10 octobre 2016
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5 octobre 2016
Camarade général
« Arrivée à la voiture, j’ouvre la portière et commence à ma présenter:
« Camarade général, conformément à votre ordre… »
Je l’entends répondre:
« Repos! »
Je me tiens toujours au garde à vous. Mais le général ne me prête même pas attention, il scrute la route à travers la vitre de sa voiture. Nerveux, il consulte sans arrêt sa montre. Moi, je reste là, debout. Il s’adresse à son ordonnance:
« Mais où est donc ce chef des sapeurs? »
Je tente à nouveau de me présenter:
« Camarade général… »
Il tourne enfin la tête vers moi et lâche avec agacement:
« Nom de Dieu, fous-moi la paix! »
Je devine soudain le malentendu et réprime un fou rire. L’officier d’ordonnance est le premier à concevoir un soupçon:
« Camarade général, peut-être est-ce elle, justement, le chef de section? » »
Svetlana Alexievitch, La Guerre n’a pas un visage de femme