8 novembre 2014
5 novembre 2014
3 novembre 2014
2 novembre 2014
1 novembre 2014
30 octobre 2014
28 octobre 2014
26 octobre 2014
Comment ça c’est n’importequoi
C’était au XIXe siècle, ou quelque chose comme ça.
Mr Machin était médecin, mais ce qui l’intéressait plus que la médecine, c’était la géologie. Alors, au cours de ses études, il essayait par tous les moyens de lier les deux.Il s’est mis à faire des expériences bizarres sur des gens, dans la rue. Il les rencontrait, il leur mettait des appareils étranges sur la tête, ça ressemblait à des auréoles, puis il leur posait des questions. Et après il rentrait dans son cabinet, et il notait tout scrupuleusement, et il en rajoutait un peu, et même beaucoup. Des termes compliqués en veux-tu en voilà, des théories sorties de nulle part, « c’est pas grave », qu’il disait, ces abrutis n’y comprendront rien. Tout ce qui l’importait c’était de faire une nouvelle pseudo-découverte, faites de pseudo-expériences, pour pouvoir lier la géologie à la santé humaine, parce que la médecine simple c’était pour ceux qui se contentaient de peu et qui n’avaient aucune ambition dans la vie. Et surtout, il faut bien le dire, il voulait se faire un paquet de fric. Alors il s’est mis à sortir tout un tas de bouquins barbants, veillant à ce que ses schémas soient incompréhensibles, à ce que ses explications soient embrouillées par des mots à rallonge qui n’existaient même pas, mais surtout, surtout, il veillait particulièrement à la clarté de ses conclusions. Elles étaient tellement simples qu’un gosse de cinq ans aurait pu les comprendre. Alors les gens, quand ils lisaient ses livres, ils sautaient les explications, les expériences détaillées, et allaient directement à la conclusion, et alors ils se disaient, « mais oui mais c’est bien sur ! ». Et alors la renommée de Mr Machin, comme ses explications scientifiques, dépassa l’entendement.
Bien sur les autre médecins contestaient toutes ses conclusions ; mais Mr Machin était tellement populaire que tous les abrutis mettaient la colère des médecins sur le compte de leur jalousie excessive, et n’en croyaient pas un seul. Et pourtant, ces pauvres médecins se dévouaient corps et âmes pour prouver, par des expériences d’une précision accablante, mais d’une illisibilité déconcertante, que non, entre autres, mettre des chaussure aux semelles de métal n’entravait pas la propagation d’hypothétiques ondes sismiques dans le cerveau. Mais c’était comme pisser dans un violon.
Mr Machin, ayant déjà acquis un paquet de blé, mais en voulant davantage, mit au point un médicament appelé « Speda », soi-disant contre des vibrations imperceptibles venant du noyau terrestre et contribuant au malheur et à la dépression. Et tous les abrutis se ruèrent dans les pharmacies pour en acheter. Mais quelques mois plus tard, ce fut le drame. Le médicament libérait en fait un puissant poison dans le sang, et tous les abrutis moururent. Il ne restait plus que les médecins, les sceptiques, et Mr Machin, mais lui c’était plus pour longtemps.
25 octobre 2014
La cabane
J’ai douze ans et je vais pas à l’école. En fait je vis chez une vieille qui sait même plus que je suis là, je m’occupe de son ménage et de ses courses, alors je sais pas ce qu’elle croit, sûrement qu’elle croit que son frigo se remplit par l’opération du Saint-Esprit. Elle parle plus, des fois elle fait juste « mmmh mmmh », mais moi j’aime bien lui parler quand même, même si elle m’entend pas non plus. C’est pour ça que j’aime bien être avec elle, parce qu’elle me calcule même pas mais c’est pour de vrai. Elle voit plus, elle entend plus, elle sent tellement plus qu’elle sait même pas qu’elle pue la pisse, mais je l’aime bien. Je sors peu parce que à part elle, j’aime pas les gens dehors. Ils parlent trop, ils regardent trop, ils entendent tout. Une fois j’ai du rappeler à l’ordre un type qui me marchait dessus dans le bus. « C’est mon pied sur quoi vous marchez, m’sieur », et il n’a même pas bougé. C’est pour ça que je les aime pas. Ma vieille au moins elle entend rien mais c’est pour de vrai.
Le seul objet de valeur que j’ai c’est un stylo V.Ball 0.5 que j’ai trouvé par terre. Parfois je fais des dessins pour ma vieille et je m’imagine qu’elle les aime bien même si elle fait juste « mmmh mmmh ». Une fois je suis sortie et j’ai tellement marché que je suis sortie de la ville et je me suis retrouvée en pleine campagne. J’ai vu passer un oiseau. Il planait au-dessus des pentes blanches et glacées de la colline de l’ouest, puis il est parti. Et c’est là que j’ai su ce que je veux. Je veux aller me construire une cabane en haut d’une colline. Alors depuis le jour de l’oiseau je dessine que des cabanes en haut de collines. Et quand ma vieille sera morte je choisirai la meilleure colline, celle qui est la plus éloignée de la ville, et j’y fabriquerai une cabane tellement petite que personne d’autre ne pourra vivre avec moi et j’y resterai jusqu’à ce que je crève et je mangerai des écureuils et des chevreuils et des baies. C’est mon vieux rêve.
