Hier soir elle est venu sonner en bas de mon immeuble
elle fait ça de temps en temps, assez rarement mais quand meme de temps en temps
la fréquence n’est pas regulière
je lui ai ouvert
elle a monté les deux étages
j’avais laissé la porte ouverte
j’étais installé sur mon canapé dans mon peignoir beige à odeur de bouche de chat
elle n’a pas enlevé son manteau et s’est assise sur le fauteuil en osier
elle ne me regardait pas
elle fixait le bouquet dans le vase sur la table basse
un silence assez pesant
un petit noeud à l’estomac commençait à se faire sentir de nos deux côtés
je sentais le moment ou tout allait jaillir
toujours impressionant comme moment
et puis très inatendu
j’attendais, je la fixais puis regardais le sol
c’est si dur d’arriver à écrire sur soi
ça arrive enfin
il continue d’habiter ses moindres recoins de temps, de pensées, d’actes
il se glisse un peu partout
elle lui court après avec un balais mais il est vif
elle veut le mettre sous le tapis
le glisser dessous ne pas le voir
elle sait pourtant que ça ne sert à rien, comme de marcher sur des clous
car même quand il finit par s’y cacher elle trébuche sur son corps et se retrouve le nez dans la poussière à sentir son odeur de bien trop près
pendant un an il était loin et pourtant là
aujourd’hui ils sont dans la meme ville et rien ne change
deux fois elle l’a vu
et tous les jours elle pense le croiser
c’est une maladie de merde ou pas une maladi mais un putain de truc dégueulasse envahissant
un truc avec un visage et un prénom
elle à les sourcils froncés
ça pleure sur le parquet
elle a envie de lui eclater la gueule par terre
de l’effacer avec une gomme
un peu trop violent de l’eclater par terre
il n’y peux rien lui, il a rien demandé et il en sait rien d’ailleurs
il pense quoi bordel
il y pense pas c’est certain
mais pourquoi il continue de se prélasser au fond de ses yeux
elle n’a pas encore inventé la porte de sortie
elle à trop peur de son départ je crois
elle à trop peur du trou de son absence
cet espèce de silence qu’il va laisser derrière lui quand elle lui aura construit cette putain de porte de sortie
c’est super flippant de voir le vide de l’habitude
devoir tout ranger différement dans cette tête si habitué à cet « individu »
elle à begayé, elle à dit « chat » puis « rat » puis « homme » puis elle a finit par le designer comme « individu »
son coeur bat un peu plus vite
elle est triste
ça lui pince le coeur
un peu trop fort
ça pique
ça fait monter l’eau à ses yeux
elle ne sait plus quoi dire sur lui elle à épuisé les mots
elle s’est epuisée aussi
et puis elle ne sait même plus ce qu’elle attend
elle à meme pas envie de quelque chose avec lui
et pourtant, peut être oui
elle ne sait même pas qui il est
elle ne sai tplus en tout cas
ou peut être ne l’a jamais vraiment su
si il savait bordel
mais est ce qu’il sait? Est ce qu’il se doute de tout ça?
Ces questions elle me les pose à chaque fois, à chaque fois oui
depuis maintenant je dirais un an et demi et peut être un peu plus
c’est bizarre ça n’arrive pas vraiment à sortir
en tapant sur mon clavier j’ai envie de casser mon ordi en deux
j’ai une espèce de rage contre moi même
comme une merde coincé au bord de mon trou du cul
une envie de crier à peter les timpans des voisins d’en face
comme un truc coincé dans la gorge
envie de courir longtemps pour évacuer tout ça mais putain ouais j’ai grave la haine bordel de merde
ouais j’suis vulgaire et alors bordel merde quoi !
Ça fait chier
il me fait chier vas y mais dégage va voir ailleurs
lache moi je veux plus je veux plus je veux plus je veux plus
je veux que tu disparaisse
qu’on ne se soit enfait jamais connu j’aurais vraiment préféré ça
il y a tellement de chose auxquelles je préférerais penser plutot qu’a toi putain
tu fais chier
et tu n’en sais rien
j’ai envie de tout te geueler à la gueule mais ça servirait à rien
t’as pa senvie de construire un truc je le sais et pourtant je m’accroche à ce truc inexistant
pourquoi bordel
dégage je t’ai dit
je vais la construire cette putain de porte de sortie
j’ai envie de te rayer putain
j’ai envie que tu me craches à la gueule
que tu me dises en me regardant dans les yeux que tu t’en bats les couilles de moi
que tu n’es pas amoureux et que tu ne le seras jamais
que c’est pas grave mais que c’est comme ça et qu’il vaut mieux que je t’oublie
j’ai presque envie que tu me dises que tu es amoureux de quelqu’un d’autre
mais non quand même pas, je préfère pas savoir et juste ne plus jamais te croiser après ça