j’ai mal sous la clavicule. j’ai dit que j’avais oublié mon corps. je suis un esprit dans une bulle qui s’éparpille. est-ce que tu te sens morcelé? non je suis plutôt compartimenté. on a fait des visages qui se mélangent puis on les sépare. il dit que ça fait du bien un peu de vide autour. c’est apaisant quand on soulève la toile
je suis fatiguée dans le bus qui tremble. on s’en fiche. écrire dans le bus qui tremble donne envie de vomir. regarde le ciel est bleu. quand on ouvre les yeux ce matin. nu, il ouvre la fenêtre et dehors il gèle. il touche la glace avec son poing. moi la lumière m’éblouie. c’est parce que t’as les yeux bleus.
il a dessiné « la nuit de diamants » c’est dans le livre de kerouac quand il décrit le froid et le ciel dégagé. puis un dessin de deux personnes qui font l’amour sous une coque de bateau. il a aussi noté l’anecdote de la rue des innocents. j’ai rêvé de lui cette nuit et j’ai crié son nom dans cette pagaille. on s’enfuit en courant et on se tient la main pour ne surtout pas se séparer. c’est éprouvant, la complicité dans la panique.
être vieux. les crayons pour les enfants. peindre le mur en violet. paralysie du sommeil quand il est dans le train. vin chaud. danse danse. musique sombre. petit dej tartines et musique soleil. musique musique. le bar rouge avec le jazz et leurs transes déchainés de gens amoureux, de gens beaux. je parle allemand dans ma tête. je parle seule en anglais sous la douche. le mot « wicca » et les étoiles. le tarot: l’amoureux, lune renversée, le monde. dévasté. pardon. arête de t’excuser quand tu parle. désolé.
j’ai pas pris le temps de scanner mes dessins. pourtant y’en a pleins sur les serpents et les chats, sur le carton (je me pose mille questions sur l’utilisation de ce matériau pq pq pq etc).
il est ici, irréparablement, jamais ailleurs le petit fragment d’espace avec lequel je fais corps même présence, même blessure le lieux sans recours auquel je suis condamné l’utopie c’est un lieux où j’aurais un corps sans corps toujours transfiguré l’utopie d’un corps incorporel l’utopie des corps glorieux, puissant, solaires et dans cette cité d’utopie des morts, voilà que mon corps devient solide comme une chose éternelle comme un dieu le grand mythe de l’âme elle s’en échappe pour voir les choses à travers les fenêtres de mes yeux elle s’en échappe pour rêver quand je dors pour survivre quand je meurs elle durera longtemps mon âme quand mon vieux corps ira pourrir l’âme, les tombeaux, les génies et les fées ont soufflés sur sa lourdeur, sur sa laideur
mon coeur possède lui aussi des lieux sans lieux les choses entrent dans ma tête quand je regarde puisque le soleil quand il est trop fort et m’éblouit va déchirer jusqu’au fond de mon cerveau corps incompréhensible, corps pénétrable et opaque, corps ouvert et fermé, corps utopique je sais ce que c’est qu’être nous fantôme qui n’apparait qu’au mirage des miroirs être à la fois indisociablement visible et invisible rien n’est moins chose que lui il se laisse traverser sans resistance par toutes mes intentions jusqu’au jour où j’ai mal là je deviens chose: architecture fantastique et ruinée les utopies sont nées du corps lui-même et ce sont peut être ensuite retournés contre lui le rêve de corps immenses et démesurés qui dévoreraient l’espace masques, maquillages et tatouages ce n’est pas acquérir un autre corps c’est faire entrer le corps en communication avec des forces invisibles un langage chiffré, secret, sacré la puissance sourde du sacré, la vivacité du désir un fragment d’espace imaginaire qui va communiquer avec des divinités le corps est arraché à son espace propre et projeté dans un autre espace tout ce qui touche au corps fait épanouir sous une forme sensible et bariolé les utopies sellées dans le corps faire entrer l’espace de l’autre monde à l’intérieur le corps du danseur et les drogués aussi, et les possédés sanglant paradis mon corps est lié à tous les ailleurs du monde le corps est le point zero du monde il n’es nul part il est au coeur du monde ce petit noyau utopique mon corps est comme la cité du soleil: c’est de lui que sorte tous les lieux possibles le miroir et le cadavre sont eux-même dans un ailleurs
faire l’amour c’est sentir son corps se refermer sur soi c’est enfin exister hors de toute utopie avec toute sa densité dans les doigts de l’autre sous les doigts de l’autre toutes les parts invisibles de votre corps se mettent à exister il y a un regard enfin pour voir vos paupières fermées
le ciel se retourne comme la table trop grande qui a chaviré
j’ai laissé le café mourir dessous. le fond de la tasse reste collé/ une ligne est floue, pas d’écrit pas de mot qui chuchotent.
cinq choses colorées. étapes. corps.
tu dis « en attendant »
les cheveux bleus et une danse désamorcée.
le dos se casse dans ta courbure, plus rien parce que tout à l’heure tes rimes ont glissées dans ta voix pour venir taper mes oreilles. la bouche forme des sons qui sont un tas absurde (le silence déraisonnable du monde), désireux de quête.
l’étoile solaire. je ne vois plus de loin (esquive?).
désoeuvrement de ton monde.
quand est-ce qu’il se dépêche de rentrer? ou de ne jamais faire le tour comme une boucle trop serrée.
noeud. ventre. rire.
le feu enjambe les mains en cercle et leurs doigts frémissent.
Le poisson sans arêtes, c’est comme une omelette sans assiette. Un homme lait c’est quelqu’un qui est moche parce qu’il a mangé son omelette sans assiette. Et une femelette alors? C’est un terme pour rabaisser la femme. Ou alors une femme sans arêtes. Ou une femme qui mange une omelette. Ah moi je pensais que c’était une omelette avec des couettes.