24 octobre 2014
Les cheveux qui sentent cette étrange pratique
Il y avait des platanes sur toute la place
Nous on y était habitués
Les platanes et leur espèce de poudre blanche sous les feuilles
On passait toujours du temps en-dessous
et on se retrouvait toujours avec ces espèces de petites bêtes blanches
immobiles ou presque
On connaissait tous les platanes
On savait parfaitement comment ils étaient faits
Celui-là on pouvait monter dedans
Celui-là était percé d’un trou béant qui nous avait toujours fait peur mais fasciné
Un autre avait un trou plus petit, toujours rempli d’une espèce de terre
On passait notre temps à l’enlever avec un bâton
Ils sont partis maintenant
22 octobre 2014
21 octobre 2014
19 octobre 2014
17 octobre 2014
15 octobre 2014
À verse
Il attendait là, patiemment assis à l’arrêt de bus
Il pleuvait
À côté de lui y’avait un gros pâté de gerbe
et il se dit
C’est vendredi matin.
Ses pieds étaient à la limite du goudron mouillé. Il se dit
Faudrait pas que je mouille mes chaussures, y’a un trou sous celle de gauche.
Puis il regardait droit devant lui. C’était drôle
y’avait une femme qui courait
elle était en talons sur les pavés, avec son « trench »
elle se couvrait les cheveux avec son sac à main
Il se dit
Alors, voyons si elle se pète la cheville.
La pluie était de plus en plus forte
Le ciel, gris clair, très lumineux, c’était toujours comme ça
pour les averses passagères
mais celle-là commençait à l’être depuis un peu trop longtemps
et bientôt elle perdrait son statut de passagère,
tant pis
il aimait bien la pluie
surtout quand il était à l’abri.
Il écoutait les pas sur les pavés
des quelques rares personnes qui osaient s’aventurer là
ou qui s’en foutaient, avec leurs beaux parapluies
et qui pouvaient marcher en couple tellement ils en avaient de grands.
Mais lui il voyait bien que leur pantalon commençait à s’imbiber d’eau par le bas.
Y’avait aussi des oiseaux
qui foutaient un bordel pas possible
et il se dit
Comment ils font, les pauvres, où est-ce qu’ils se mettent à l’abri
Et il s’imaginait un moineau, cette espèce de boule de plumes
trempé, trop lourd pour voler
et ça le rendait triste.
Alors dans son champs de vision il vit courir une petite gamine
elle avait un manteau en toile cirée rouge vernis.
Quand il plissait les yeux ça faisait une espèce de tableau
flou, gris, avec un seul point rouge, et il trouvait ça beau.
Il se dit
Qu’est-ce qu’elle fait là toute seule, cette gamine
Avant de voir que ses parents arrivaient sur la droite avec un grand parapluie
le parapluie assez grand pour les couples
la mère tenait un petit parapluie rouge dans la main
et il se dit
La gamine a dû le balancer pour courir sous la pluie
Et maintenant c’était sa mère qui courait après elle en hurlant
et la gamine courait et riait
et la mère courait et gueulait
et elle finit par rattraper la gamine par le bras, et retourner près de son mari.
La gamine ne riait plus.
Mais lui il comprenait plus la gamine que la mère.
Et puis ils disparurent.
La pluie commençait à diminuer
il l’entendait sur le toit en plexi de l’abri bus
Et il se dit, comme s’il parlait à l’averse
Encore un peu et tu perdait ton statut de passagère.
Plus personne ne passait devant lui
Ça sentait le vomit et la pluie sur le goudron, et l’herbe pourrie
Toutes ces odeurs lui montaient au nez
Les gouttes sur le plexi étaient de plus en plus espacées
Il se dit
C’est la fin
Et c’était la fin.
Il se leva et partit.
13 octobre 2014
11 octobre 2014
Midi
C’est midi
il fait beau
je suis dehors
il fait un peu frais, dans le fond de l’air, c’est agréable
ça fait longtemps que j’aime ça
le midi
quand je suis dehors
seule
et que le fond de l’air est un peu frais
un peu comme une belle journée en automne
il y a les odeurs
les odeurs de repas qu’ils préparent
ça fait longtemps que j’aime les imaginer cuisiner
pour eux ou d’autres
c’était quand j’étais à l’école
je rentrais rarement le midi
mais quand je rentrais
pendant ces cinq minutes de marche
le midi
alors qu’il faisait beau
et que le fond de l’air était frais
et qu’il y avait ces bonnes odeurs
les bonnes odeurs de cuisine mélangées à celle des arbres
et du bitume et des buissons
jusqu’à ce que j’arrive à la maison
c’est resté
c’était merveilleux
c’est merveilleux.
9 octobre 2014
7 octobre 2014
6 octobre 2014
3 octobre 2014
Et ta soeur ?
Je marche
Tu glandes
Il ramasse
Elle porte la culotte
Nous disons bonjour à la dame
Vous sentez pas bon
Ils savent pas qu’ils existent
Elles s’en foutent pas de l’an 40
C’est pas bientôt fini oui
Pendant que Janis chante
je repense au ciel bleu
que je devinais
à travers le brouillard
derrière le brouillard
le ciel bleu
derrière la fine plante
le vers de terre
derrière la belle poubelle
l’hideux cafard