens du 13 avril 2011, précisément, quand m* m’a appelé disant « il* en train de partir », alors que j’étais seule à la maison.
Comme je me souviendrais d’octobre 2012, quand à la sortie du collège, elle m’attendait pour me dire « elle* est partie ce matin ».
Comme de ce jour d’été, à l’hôpital, où elle a reçu ce texto et m’a dit sanglotante « c’est e*, c’est fini… ». J’étais alitée, sans force pur réagir à la nouvelle.
Je n’avais pas de forces, non plus, quand j’ai compris, en 2019, que S*, 100ème féminicide, était cette camarade de lycée.
Quand quelques semaines après j’ai reçu ce texto J* « on vient d’apprendre que m* est décédée ».
Pourquoi se souvient-on en détail de ces moments, de ces quelques secondes qui brisent tant de choses?
C’est fini.
Persiste la faiblesse, la douleur de ces nouvelles.
Dans ma mémoire, les images des cérémonies sont encore claires, jusqu’au chants entonnés. Parfois, les images des gens s’effacent.
Je voudrais tout oublier, et ne garder que vos regards encore vifs.
Avant-hier, je faisais ces dessins les larmes aux yeux, comme en présage de cette nouvelle, et de mon impossibilité de détourner le regard de nos souvenirs et des photographies qu’il me reste.

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