Octobre
Je vais bien. Les gens m’embrassent et je les embrasse en retour.
Malgré la pluie et le mauvais oeil, non celui des Autres, j’ai envie de voir le monde.
Je plaîs même aux garçons.
Je vais bien. Les gens m’embrassent et je les embrasse en retour.
Malgré la pluie et le mauvais oeil, non celui des Autres, j’ai envie de voir le monde.
Je plaîs même aux garçons.
Et puis « sociable et chaleureux », qu’elle me dit. Large sourire, de grands gestes, un ton préparé, mais un regard toujours fuyant.
Je ne connais pas encore ces gens autour de la table, le garçon a pris un vin blanc sec, « surtout pas fruité », et j’accroche son attention. J’ai compris qu’il avait besoin d’être validé, sûrement par mes larges épaules, moins par mes ongles vernis.
La première fille est théâtrale, presque énervante. Un demi, elle attend la blague.
La seconde me protège, embaume les échanges. Enthousiaste à vous en faire dire que ce soir est un joli soir.
Et moi, masque « sociable et chaleureux », à savoir ce que vous voulez de moi, à voir le doigt qui glisse quand elle a posé son verre, à lire ton égo dans tes prises de voix.
Tu viens seulement de partir ? Ou alors tu pars de Caen ? Je crois que je suis perdu
Eh bien moi je m’ennuie, j’ai la flemme et il fait déjà nuit, j’ai passé un joli week-end et je crois que la semaine ne va pas suivre le mouvement, mais tant pis
Merci à toi d’avoir fait trainer mon samedi, d’avoir laissé couler mon dimanche, et de m’avoir embrassé, surtout
Bonne nuit à toi joli garçon
Je suis là à manger mes croûtes de pizza
À moitié caché dans mes manches
Le garçon me regarde
Ou du moins c’est ce que je crois
Je me dis que je resterai toujours ce garçon qui mange des croûtes de pizza
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